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Les banques du Maghreb qui affichent des
performances contrastées se portent plutôt bien dans un contexte économique
régional qui a peu ressenti les contrecoups de la crise mondiale. Les systèmes
bancaires de l'Algérie, le Maroc et la Tunisie évoluent dans des contextes
économiques nettement différenciés. L'économie algérienne reste déterminée par
les exportations d'hydrocarbures et des investissements infrastructurels
massifs financés sur le budget de l'Etat tandis que les économies marocaines et
tunisiennes sont tirées par des secteurs privés plutôt dynamiques et attirent
bien plus d'investissements directs étrangers.
Le système bancaire marocain a réalisé en 2009 un résultat net remarquable de l'ordre de 9,3 milliards de dirhams (un peu plus d'un milliard de dollars) selon les chiffres de la Banque Al Maghrib (Baque centrale), soit une progression de 6% par rapport à 2008. Le crédit a, également, repris en 2010, avec une hausse de 12% à fin février, contre 9% en 2009, selon la Banque centrale du Royaume, qui considère que le niveau des créances en souffrances en 2009 (environ 5%) est « acceptable ». Le système bancaire marocain est très concentré autour de sept à huit opérateurs qui font le marché. Ce secteur s'est beaucoup développé et modernisé ces dernières années grâce aux mesures de régulation, notamment l'instauration de ratios prudentiels forts et aux performances, aujourd'hui en recul, du secteur de l'immobilier. L'accent mis sur la qualité des personnels et la formation porte ses fruits. Le point faible des banques marocaines réside néanmoins dans l'insuffisant développement de l'épargne à long terme. Tunisie : réduction du volume des créances non performantes De son côté, le système bancaire tunisien qui pâtit d'un marché de taille restreinte a globalement réussi à réduire l'important volume des créances non performantes qui plombaient les bilans des banques. La part des créances en souffrance a baissé entre les deux années de référence et ce, en passant de 23,6% en 2004, à 13,2% en 2009. Le taux de couverture de ces créances par les provisions a connu une croissance continue, passant de 45,1% en 2004, à 58,3% en 2009. La part des créances classées du total des provisions bancaires est passée de 14,5% en 2004 à 6% en 2009. Les banques du pays évoluent dans un contexte de vive concurrence rude exacerbée par l'exiguïté croissante d'un marché réparti entre 20 banques commerciales. La rentabilité des banques contraintes d'effectuer d'importants provisionnements, en est bien sûr particulièrement affectée. Les dépôts de clientèle, principale ressource des banques tunisiennes, connaissent une amélioration nette mais la gamme relativement restreinte des produits d'épargne constitue un handicap dans la mesure où leurs revenus sont très impactés par les fluctuations des taux d'intérêts. Les marges d'intérêts constituant pour de nombreuses banques la principale composante de leur produit net bancaire (PNB, chiffre d'affaires des banques). Un marché algérien sous-bancarisé En Algérie, l'apparition de nombreuses enseignes de banques étrangères ? essentiellement françaises ? n'a pas beaucoup entamé la domination du secteur public sur un marché largement sous-bancarisé. Les banques publiques en état de surliquidité structurel depuis plusieurs années peinent à se moderniser et à améliorer leur offre de crédits et à diversifier la gamme de produits. La critique est particulièrement véhémente de la part du patronat et du secteur privé en général. Selon une récente étude de la Banque Mondiale, l'Algérie est classée au 135ème rang en matière d'octroi de crédit bancaire. La moyenne de la part financée par les banques publiques dans les projets d'investissement ne dépasse pas les 30%. Un niveau plutôt faible qui ne permettra sans doute pas d'atteindre l'objectif gouvernemental de création de 200.000 PME entre 2010-2014. Le classement des banques maghrébines réalisé par African Banker confirme une hiérarchie déjà établie par des précédentes études. La prééminence régionale des institutions financières marocaines semble établie. Ainsi pour Jeune Afrique Economie, dans son classement des 10 plus grandes banques africaines en termes de crédit en 2008, la première banque du Maghreb est ATTIJARIWAFA BANK, classée au sixième rang, immédiatement suivie par le Crédit Populaire du Maroc et de la BEA (Banque extérieure d'Algérie). Aucune banque tunisienne ne parvenant à s'insérer parmi les dix premiers. La BEA, au top ten grâce au client Sonatrach La concentration de la BEA, banque de Sonatrach, dans le secteur des hydrocarbures explique pour une large part sa performance. Le marché marocain bénéficie d'un maillage bancaire plus resserré et d'une croissance économique tirée par l'agriculture, le tourisme et des PME qui jouent un rôle croissant. Selon African Banker, avec total d'actifs de 105,7 milliards de dollars, les banques marocaines devancent les cinq banques publiques algériennes (81,3 milliards $ d'actifs) et surclassent leurs homologues libyennes (31,2 milliards $ d'actifs pour deux établissements) et tunisiennes (4,4 milliards $ pour une seule banque, la Société tunisienne de banque ?STB', classée dans le Top 15). Même constat au plan des résultats. La performance marocaine est d'autant plus remarquable quand elle est rapportée aux bénéfices nets cumulés des 30 premières banques classées par African Banker. Les huit premières banques marocaines représentent environ 54 % du total. Elles sont suivies par les huit premières banques algériennes avec 722 millions et les banques tunisiennes pour 302 millions de dollars. Selon l'Union des Banques Maghrébines (UBM), le réseau bancaire marocain est le plus dense avec 2.632 agences, soit 51% de l'ensemble, suivi de l'Algérie avec 1.131 agences et de la Tunisie avec 1.102 agences. Rapporté à la taille du marché, le réseau algérien est le moins développé de la région. En termes de bancarisation, l'Algérie compte une agence pour 31.000 habitants, le Maroc une agence pour 12.540 habitants et la Tunisie qui se place en première position compte une agence pour 9.530 habitants. Au plan continental, les banques maghrébines malgré l'amélioration globale de leurs indicateurs restent éloignées des volumes des banques sud-africaines qui ne sont suivies que de très loin par la seule National Bank of Egypt. Il est vrai qu'autant que les dimensions des économies concernées, la concentration bancaire joue un rôle dans la taille des institutions. |
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