|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'affaire des transactions suspectes passées par Sonatrach Aval,
relatives à l'approvisionnement en articles bureautiques et papeteries de fin
d'année et à l'ameublement du siège de la société à Oran, était hier devant le
tribunal correctionnel d'Oran. Le tribunal de Cité Djamel, situé à une
encablure de l'imposant bâtiment vitré de Sonatrach activité Aval, devait
examiner un dossier qui avait fait couler beaucoup d'encre. Pourtant, le débat
contradictoire, et encore davantage le dossier d'accusation épais mais quasi
creux, ont vite mis à nu la réputation surfaite de cette affaire. Le sentiment
que celle-ci avait été, un temps, estimée au-dessus de sa valeur était presque
général dans la salle. Mais rien que le statut des mis en cause et la nature
des charges procuraient un grand intérêt à ce procès. Au banc des accusés, six
cadres de Sonatrach Aval.
L'ex-directeur de l'administration générale (DAG) de Sonatrach Aval et cinq autres responsables qui faisaient office à la période des faits de membres des commissions d'ouverture des plis et de l'évaluation des offres commerciale relatives aux marchés en question. Ils étaient sous le coup des articles 26 et 33 de la loi 02-06 sur la prévention et la lutte contre la corruption. Traduction : passation de marché en violation de la législation et la réglementation en vigueur, octroi de privilèges injustifiés à autrui et abus de fonction. Le coup de théâtre, car il y en avait un hier à l'audience, est venu du Groupe Sonatrach, la présumée victime dans cette affaire, signé par son avocat. Invité par la présidente d'audience à ouvrir le bal des plaidoiries et à s'exprimer au nom de la compagnie nationale des hydrocarbures dont il défend les intérêts, l'avocat conseil d'entreprise a étonné plus d'un lorsqu'il a déclaré que « Sonatrach ne déplore pas le moindre préjudice dans cette affaire et c'est la raison pour laquelle elle ne se constituera pas partie civile». A vrai dire, dès sa prise de parole, il avait essayé tant bien que mal de préparer la juge, et la salle aussi, à cette annonce-conclusion, en soulignant d'emblée que «ce n'est pas Sonatrach qui avait déposé plainte dans cette affaire; elle en a pris connaissance qu'une fois dans le bureau du juge d'instruction qui lui avait adressé une convocation de se présenter». Manière à peine détournée de dire que Sonatrach s'est trouvée mêlée en tant que partie dans ce dossier malgré elle. De quoi apporter de l'eau au moulin des avocats de la défense et leur donner de la sève. En effet, la défense a bien utilisé ce point pour jeter le discrédit sur l'instruction et pour vider ce dossier de sa substance pénale. Au cœur de cette affaire, un marché d'approvisionnement en articles bureautiques et papetiers (agendas, blocs éphémérides, stylos?) pour la fin d'année 2009. Après un avis d'appel d'offres, quinze soumissionnaires se sont manifestés au départ. La commission d'ouverture des plis, qui a siégé à Sonatrach Aval Oran, en a retenu onze, les quatre autres ayant été écartés pour des motifs juridiques et techniques. A l'issue de l'évaluation commerciale des offres, la liste a été réduite à huit. Mais après un second filtrage qui traite celui-ci du volet technique des offres, deux autres soumissionnaires seront disqualifiés car ne remplissant pas certaines conditions. La décision de la commission d'évaluation des offres techniques, présidée par le directeur des moyens généraux d'Aval, a dûment consigné cet acte dans un PV final. Cependant, le 13 décembre 2009, lors d'une réunion de la commission d'évaluation des offres commerciales, les deux «déchus» ont été réinjectés dans la liste des soumissionnaires retenus, au nombre de huit sur décision du directeur de cette commission, le DAG en l'occurrence, arguant que ceux-ci avaient formulé recours et qu'il a été jugé recevable. Par qui ? La question demeure entière. Et c'est d'ailleurs l'un des deux exclus qui raflera la mise en s'adjugeant 2 lots des 4 lots du marché, de 12 et de 8,4 millions de dinars respectivement, et ce au motif qu'il était le moins-disant, sachant que le coût global de la fourniture est de 1,2 milliard de centimes. Cependant, rien ou si peu a été dit lors du procès concernant l'autre dossier de la transaction d'ameublement du siège d'Aval Sonatrach conclue avec un opérateur français «Baltis» pour un coût de près de 67 millions de DA. Au delà de ces points techniques d'ordre procédural, le procès a vu un chaud débat sur la dualité «Code des marché public / Circulaire ministérielle R15», ainsi que sur le vrai statut de Sonatrach. Le représentant du ministère public a requis la peine maximale contre les six accusés, à savoir 10 années de prison ferme. La défense a plaidé dans son ensemble la relaxe pure et simple au bénéfice de la loi. Le verdict a été mis en délibéré pour la semaine prochaine. |
|