Quelques
zélés mus par les ailes du n'importequoitisme ambiant s'envoleront, criant sur
tous les toits: «encore un mécréant !», alors que mes crayons ont toujours été
taillés par les mots de la tolérance. Moi (pardonnez le Moi), qui ne suis
branché que sur l'unique écran national, je n'avais de choix que de suivre la
finale de la Coupe du monde sur notre chaîne. Les joutes footbalistiques et les
cartons jaunes pleuvaient, les feintes et passe le temps quand la diffusion du
match fut interrompue à deux reprises par l'appel à la prière. Chez nous, toute
la maisonnée est musulmane et pratiquante. Nul ne s'est levé pour faire sa
prière. Pour la simple raison que le muezzin de la télé est réglé sur la région
d'Alger et ses environs. Les autres parcelles du pays ont d'autres horaires.
C'est à se demander à quoi sert cet appel, quand dans chaque quartier, il y a
au moins deux mosquées et deux muezzins aux voix amplifiées par des sonos
souvent réglées à fond les décibels. Je donne ma langue au chah d'Iran.
Veut-on démontrer aux pays arabes frères de
mauvais sang que nous sommes plus musulmans que les musulmans ? C'est comme si
un arbitre officiant une rencontre de foot entre deux pays musulmans arrêtait
la partie, demandant aux joueurs de rejoindre les vestiaires, le temps de faire
leurs ablutions et la prière avant de reprendre le jeu. La FIFA (Fédération
islamique du football arabe) instaurerait ainsi ses lois? Arrêtez messieurs de
manipuler notre religion. Elle nous est trop chère pour être mise entre les
mains d'un programmateur de télévision. Nous ferons une prière collective pour
vous, afin que le Tout-Puissant vous pardonne l'utilisation, à des fins de
calculs politiques, de notre profondeur culturelle. Mes crayons vous saluent,
mais ne vous saliront jamais.