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touches successives depuis 2008, l'Etat est en train de donner une réalité au
concept de «patriotisme économique», auquel ses gouvernants se sont convertis
après une période d'ouverture ultralibérale au bilan calamiteux. Certaines des
mesures prises par les pouvoirs publics dans le cadre de ce changement de cap,
notamment les plus décriées d'entre elles, produisent des effets positifs
incontestables. Ainsi celles qui encadrent les opérations du commerce extérieur
dans le but d'assainir cette activité et contenir le flux des importations.
C'est du moins ce que donne à comprendre l'information fournie par le Centre national de l'informatique et des statistique des douanes (CNIS), qui fait état d'une baisse sensible de la facture des importations au premier semestre 2010, rapportée à celle de la même période de l'année 2009. Est-ce pour autant que tout ce que l'Etat met en place pour concrétiser le concept de «patriotisme économique» va avoir les mêmes incidences positives sur la situation économique du pays ? Ce n'est évidemment pas l'avis des experts et opérateurs économiques acquis aux dogme et lois du libéralisme qui dénoncent, dans le concept de «patriotisme économique», un retour en arrière qui va avoir des conséquences destructrices pour l'avenir économique de l'Algérie. Il y a loin d'une unanimité sur le mode de développement que le pays devrait mettre en œuvre pour préparer l'après-hydrocarbures. Le débat oppose deux écoles de pensée. Celle dont les tenants prônent le moins d'intervention possible de l'Etat dans les sphères de l'économie et des affaires, contre celle qui, au contraire, plaide que dans le cas de l'Algérie, l'Etat doit nécessairement et impérativement avoir un rôle moteur, notamment en vouant une partie de ses ressources financières aux investissements économiques. Les pouvoirs publics ont balancé entre les deux options, au point que leur politique économique est devenue totalement illisible et leurs décisions en la matière imprévisibles. Le retour au concept de «patriotisme économique» signe la prépondérance de la tendance favorable à l'interventionnisme de l'Etat. Ce n'est pas pour autant que cette voie va assurer à coup sûr le démarrage d'une dynamique qui va porter le pays vers son développement durable. Les adeptes du concept de «patriotisme économique» ont raison sur un point au moins: celui que la crise économique et financière mondiale a démontré que le libéralisme sans frein et le marché ne sont pas la panacée des problèmes auxquels sont confrontées les économies nationales. Ils se trompent toutefois quand ils veulent faire croire que la seule action de l'Etat en constitue une. Ils commettent ainsi l'erreur de ne pas tenir compte que le «tout-Etat» qu'ils défendent a lui aussi montré ses limites, comme l'a prouvé l'effondrement de toutes les économies ayant été basées sur cette idée. Un débat national est plus que nécessaire autour de la stratégie de développement que le pays doit mettre en œuvre dans la perspective d'un passage réussi à l'ère de l'après-pétrole. Mais un débat excluant les a priori dogmatiques. C'est la voie que nous ont montrée les principales puissances économiques mondiales à l'occasion de la crise qui a mis en péril leurs économies nationales. L'Amérique par exemple, chantre de premier ordre des vertus du libéralisme économique, n'a pas hésité par nécessité à recourir à l'intervention étatique pour sauver ses banques et ses entreprises industrielles. Pourquoi pas le même pragmatisme en Algérie ? |
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