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Les
trois consulats de France en Algérie sont crédités d'un taux faramineux de refus
de délivrance des visas. Trois fois plus élevé que la moyenne des autres
consulats français à travers le monde.
Ce constat, ce ne sont pas des demandeurs algériens aigris qui le dressent, mais la CIMADE, service oecuménique d'entraide qui a enquêté pendant plusieurs mois sur les pratiques en la matière des consulats de France. Concernant l'Algérie, le rapport de la Cimade établit que les trois consulats français en exercice traitent annuellement un peu plus de deux cent mille demandes de visas, soit dix pour cent de la demande mondiale, selon ses rédacteurs. 35% des demandes algériennes sont refusées alors que la moyenne des refus pour les autres consulats français à l'étranger est de 9,6%. La réalité ainsi dévoilée contredit le discours officiel français en direction de l'opinion publique algérienne qui se veut rassurant quant à la volonté de la France de favoriser la libre circulation des personnes entre les deux pays. Le tour de vis donné par les autorités françaises à la délivrance de visas aux ressortissants algériens remonte à loin, et s'est justifié à l'époque par la situation qui prévalait en Algérie sous la forme d'une insurrection islamiste dont Paris craignait qu'elle ait des répercussions sur le territoire français. La même considération, dès lors que la supposée menace terroriste pouvant atteindre la France via l'Algérie s'est estompée du fait de la maîtrise par l'Etat algérien de la sécurité nationale, n'est plus recevable pour l'explication de l'exceptionnel taux de refus que continuent d'essuyer les demandeurs de visas algériens. Il est clair que l'Etat français est mû dans cette affaire par d'autres motivations. La plus limpide est celle qu'il a décidé de faire de l'assouplissement de la délivrance de visas aux ressortissants algériens une contrepartie dans les négociations engagées avec l'Etat algérien sur l'accord bilatéral de décembre 1968 régissant l'immigration. Des négociations par lesquelles Paris souhaite aligner les Algériens sur le régime appliqué aux autres étrangers vivant en France. En clair, mettre un terme «aux avantages» dont bénéficient les Algériens sur ce plan du fait des relations historiques qu'ont entretenues les deux nations. Ces négociations ont buté justement sur l'exigence de la partie algérienne voulant que la France revienne sur les restrictions draconiennes qu'elle impose à la libre circulation des personnes entre les deux pays, qu'elle considère entravée pour des motifs politiques. Le rapport de la Cimade établit et confirme aussi que les consulats français en Algérie et ailleurs dans le monde (du moins pour les quatre autres pays ciblés par son rapport) ne font pas dans l'excellence concernant l'accueil des demandeurs de visa et le traitement de leurs dossiers. Ce que les Algériens concernés n'ont cessé de dénoncer et d'assimiler à du mépris institutionnalisé malgré les dénégations lénifiantes des représentants diplomatiques français. Paris se pique de vouloir réaliser l'union entre les deux rives de la Méditerranée avec l'UPM. Mais quelle union est possible quand la libre circulation des personnes entre ces deux rives est perçue comme un danger et soumise à des restrictions drastiques ? |
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