Si la vengeance est un plat qui se mange froid, on peut dire que les
Allemands ont patienté très longtemps pour, enfin, prendre leur revanche. Que
ceux qui l'ignorent sachent que, lors de la Coupe du monde 1966 disputée chez
elle, l'équipe d'Angleterre a bénéficié d'une erreur monumentale intitulée «la
controverse de Wembley» ayant marqué à jamais la finale entre l'Angleterre et
l'Allemagne (la RFA). C'était à la 100è minute (première prolongation).
L'attaquant Hurst décoche une puissante reprise de volée. Le ballon percute la
transversale et rebondit sur la ligne. Or, la loi 10 (but marqué) est formelle
et sans aucune équivoque: «un but sera marqué lorsque le ballon aura
entièrement dépassé la ligne entre les montants et sous la barre transversale».
Or, le referee Suisse Dienst a accordé le but, facilitant la tâche des
coéquipiers du capitaine Bobby Moore qui remporteront le précieux trophée.
Cette fois, il ne s'agissait pas d'une finale, mais d'un match de huitièmes, à
élimination directe. Le ralenti de la télévision démontre que le ballon, après
avoir touché la transversale, a bel et bien rebondi derrière la ligne des bois
allemands, au moins de 50 centimètres. «A 2 à 2, la physionomie aurait été tout
autre», argueront les «pros anglais». Ce n'est pas notre avis, car la formation
anglaise nous a paru faible, maladroite, lourde dans ses réactions et sans
aucune inspiration. Voyons au cas par cas. On ne présente plus David James,
surnommé à juste titre «Calamity James» pour ses nombreuses bourdes. A 40 ans,
il est temps qu'il raccroche, sauf s'il veut être encore la risée de tous les
sportifs. Les deux latéraux Ashley Cole et Glen Johnson ne sont certainement
pas les meilleurs à leurs postes et en ont vu de toutes les couleurs face aux
attaquants allemands. Terry, qui semblait la garantie la plus sûre en l'absence
de son coéquipier Rio Ferdinaud, n'est plus le stoppeur intraitable d'il y a
quelques années. Enfin, on ne sait pas trop pourquoi Capello a laissé sur le
banc le solide Garragher, lui préférant Upson (31 ans) qui ne s'est jamais
imposé. Cette défense a laissé de larges boulevards dans lesquels s'est
gaiement infiltré Klose à la réception d'un long dégagement de son gardien
Neuer. Le contre mené par le trio Ozil-Mueller-Podolski permet à ce dernier
d'inscrire le second but. Après le but de Upson (37') et la fameuse erreur de
l'arbitre uruguayen Jorge Larrionda (38'), les Anglais retournent avec un seul
but, mais ils s'écrouleront sur les terribles raids menés par Ozil, Muller et
Podolski. C'était, à chaque fois la panique, et on a même vu Ozil faire un
petit pont à l'irascible Ashley Cole! Techniquement et tactiquement supérieurs,
les Allemands ont mérité leur victoire. Nous l'avions déjà écrit. L'équipe de
Joachim Low est valeureuse, jeune et efficace. Maintenant, on se demande s'ils
avaient en face d'eux la véritable équipe d'Angleterre, celle qui a plané dans son
groupe lors des éliminatoires où elle a inscrit la bagatelle de 34 buts. En
Afrique du Sud, elle n'a marqué que? trois buts, c'est-à-dire une misère pour
des joueurs comme Rooney, Defoe, Crouch et Heskey qui font la loi dans leur
championnat. Quant à la défense, elle a encaissé cinq buts en quatre
rencontres. Un bilan vraiment ridicule pour une équipe de cette dimension, 8è
au classement FIFA et préparée par Capello, l'entraîneur le mieux payé au
monde! Son pourcentage de victoires en éliminatoires, le meilleur de l'histoire
des sélectionneurs de l'Angleterre, va certainement chuter. Critiqué pour ses
méthodes tactiques et son comportement, le technicien italien ne fera
certainement pas de vieux os à Londres. Cette déroute nous amène à penser que
le nul de l'Algérie face à l'Angleterre n'était pas, finalement, un réel
exploit. «C'est élémentaire», comme dirait Sherlock Holmes?
Nous n'étions pas au bout de nos
surprises en matière d'arbitrage, puisque le premier but inscrit par l'Argentin
Tevez était hors-jeu. En dépit des protestations des Mexicains, le referee
italien Rosseti l'a validé. Certes, cette réalisation cadeau a pesé sur la
balance, mais elle ne cache pas pour autant les lacunes mexicaines. Quelle
mouche a piqué le sélectionneur Javier Aguirre qui a titularisé en défense
centrale le Maladroit Osorio et qui, en dépit de son expérience, a multiplié
les mauvais contrôles de balles offrant des cadeaux à l'opportuniste Iguain ?
Le capitaine Marquez, stoppeur de métier, a évolué devant sa défense, perdant
ses repères et commettant des fautes. Et dire que ce joueur, évoluant au FC
Barcelone, a affirmé «avoir la solution pour bloquer Messi», qui est son
coéquipier au Barça. Les jeux étaient faits lorsque Tevez a arrondi la marque,
le but du prometteur avant-centre Hernandez (qui évoluera à Manchester United)
ne constituant qu'une maigre consolation pour des Mexicains, bons footballeurs
certainement, mais qui ont évolué à l'improvisation et non pas sur la base du
4-3-3 officiellement annoncé par leur entraîneur. Sans fournir un grand match,
l'équipe de Maradona «peu joueuse mais très tueuse» selon la belle formule
d'Arsène Wenger, devra se méfier de son prochain adversaire en quart,
c'est-à-dire l'Allemagne. La défense, notamment, n'est pas très sereine sur les
attaques adverses. En tout cas, c'est la quatrième fois consécutive que le
Mexique échoue en huitièmes de finale, mais il se consolera dans le futur avec
ses jeunes joueurs, tels Vela, Hermandez, Giovanni Dos Santos, Torrès, Moreno
et Juarez, tous promis à un bel avenir.