Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Colère au CNES: Vers une protestation de grande envergure

par Oualid Ammar

Le Conseil National des Enseignants du Supérieur (CNES) est dans tous ses états. Il est en session ouverte. Il s'est également réuni, les 29 et 30 juin derniers, pour faire un point de la situation. Dans une déclaration très alarmiste, il déplore l'absence de volonté de concertation de la part du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il annonce «une protestation de grande envergure» à la rentrée sociale prochaine.

 Avant d'en arriver là, le CNES dresse le bilan du partenariat avec ce ministère. Le CNES, qui dit s'être engagé durant «plus de trois années de volonté stratégique» dans la voie de la construction avec les autres, exprime le fort sentiment d'avoir été grugé. Pour lui, la tutelle, «n'accorde aucune crédibilité à la construction du partenariat avec le CNES». Il affirme qu'il y a eu de «nombreuses décisions prises unilatéralement sans aucune consultation ou concertation». Il estime que la tutelle affiche «un grand mépris envers la communauté universitaire en général et les enseignants chercheurs en particulier».

Un chapelet de griefs

En se comportant ainsi, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique chercherait à discréditer le CNES, estiment les syndicalistes de l'enseignement supérieur. Ils énoncent une série de griefs. Il y a, selon eux, le «retard et l'opacité totale dans la gestion du dossier du régime indemnitaire», l'absence de prise en considération des doléances du CNES en matière de logements, l'absence de débat au sein des commissions mixtes, «l'occultation délibérée de l'ensemble des résultats des différentes commissions installées» et «de nombreux blocages supplémentaires créés par plusieurs décisions unilatérales prises par la tutelle». Sur ce dernier point, le CNES cite, en particulier, la note du secrétariat général du ministère, datée du 18 mai dernier et intitulée «Organisation des relations avec les partenaires étrangers», en affirmant en avoir pris connaissance à travers la presse «au même titre que l'ensemble des concitoyens». Le CNES est surtout outré par «l'indifférence totale» qu'observerait le ministère vis-à-vis de sa plate-forme de revendications. Pour lui, cela expliquerait «la stratégie d'écouter et de ne rien faire» adoptée par la tutelle depuis plusieurs mois. Sans donner de détails, le CNES fait état de problèmes rencontrés par ses sections à Bordj Bou-Arréridj, Skikda, M'Sila et à l'ENSH. Il indique laconiquement que ces sections sont «malmenées par leurs recteurs respectifs». A Skikda, le CNES juge qu'il y a «un abus de pouvoir» et dénonce «le recours à la justice par le recteur pour le règlement des conflits d'ordre syndical».

Une crise annoncée

Dans cette déclaration signée par le coordonnateur Abdelmalik Rahmani, le CNES prolonge sa session ouverte. Il fait comprendre qu'on le pousse à cette posture de mobilisation et d'alerte. Il considère en effet que «certains usent de toutes leurs prérogatives afin de mettre en échec la construction d'un véritable partenariat». Tout en dénonçant cela, le CNES n'accepte pas cette situation qui, à ses yeux, n'a que trop duré. Pour lui, il s'agit d'une «supercherie». Sa riposte ? Il annonce qu'il va «programmer, dès la rentrée sociale prochaine, une protestation de grande envergure afin de faire aboutir nos revendications justes et légitimes». Cette décision sonne comme un préavis de grève. Elle prépare à des remous sociaux. Si rien n'est fait pour détendre l'atmosphère entre les deux partenaires et passer à une relation constructive, les examens de rattrapage de la rentrée risquent d'être sérieusement perturbés. Cette crise annoncée sera-t-elle désamorcée avant l'Aïd El Fitr ? Par cette déclaration solennelle le CNES interpelle le ministère qui logiquement ne devrait pas tarder à réagir.