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La note salée des «services»

par Driss Oulis

Au chapitre des dépenses en devises, une colonne est devenue particulièrement lourde, celle des services. Certes, les recettes des hydrocarbures sont consistantes, mais elles s'effilochent dès que se présentent d'incontournables factures. Il se trouve que certaines pourraient être évitées.

Pour préparer les textes du premier projet de loi sur les hydrocarbures de l'ère Chakib Khellil, ce dernier a recouru à un bureau d'études étranger ! Incroyable, mais vrai, assurent des sources bien informées. Evidemment, il a fallu régler cette officine, en devises. De nombreux bureaux d'études étrangers sollicités en Algérie se sont fait payer de la même manière. On s'est aperçu que la matière grise algérienne était négligée et que l'on optait, trop facilement, pour le recours à l'assistance étrangère. Et quelle assistance étrangère ? On a découvert que souvent ces bureaux d'études renommés sous-traitaient leurs commandes auprès des Algériens et après «adaptation», mettaient leurs signatures. Quelle que soit la nature de la main d'œuvre, l'addition in fine est salée.

 Pourtant, la matière grise locale existe. On l'a rencontrée. En fait, elle a déjà fait ses preuves. On connaît le Berep, ce bureau «Bureau d'Étude, de Réalisation & d'Engineering de Projets» qui assure des missions de maîtrise d'œuvre, de pilotage et de maîtrise d'ouvrage déléguée, ainsi que des prestations d'engineering et de supervision et la réalisation dans l'ensemble des domaines de la construction, du bâtiment, travaux publics et toute infrastructure de surface. Il capitalise une expérience considérable. On connaît également le CNAT, Centre national d'assistance technique qui eut notamment à co-ficeler le principal partenariat économique réussi avec Henkel. Mais, effectivement ces repères demeurent insuffisants au regard des besoins actuels. A présent que la préférence nationale reprend du poil de la bête, les bureaux d'études locaux notamment d'architecture et d'engineering devraient prospérer.

 Selon des statistiques de la Banque d'Algérie, les importations de différents services concerne «les opérations de réassurance des infrastructures des entreprises et des sociétés, les différentes études dont les études de faisabilité, l'étude de marché, l'audit menées pour les entreprises, les structures, les banques, les entreprises publiques, et les opérations d'assistance technique ». Ces importations sont estimées à 11.63 milliards de dollars pour l'année 2009, soit plus de 4.96% de plus que l'année précédente, qui a enregistré l'importation de 11.08 milliards de dollars de services.

 

Chapitre à tiroirs

Dans ce chapitre à tiroirs, il faut compter les transferts des deux opérateurs de téléphonie «OTA» et «Nedjma», et ceux des compagnies pétrolières et gazières étrangères, lesquelles globalement pourraient bien représenter la moitié de ces 11, 63 milliards de dollars. Parmi les transferts incontournables, il faudrait également compter ceux des banques étrangères ainsi que les factures des grandes enseignes hôtelières activant en Algérie. La facture des franchises va certainement augmenter dés l'année prochaine. Avec l'arrivée attendue de grandes marques au sein des nombreux magasins du nouveau centre commercial de Bab Ezzouar dont l'ouverture est fixée au 4 août prochain, il va falloir se préparer à décaisser.

 Il y aurait des économies à faire dans le domaine des assurances, au niveau des primes exportées, estiment quelques assureurs. Selon ces sources, la majorité des assureurs algériens n'exportent qu'une partie de leurs primes vers leurs réassureurs à l'étranger, soit entre 25 et 40%. Mais à «Trust Algeria Assurances et Réassurances», la tendance est à l'exportation de 75% des primes, et plus, a-t-on appris de sources informées.

 C'est le chemin que voudrait emprunter Cardif le partenaire étranger de la Caisse Nationale d'Epargne et de Prévoyance (CNEP - banque). Fraîchement conclu ce partenariat s'est soldé par la mise sur le marché de deux produits : l'assurance des emprunteurs «ADE CARDIF» depuis janvier 2009, et «CNEP Totale Prévoyance» élaboré avec son partenaire CARDIF El Djazaïr. Filiale du groupe BNP Paribas, Cardif El Djzaïr voudrait exporter la totalité des primes recueillies, suscitant quelques grincements au sein de la partie algérienne. S'il y a des économies à faire, cela est notamment possible sur le contrôle des contrats de partage de production d'hydrocarbures, indiquent des sources au sein de la Sonatrach. La bataille de l'argent des «services» ne fait que commencer.