Les 2.000 travailleurs de l'Entreprise nationale de distribution des
médicaments, née de la restructuration de l'ENAPHARM, et qui compte 9 unités à
travers le pays, appréhendent leur devenir professionnel si la décision de
dissolution de leur entreprise prévue pour la fin de l'année venait à être
appliquée. Le collectif des travailleurs de l'unité d'Oran qui compte près de
230 agents vient d'adresser une lettre ouverte au président de la République le
sollicitant d'user de tout son poids pour surseoir à cette mesure. Mettant en
avant la nouvelle orientation économique basée sur le patriotisme économique,
s'articulant essentiellement sur le renforcement du secteur public, les
signataires de la lettre argumentent leur position par le fait que la situation
financière est bonne, en ce sens que les chiffres d'affaires assignés sont
atteints et parfois dépassés. Sinon, comment explique-t-on l'attribution
annuelle de la prime d'encouragement, disent-ils. Pour le personnel, cela veut
dire que la gestion est positive et non déficitaire, comme le prétendent
certains. Cette relance a été rendue possible à l'issue de la signature de
plusieurs contrats avec une cinquantaine de fournisseurs. Malgré le handicap
engendré par la cession de plusieurs agences et non des moindres, le chiffre
d'affaires réalisé au titre de l'exercice 2009 a été estimé à 907 millions de
DA pour la seule unité d'Oran. A cela s'ajoute l'augmentation sans cesse des
scores imposés à chaque agent, autrement dit des obligations de résultats qui
sont passés de 20 à 45 % en l'espace de quelques années. Cette tentative de
déstabilisation a échoué étant donné que les défis ont été tenus et que les
primes de rendement (individuel et collectif) n'ont jamais été déduites du
salaire contrairement à certaines autres entreprises déficitaires en
difficultés financières. Pour ce personnel, la situation aurait été meilleure
si des blocages aussi bien au plan du recrutement (à l'exception du
remplacement des postes vacants) et, de l'autre, des motivations salariales
n'ont pas eu lieu, abstraction faite de quelques primes annuelles. Il n'en
demeure pas moins que ce qui affaiblit considérablement l'entreprise est la
première opération de privatisation. En premier lieu, les auteurs de la missive
rappellent qu'en dépit d'une clause contenue dans le cahier des charges
exigeant du nouveau propriétaire de préserver l'emploi, certains l'ont fait à
travers des contrats à durée déterminée engendrant la mise en chômage de
plusieurs agents. Le point noir dans cette opération, suspendue du reste depuis
quelques années, est le bradage d'équipements ou de stocks de médicaments à la
faveur des repreneurs d'agences. Ces derniers, rappelons-le, ont eu recours à
des jeunes pharmaciens en chômage pour « la location de leurs diplômes », en
ciblant notamment des agences à grande activité commerciale au détriment de
celles situées dans les zones déshéritées et qui ne fonctionnent que grâce au
personnel de l'ENDIMED. En conclusion, pour certains travailleurs et
contrairement à ce qui est avancé dans les milieux hostiles, l'entreprise
publique a encore sa place dans le marché du médicament et peut conquérir
encore de nouvelles parts si les conditions de son développement sont mises en
oeuvre.