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Un gros titre révélateur sur la première page d’un journal national avait attiré mon attention le week-end dernier. Il annonçait qu’une chaîne quotidienne de voitures immatriculées en Algérie se formait sur plus de deux longs kilomètres aux portes de la Tunisie pour aller passer quelques jours de vacances en famille. Cette ruée est un véritable rush ressemblant à une fugue de quelques jours pour échapper à notre amer quotidien vacancier. Ça ressemble à une autre Harga d’une autre forme, une Harga touristique en quelque sorte. Chaque été, c’est le même scénario et la même reproduction auxquels on assiste du côté de nos frontières sans que cela puisse susciter de moindres réactions des autorités concernées, ne serait-ce qu’une éphémère inquiétude par rapport à ces flots humains incessants qui se déversent chez nos frères de l’est. Le sursaut d’orgueil ne semble pas effleurer les esprits. À SENS UNIQUE Certes, on ne peut retenir contre leur propre gré des compatriotes qui recherchent d’aller voir ailleurs ce qu’ils ne trouvent chez eux vu l’état lamentable dans lequel se présentent nos structures d’accueil mais au moins faire en sorte d’amortir un tant soit peu ce fait que l’on peut qualifier de dommage qui nuit fortement à l’image de marque du pays tout entier. Qu’est ce qu’il y a de plus que chez nous en Tunisie ? Des hôtels propres à coûts bas dans un pays propre, des attractions touristiques qui ne sortent pas de l’ordinaire mais mises intelligemment en valeur. Et des tunisiens tous sourires loin de nos mauvaises sautes d’humeur. Vous laissez ouverte votre voiture stationnée dans une ruelle, sans gardien, toute la nuit dehors sans qu’elle soit dévalisée dans la minute qui suit. Il est flagrant que l’on ne possède pas encore la culture pour recevoir convenablement les visiteurs. Vous n’êtes pas le plus souvent accostés par des hordes qui vous font payer une place dans un parking sauvage ou au sein d’une plage squattée. C’est là toute la différence entre ce pays et le nôtre. Ce n’est pas sorcier ce qu’ils font mais ça fait remplir les caisses de leur trésor public à coups de milliards de dollars. Je n’ai jamais visité ce pays mais c’est ce qui ressort de la bouche des revenants. Nous vivons dans un pays merveilleux mais dont la gestion est tout sauf moderne. Par notre « Taghnanet » et notre « Tghandif » légendaires, notre indifférence panachée à notre insouciance, nous l’avons défiguré au sens vrai du terme. Si le mouvement se faisait dans les deux sens, on aurait parlé d’échanges mais il est malheureusement et constamment à sens unique. On serait tenté d’évoquer des circonstances atténuantes si le pays ne possédait pas les moyens nécessaires et la capacité budgétaire pour endiguer ce phénomène. Ce n’est apparemment pas une question d’argent mais un laisser aller flagrant des gestionnaires directs et collatéraux de tous les secteurs. C’est aussi une question d’amour du pays que l’on n’exprime guère sauf durant les succès en foot. La volonté humaine fait sensiblement défaut. Mais là ! Un petit pays qui absorbe presque complètement un grand pays voisin ne se voit nulle part ailleurs. Un grand bravo pour ce pays qui mise énormément sur les capacités d’attirance de nos concitoyens. Tous ses acteurs travaillent pour l’amélioration des antécédents succès. L’Algérie est une bouffée d’oxygène pour ce pays qui ne ménage aucun effort pour nous accueillir dans de très bonnes conditions et en se sentant, touristiquement parlant, mieux que chez nous. A-t-on noté une seule fois, depuis que l’Algérie ait son drapeau, la présence en nombre équivalent de touristes tunisiens ou marocains en Algérie si ce ne sont pas des travailleurs clandestins, des trafiquants de tous genres ou en transit forcé ? Contrairement aux Algériens qui continuent de sillonner en long et en large ces deux pays voisins sans autant le faire pour leur propre pays. Il serait intéressant pour les responsables de faire une petite halte et de dresser un bilan dont la balance est excessivement déficitaire. Existe-t-il des jaloux pour leur pays dans cet immense pays ? LES ÉQUIPES DE FOOT SONT DE LA PARTIE Le même état est mentionné à chaque intersaison des équipes sportives. Dès les trêves hivernale ou estivale, nos clubs de foot enjambent le pas en s’évadant aux extrêmes, à l’est ou à l’ouest, pour préparer la reprise ou la saison footballistique du championnat qui s’annonce. Le paradoxe, c’est qu’on n’a jamais vu depuis l’indépendance une équipe marocaine ou tunisienne venir accomplir de tels séjours chez nous sauf dans le cadre des compétitions officielles. La station tunisienne de Ain Draham où nos équipes se relaient à longueur d’années, est devenue l’attraction favorite, faisant l’impasse sur Seraidi, Ain Turk ou Tikdjda. Sans les algériens, ce centre sportif de la verte Tunisie aurait à coup sûr baissé ses rideaux depuis longtemps. Heureusement pour eux que les différentes équipes du pays, même celles de division 2, sont là pour renflouer les caisses en leur évitant la crise financière. De même pour la ville d’Ifrane la marocaine qui demeure parmi les premières au hit-parade des clubs algériens. UN SPOT LOIN DE LA RÉALITÉ Là où le ridicule tue, c’est ce spot publicitaire lancé par la TV nationale qui incite la communauté algérienne établie à l’étranger à venir passer leurs congés en Algérie ! Et de l’autre côté, on lit sur les journaux que les autochtones décampent justement du pays à cause justement de ces situations désastreuses à des années lumières des normes exigées. Cette bande annonce promotionnelle me rappelle l’appel folklorique aux compétences algériennes extérieures face à des compétences internes totalement abandonnées à leur sort et la surdité des pouvoirs publics face à leurs revendications socio-professionnelles insatisfaites depuis la nuit des temps. Il requérait au moins de séduire le nombre sans cesse croissant des résidants d’Algérie qui s’échappe à Hammamet, Nabeul ou Sousse. Mis à part quelques très rares établissements qui proposent des pratiques s’approchant légèrement des règles mais hors de prix pour les bourses moyennes comparativement à ceux de nos voisins tunisiens. En plus, on présente à la télévision une image presque virtuelle de nos plages et de nos hôtels. La réalité est tout autre. Avant de procéder à une telle publicité cocasse, on devrait songer à enlever les immondices qui s’entassent inlassablement dans nos villes et au sein de nos plages pour se consacrer ensuite à ce type de folies. Le « bouche-à-oreille » ferait naturellement son effet au sein de notre communauté extérieure. L’image se vendrait d’elle-même et n’aurait besoin d’aucune réclame. L’Algérie dispose en son émigration un véritable potentiel touristique mais hélas très mal exploité contrairement à ceux de nos voisins. Le calvaire à l’aller comme au retour. A-t-on vu chez nous une publicité vantant les charmes de la belle Tunisie ? Pourtant nos compatriotes ont en fait leur première destination préférentielle et sont ainsi la première source des revenus du tourisme tunisien avec 1 million 200000 touristes chaque année à faire le grand saut. Ces derniers font le forcing pour les attirer même durant le mois sacré afin de combler l’éventuel manque à gagner. Pendant ce temps, nos structures, en plus de la mauvaise qualité criarde, affichent des prix exorbitants à faire chasser les plus décidés. Une nuit dans un piteux hôtel vous allègera brutalement de votre budget familial. BAVARO, LE RÊVE À BAS PRIX Occupé à méditer sur la calamité de la chose, je suis réanimé, deux jours après, par ce mail édifiant à plus d’un titre reçu d’un ami, vivant dans un pays européen qui au lieu de venir en famille au bled comme chaque année, a préféré cette fois-ci tenter l’aventure dans une île de rêve de l’Amérique centrale en l’occurrence la République Dominicaine. Alors je vous laisse le soin de dévoiler avec sa permission ce message qui m’a laissé pantois en déchiffrant ses propos : « c’est à Punta cana, exactement à Bavaro qu’on a pris ces photos. C’est vrai que c’est un pays paradisiaque et il y a réellement un tourisme familial; le paradoxe est que ça nous a coûté moins cher que le voyage en Algérie……Je me suis rendu compte, sur place, que de notre vivant l’Algérie ne sera jamais un pays touristique, notre pays a au moins un siècle de retard, je ne parle pas d’infrastructure mais aussi de l’élément humain. Je te souhaite vivement un voyage dans ce pays. à bientôt….. ». Un message sceptique qui en dit long sur notre décalage. Déjà en me souhaitant un voyage dans ce pays relèvera sincèrement de l’imaginaire. Probablement, c’est possible grâce aux nouvelles technologies mais concrètement tout parait incroyable à partir du pays en raison du niveau de vie déplorable d’un enseignant chercheur qui ne peut se permettre de passer un agréable repos même en sa demeure. TOUJOURS, TOUJOURS LA SALETÉ Vu le monopole exercé, le prix d’un aller retour Paris-Alger par les airs pour toute la famille vaut la tête des yeux. Les avions charters et les prix soldés de séjours sont bannis de notre vocabulaire. Et pourtant mon ami ne passait ses vacances au pays ni dans un hôtel zéro étoile ni dans une luxueuse enseigne ni encore moins aller prendre ses repas dans des restaurants huppés. Il les passe le plus normalement du monde chez les siens en se baignant dans nos plages qui ne vous donnent plus l’envie d’y revenir en raison de la saleté exubérante de notre décor qui vous fait déguerpir si ce n’est l’appel du cœur du bled. Dans les stations balnéaires, nous sommes à tout instant agressés par ces bandes qui se sont accaparées les espaces publics au vu et au su des autorités complètement dépassées. La plage est payante de force malgré la loi en vigueur. Des hommes armés de gourdins, munis de sifflets et habillés en tenues quasi-officielles font office de propriétaires des lieux, balisés de leurs propres plaques dans un milieu environnemental des plus répugnants. Pendant ce temps, la Tunisie se gargarise de cette aubaine tombée du ciel en attirant de plus en plus d’adeptes qui ne s’en lassent pas d’y retourner à chaque occasion, voire durant les vacances d’hiver ou de printemps. Notre voisin en profite ainsi allègrement de la gestion touristique catastrophique du pays comme d’autres pays en exploitent nos tares et nos errements dans tous les autres domaines. |
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