A une quinzaine
de jours de l'arrivée du Ramadan qui pointe, cette année, en plein mois des
chaleurs, les préparatifs ont débuté chez la gente féminine qui sait à quoi
s'en tenir pour préparer l'échéance.
Ainsi, chez la plupart des familles
constantinoises on commence d'abord par une grande opération de nettoyage à
l'intérieur des appartements afin d'être prêts à accueillir, comme il se doit,
ce mois sacré qui se distingue des autres mois par plus de piété, donc plus de
propreté, et de consommation. Certaines familles font des emplettes et achètent
des ustensiles de cuisine neufs, comme le veut la tradition disent-elles. «En
effet, dit une mère de famille rencontrée dans un magasin, chez nous, et comme
chez beaucoup d'autres, tous les ans à pareille époque, on achète quelques
ustensiles neufs, pour la «Baraka». Et comme il est de coutume à pareille
époque, dans la crainte que les prix des denrées de première nécessité, surtout
celles qui rentrent traditionnellement dans la préparation du repas du f'tour,
vont prendre de la hauteur, au fur et à mesure que la date du 11août, annoncée
comme le début officiel du mois de jeûne, approche, certains commencent déjà le
stockage. Aussi, ces derniers jours, il a été remarqué une effervescence
inhabituelle dans les marchés populaires de la ville, envahis par les
ménagères. Ces dernières en ressortent souvent les paniers pleins à ras bord
d'aliments non périssables, comme l'indispensable «frik», l'ail, les oignons,
le riz, etc. qu'elles comptent stocker pour échapper à l'inévitable hausse des
prix qui intervient durant la première semaine du carême et disent-elles, pour
éviter aussi les incroyables bousculades des deux ou trois premiers jours. «Ces
produits dit-on, seront donc conservés à la maison, pour nous éviter ce genre
de tracasseries. A remarquer que plusieurs autres familles ont fait emplette de
sacs de semoule, «par crainte de rupture du pain durant cette période, car les
informations sont alarmantes et plusieurs boulangeries sont fermées pour
congé?». En ce qui concerne les commerçants, les préparatifs sont aussi
intenses et la plupart d'entre eux stockent également de grandes quantités de
marchandises qu'ils prévoient d'écouler durant ce mois de frénésie alimentaire,
en réalisant des recettes appréciables. Ce sont donc des camions de sacs de
semoule, de sucre, très demandé durant cette période, qui font des livraisons à
longueur de journée. Bien sûr, il y a aussi les traditionnels spécialistes du
Ramadhan qui ont radicalement changé leur commerce pour se lancer dans la
confection de sucreries et particulièrement la fameuse «zalabia», qui trône
tous les jours dans les salles à manger. Là, c'est un grand stock de semoule et
de sacs de sucre cristallisé et des dizaines de bidons d'huile, qui sont déjà
dans le local. Ceux qui ne l'ont fait pas auparavant, fabriquent des brasiers
et accumulent les bouteilles de gaz butane, «pour ne pas tomber en panne».
Bref, c'est déjà l'effervescence pour passer au mieux ce mois sacré.