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Face au réchauffement climatique la
capture et le stockage du carbone (CCS) est une des réponses technologiques
possibles. L'Algérie pionnière dans le domaine tente de faire avancer cette
filière non encore reconnue éligible au développement propre. Noe Van Hulst,
patron du Forum international de l'énergie (IFE) regroupant soit 90% de l'offre
et demande de pétrole, a abordé les enjeux des CCS en marge du récent symposium
d'Alger sur la capture de carbone et son stockage. Il présente également dans
cet entretien les principaux chantiers du Forum international de l'énergie.
Pouvez-vous situer la part des projets CCS dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ? Tous les projets aujourd'hui sont encore petits. Il n'y a que 4 ou 5 projets dans le monde. C'est moins de 1% des émissions. C'est des projets pour avoir l'expérience, pour démontrer que cela peut être possible. On a calculé que les projets CCS dans 20 à 30 ans peuvent réduire à hauteur de 20% les émissions de CO2. L'enjeu est colossal. Pour lutter contre les changements climatiques, il faut mettre en œuvre les technologies comme les CCS, c'est-à-dire les technologies de capture de carbone et son stockage dans les gisements de gaz, pour rendre l'exploitation des gisements et l'usage des hydrocarbures plus acceptables du point de vue de l'environnement, diminuer les conséquences des émissions de gaz à effet de serre, résultant de l'activité hydrocarbures. C'est très important pour tous les pays du monde, producteurs et consommateurs. L'Algérie est très active dans ce domaine. Quels sont les obstacles qui empêchent les projets de capture de carbone et de son stockage d'émerger comme une grande solution contre les émissions de gaz à effet de serre ? Les coûts des projets CCS (capture de carbone et son stockage) sont encore très élevés, il faut réduire les coûts avec des recherches, des technologies. Il faut aussi créer des incitations pour les entreprises comme l'inclusion des CCS dans le mécanisme de développement propre (CDM). C'est un programme international pour avoir des subventions pour ces projets. Il faut avoir un prix pour le CO2. Il faut avoir une régulation et travailler afin de sensibiliser le public. Les technologies CCS sont-elles fiables ? Je pense que les technologies sont fiables. L'industrie des hydrocarbures a accumulé de l'expérience dans ce domaine. Il faut établir une communication avec le public pour que ces technologies soient acceptées. C'est pourquoi des projets comme In Salah sont importants pour la démonstration, pour montrer au public et à l'industrie des hydrocarbures que ce sera possible et qu'on peut réaliser des projets fiables. Le Forum international de l'énergie compte-t-il œuvrer pour rendre éligible la séquestration de CO2 au mécanisme développement propre et partant au marché international du carbone ? Le Forum international de l'énergie va défendre la nécessité de prendre des mesures incitatives pour développer les CCS. Les entreprises ne sont pas suffisamment encouragées à investir dans les CCS. En ce sens, le Forum international de l'énergie a soutenu qu'il faut un prix pour le CO2, son inclusion au mécanisme de développement propre. Le CDM, c'est en partie le marché international du carbone. Le rôle de l'IEF est d'organiser des symposiums de ce type, d'élaborer des recommandations pour les ministres des pays membres de l'IEF. Nous allons leur transmettre les conclusions du dernier symposium d'Alger. L'IEF pèse de son poids, c'est une organisation intergouvernementale entre pays producteurs et consommateurs de pétrole et de gaz. Elle regroupe 70 pays, soit 90% de l'offre et demande de pétrole. Quel est l'agenda, les chantiers principaux de l'IEF, d'ici à 2011 ? On a eu une réunion ministérielle à Caucun il y a deux mois. Parmi les conclusions de la réunion, il est prévu de renforcer le dialogue entre pays consommateurs et producteurs, renforcer l'IEF et d'écrire une charte approuvée par les ministres en février 2011. La prochaine rencontre ministérielle de l'IEF aura lieu à Ryad en 2011. Nous avons lancé un important chantier pour mettre en œuvre un dialogue entre l'AIE, l'OPEP et l'IEF dans trois domaines. D'abord les tendances futures de l'offre et de la demande de pétrole en vue d'avoir une plus grande visibilité dans le futur, nous avons là-dessus des analyses convergentes. Ensuite, les relations entre les marchés pétroliers et marchés financiers pour avoir plus de visibilité, nous cherchons ici à avoir une coordination internationale pour réduire les effets spéculatifs, en un mot pour mieux réguler. Enfin, un dialogue en vue d'une meilleure transparence dans l'ajustement de l'offre et la demande de pétrole, le stockage, les investissements ; nous abordons également l'industrie du gaz sous cet angle. Pour l'instant, nous n'avons pas de programme pour les énergies renouvelables. Nous les incluons cependant dans le bilan énergétique mondial. |
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