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En comptant sur la seule rigueur budgétaire, les Etats de l'Union
inquiètent leurs propres experts financiers et économiques. Le FMI tire déjà la
sonnette d'alarme en annonçant une deuxième onde de choc de la crise ouverte en
2008-09.
Les responsables politiques de l'Union européenne craignent une rentrée sociale et politique mouvementée. C'est que la crise financière et économique n'a pas «tout dit». Les experts financiers au plus haut niveau des responsabilités ne cessent de tirer les sonnettes d'alarme, ces derniers jours, et d'attirer l'attention des responsables politiques sur les risques réels d'une deuxième onde de choc de la crise financière sur l'économie, plus dévastatrice que celle de 2009-10. A commencer par le Fonds monétaire international (FMI) qui vient d'avertir dans son rapport semestriel sur la zone euro, diffusé mercredi dernier, qu'un «net ralentissement de la croissance aura lieu au second semestre de l'année 2010». Il explique cette crainte par les décisions des pays européens, particulièrement ceux qualifiés de leaders tels l'Allemagne et la France, de réduire drastiquement les dépenses publiques pour résoudre leurs dettes et déficits. Le rapport ajoute que «si les risques baissiers venaient à se matérialiser, les conséquences pourraient être difficiles, menaçant ainsi la reprise mondiale, durcissant de manière importante les conditions financières et entraînant une dépréciation substantielle de l'euro». Cet avertissement du FMI est annoncé le jour même (21 juillet) où l'Allemagne et la France lancent un appel aux autres pays de l'Union à réduire massivement leurs dépenses publiques. Soit, l'exact contraire de l'appel du FMI. En effet, à l'issue d'une réunion conjointe à Paris, les ministres des Finances français et allemand, Mme Christine Lagarde et Wolfgang Schäuble, ont prévenu que les Etats qui ne réduisent pas sérieusement leurs dettes et leurs déficits publics seront «forcés» à faire un dépôt portant intérêts devant la Commission européenne. Sachant l'impossibilité d'une telle obligation (la France et l'Allemagne ne sont pas seules à décider au sein de l'UE), les deux ministres se sont dits prêts à aller jusqu'à proposer des amendements dans ce sens au Traité de Lisbonne. Traité qui fixe, entre autres, les limites du Pacte de stabilité et de convergence économique. Rappelons que ces deux Etats se sont prononcés déjà au mois de juin pour retirer le droit de vote au sein du Conseil européen et de la Commission aux membres accusant des déficits au-delà des 3% du PIB et un endettement de plus de 60% dès l'année 2012. Défi quasiment impossible selon les experts eu égard à la situation des comptes publics de l'ensemble des pays de l'Union. C'est dans ce sens que la Commission européenne a entériné le mois dernier l'idée de la soumission à examen des budgets nationaux des Etats membres avant leur adoption par les parlements nationaux. C'est dans ce climat de tension financière et de récession du marché mondial qu'une série d'acteurs économiques manifestent leurs appréhensions pour la rentrée sociale de septembre et appellent leurs gouvernants à plus de soutiens financiers. C'est le cas des agriculteurs qui ont crié leur désarroi à Bruxelles en début juillet par des rassemblements devant les institutions européennes ; des fonctionnaires et travailleurs des secteurs publics (santé, éducation, etc.). Par ailleurs, les indicateurs de croissance publiés ces dernières semaines indiquent une tendance à la baisse autant que ceux de la consommation des ménages. En définitive, l'Europe est engagée dans un scénario sans cohérence qui ne peut augurer d'un «happy end», mais plutôt d'un suspense angoissant qui laisse ses propres experts à leurs interrogations. D'un côté les dirigeants politiques déclarent que les plus gros risques de la crise de 2008 sont dépassés et font croire à une reprise de la croissance, de l'autre ils multiplient les appels à la prudence, annoncent des réductions drastiques de leurs budgets généraux, tout en comptant sur une reprise de la consommation. C'est-à-dire qu'ils comptent sur une reprise de la consommation avec moins d'argent et de crédit pour les ménages comme pour les entreprises, notamment les PME. Logique déroutante pour le commun des économistes. De plus, cette logique de la prévention à outrance qui plus est, dirigée sur le compte des travailleurs et bas salaires, poussent les Etats membres à des replis sur soi et à un protectionnisme économique au sein même de l'Union (ex: le cas des agriculteurs, de l'industrie manufacturière?). C'est-à-dire une concurrence déloyale et une attitude pénalisante pour la liberté du marché si chère au modèle européen. Les nombreuses rencontres ministérielles et autres réunions professionnelles prévues dès le mois de septembre au niveau de la Commission, Parlement et Conseil européens ne seront pas de tout repos, tant il est vrai que les syndicats ont prévu les leurs. |
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