L'accès des produits agricoles algériens sur le marché européen reste
toujours une question triviale. Cinq années après la signature de l'accord
d'association avec l'UE, les produits agricoles algériens n'arrivent toujours
pas à s'imposer sur le marché communautaire.
Le bilan des exportations algériennes de produits agricoles est modeste,
comparativement à la Tunisie et le Maroc : 60.000 tonnes de produits agricoles
exportés en 2009 pour 42 millions de dollars contre 52.000 tonnes en 2008 pour
46 millions de dollars. Et encore, l'essentiel étant constitué de dattes et de
produits dérivés. C'est autour de cette problématique de l'exportation des
produits agricoles algériens vers le marché communautaire qu'avait été
organisée à Alger, lundi et mardi, une rencontre internationale animée par des
experts algériens et européens. «L'accès au marché européen des produits
algériens» était le thème de cette rencontre organisée par le ministère de
l'Agriculture, en collaboration avec la Commission européenne (CE). Plusieurs
thèmes liés aux exportations de produits agricoles algériens et leur entrave
ont été durant cette rencontre abordés. Plusieurs participants ont ainsi
souligné la nécessité pour les agriculteurs algériens de se conformer aux
normes et standards de production et d'exportation exigés par la CE. Au manque
de professionnalisme des agriculteurs et les différents intervenants de la
filière agricole, il faut également ajouter le manque d'organisation du segment
des exportations. Selon des représentants du ministère de l'Agriculture et du
Développement rural, de nouvelles mesures de réforme des chambres agricoles, de
renforcement des compétences des associations professionnelles et de
revalorisation de l'organisation coopérative sont envisagées pour soutenir les
exportations agricoles algériennes. Paolo Gouveia, expert européen, relève
ainsi que» les coopératives sont le seul outil à même d'augmenter la compétitivité
et la viabilité économique de beaucoup d'exploitations agricoles, soulignant
que «les coopératives ont besoin de dimension pour gagner en pouvoir et se
positionner sur le marché». De son côté, Jacques Dasque, expert européen,
estime nécessaire la mise en place d'une politique pour la filière fruits et
légumes, basée sur l'organisation de la production et l'exportation. Pour lui,
l'Algérie dispose de potentiels de production importants qu'il faut moderniser
pour les adapter à la demande sur les marchés internationaux. Plus concret,
Francisco Moya, représentant l'Europatat, un organisme du commerce de pommes de
terre en Europe, affirme que des opportunités pour l'exportation de la pomme de
terre algérienne existent en Europe. «Il existe un marché de la primeur en
Europe, certes difficile, contraignant mais réel. Il appartient aux
professionnels d'approfondir le sujet en mesurant les contraintes inhérentes au
produit», a-t-il ajouté. Pour autant, au ministère de l'Agriculture, il y a un
autre son de cloche car, selon le directeur de la régulation au niveau de ce
ministère, M. Cherif Omari, certains exportateurs algériens éprouvent des
difficultés pour écouler leurs produits sur le marché communautaire, malgré les
clauses de l'accord d'association. Il a indiqué que «les normes sanitaires ne
sont pas identifiées comme de véritables obstacles à l'export», par contre, il
a signalé la lenteur des procédures de l'UE pour donner leur feu vert, citant
le cas d'une demande qui a été faite auprès de l'UE pour l'exportation de miel,
du lait et des produits laitiers. Cette demande est toujours à l'étude au
niveau de la CE depuis 2 ans. Suffisant pour que la partie algérienne aille
jusqu'à demander la révision de certaines clauses, dans le volet agricole, de
l'accord d'association, lors du dernier conseil tenu le 15 juin dernier à
Luxembourg. Pour autant, l'Algérie vise, à l'horizon 2014, l'exportation de
quelque 60.000 tonnes de dattes et 100.000 tonnes de fruits et légumes.