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Des lignes désertées et des usagers en rade

par A. El Abci

Les habitants des villes de Hamma Bouziane, Didouche Mourad et Aïn S'mara se plaignent régulièrement que les chauffeurs de taxis qui doivent assurer les navettes entre ces villes et Constantine, ne le font qu'occasionnellement, les «laissant ainsi en rade à chaque fois», disent-ils.

Ce sont particulièrement les travailleurs qui sont pénalisés par cette situation et que nous avons rencontré remontés contre ces taxieurs, cause de leur calvaire de tous les jours. C'est au niveau de la station de taxis Didouche Mourad, à proximité de la gare ferroviaire, que certains d'entre eux n'ont pas manqué de nous faire part de leurs difficultés. Le transport interurbain est on ne peut plus défaillant, selon eux.

«Il est 19 heures et nous sommes là à attendre un hypothétique taxi, dans l'espoir d'y décrocher une place et pouvoir rentrer enfin à la maison, et ce après une journée harassante au travail. Ceci en sachant qu'il sera pris d'assaut aussitôt à l'arrêt à la station», dira un citoyen. Et un autre de renchérir : «Je suis de Didouche et je travaille dans un chantier de construction à la nouvelle ville de Ali Mendjeli. C'est dire que chaque jour je suis obligé de me dégoter un moyen de transport pour me rendre à mon travail.» «En ces temps de chômage, c'est sans doute une chance d'avoir un boulot ? Oui, mais mon calvaire à moi, c'est le manque de transport». Et notre interlocuteur d'expliquer : «C'est qu'en vérité, il y a bien une ligne qui dessert Didouche-Constantine. Mais le hic, c'est que les taxis chargés d'assurer les déplacements sur cette ligne « le font en quelque sorte au tarif syndical». Et de préciser «que certains font un minimum de voyages entre les deux villes et s'installent à Constantine pour faire des courses plus juteuses, au préjudice des usagers de leur ligne, qui ne trouvent pas ainsi de moyen de transport».

Au niveau de la station de taxis de Hamma, ce sont les mêmes complaintes et colères de citoyens qui fulminent contre «ce comportement inqualifiable de taxieurs en abandon de poste», affirment-ils, leur imputant la situation de martyrs qu'ils endurent. Mais cette situation de quête d'un taxi qui se fait désirer serait, selon eux, le lot aussi des habitants de Aïn S'mara, qui pâtissent du même problème, à savoir le non-respect et l'absence des taxis officiellement affectés à la desserte de leur ligne, pour cause d'occupation illégale sur d'autres lignes.

Questionné sur ce sujet, le SG du syndicat des taxieurs affiliés à l'UGCAA, M. Ghezghouz, «reconnaît l'existence du phénomène», et le déplore énergiquement. «Seulement, avouera-t-il, ni au syndicat, ni à la direction des transports, nous ne pouvons être au courant de la désertion des exploitants des lignes de transport qui leur sont désignées. Les manquements en la matière seront sévèrement sanctionnés.

Dans ce cadre, il indique que «toutes les fins de mois, nous traitons de ces cas à la commission des sanctions administratives, composée de représentants de la direction des transports, des trois syndicats de taxieurs, de la police, de la gendarmerie, etc. Les sanctions peuvent aller de quinze jours à la fourrière, jusqu'au retrait pur et simple de l'autorisation d'exploitation de la ligne et de radiation. Toutefois pour cela, il faut que les citoyens apprennent à dénoncer ces phénomènes, quand ils existent. Chose qu'ils font mais oralement. Nous leur demandons de le faire surtout par écrit, tant il est vrai que l'administration a besoin de documents écrits et paraphés qui engagent leurs auteurs et qui sont des traces. Et dans ce cas, nous aurons nous-mêmes toutes les justifications pour agir et sévir. Il faut dire que nous entendons beaucoup parler de ces dépassements, mais nous recevons peu d'écrits dans ce sens, malheureusement».