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Location de charrettes pour marchands ambulants: Un créneau «porteur»

par Rachid Boutlélis

Toute une peuplade de marchands ambulants caractérise l'essentiel de l'ambiance qui règne à longueur d'année dans les alentours immédiats du marché de vente en gros de fruits et légumes, les Halles Centrales. Qu'il vente, qu'il pleuve ou sous un soleil de plomb, une cohue de jeunes et moins jeunes revendeurs fait le pied de grue dès les premières heures de la matinée devant les établissements, versés dans la location de petites charrettes, qui ont fleuri tout autour dudit marché. Ces chariots, qui font désormais partie du paysage de la cité, sont cédés à la location entre 400 et 700 dinars pour la journée. Une aubaine pour les jeunes chômeurs, qui trouvent leur compte en sillonnant les rues et les cités, en poussant leurs chariots pour proposer à la criée leur marchandise, composée en général de fruits et légumes. «J'en tire un certain bénéfice, qui m'aide grandement à subvenir aux besoins de ma famille. Ce n'est pas évident car c'est dur comme travail, mais je n'ai pas le choix, c'est de loin mieux que d'aller grossir le rang des chômeurs », a expliqué en substance un jeune marchand ambulant, qui venait de débourser 600 dinars pour la location d'une charrette.

«J'ai fait mes débuts de marchand ambulant avec une charrette attelée à une bête de somme que j'ai achetée après avoir sacrifié toutes mes économies. Je décidais de la revendre lorsque je suis parvenu un matin à échapper in extremis à la police, qui procédait à une opération de saisie des charrettes. Un voisin me loue sa carte d'autorisation pour exercer cette activité et me permet également de louer un chariot. Du moment que je gagne ma vie, je n'ai pas à me plaindre », a confié un autre jeune revendeur. Toujours est-il que c'est en fin d'après-midi que ces marchands ambulants restituent les chariots loués après avoir écoulé leur marchandise. Chaque chariot dispose d'un lieu de prédilection, que ce soit dans l'une des cités ceinturant la ville ou dans les différents faubourgs de la ville.

Les marchands ambulants préfèrent observer une halte loin des marchés d'où ils sont interdits en général par les commerçants. «Ils n'hésitent parfois pas à user de violence pour nous chasser en argumentant une concurrence déloyale. Nous n'obligeons pourtant pas le client à venir s'approvisionner à notre étalage», a encore révélé le propriétaire d'un chariot avant de renchérir : «J'ai un certain avantage par rapport aux autres marchands ambulants. La raison est bien simple parce que je travaille avec ma propre autorisation ». D'autres encore, disposant de cette précieuse autorisation d'exercer, se sont spécialisés dans la revente de poissons. Ceux-là s'approvisionnent pour leur part au niveau du port pêcherie.

A noter, dans le même cadre, que les véhicules hippomobiles des revendeurs ambulants de fruits et légumes et divers autres produits ont refait leur apparition dans les rues et les artères de la ville. En vérité, ils n'ont jamais réellement disparu, mais ils prenaient soin d'éviter les grandes artères de la ville de crainte de se faire saisir. Leur réapparition, même sur certaines grandes artères de la ville, contribue malheureusement à la dégradation du paysage de la ville d'Oran dont le blason est déjà terni par le manque d'hygiène, conjugué à l'incivisme. En dépit d'un arrêté, stipulant leur interdiction de circuler, qui a été promulgué récemment par la wilaya, les charrettes attelées à des bêtes de somme ont recommencé à sillonner les rues d'Oran après une relative disparition. Ils sont notamment utilisés pour le transport des fruits et légumes, qui sont proposés à la vente à la criée dans les cités et les quartiers. Leurs déplacements d'un endroit à l'autre de la ville sont à l'origine de nombreux désagréments causés à la circulation automobile et piétonnière, ainsi qu'à l'environnement.

Les propriétaires de ces charrettes sont généralement des membres de familles issues de l'exode rural, ayant fui la pauvreté et l'absence de débouchés prévalant dans leurs contrées d'origine. Ces familles ont, dans leur grande majorité, élu domicile dans les constructions illicites ceinturant la ville. Dès les premières lueurs de l'aube, ces véhicules hippomobiles convergent, à partir des bidonvilles, vers le marché de vente en gros de fruits et légumes, les Halles Centrales, leur lieu d'approvisionnement, avant de se dispatcher dans différentes parties de la cité.

Par ailleurs, dans un bilan semestriel, pas moins de 65 charrettes hippomobiles et 615 tractées manuellement ont été saisies par les services de police, soit un total de 680 charrettes saisies. Cette opération menée par les éléments de la voie publique depuis plusieurs mois se poursuit toujours à travers les quartiers commerçants de la ville. Des actions initiées conformément aux instructions de la wilaya et qui portent sur l'interdiction à la circulation des véhicules hippomobiles à l'intérieur du tissu urbain. Ainsi et depuis l'instauration de ce dispositif, le plan d'action mis en place par ces services a donné lieu à la saisie de 146 tables métalliques. Cette disposition initiée dans le cadre de la lutte contre le marché informel vise à mettre un terme à l'anarchie et aux dépassements causés en matière de pollution et d'entrave à la circulation.

Pour rappel, l'arrêté de la wilaya est entré en vigueur en 2007 et s'est traduit par le renforcement des dispositions pour mener à terme cette action. En plus des moyens humains, d'importants moyens matériels, notamment des camions ont été mobilisés par l'APC et la daïra. Des entrepôts ont été aussi aménagés pour parquer les hippomobiles saisis. Notons que ces opérations sont lancées dans les quartiers de Maraval, Boulanger, El Hamri, Médioni, Gambetta, entre autres.