Depuis 1970,
c'est la première fois que l'Uruguay atteint les quarts de finale d'un mondial.
C'est un évènement pour ce petit pays de 3,5 millions d'habitants et qui,
paradoxalement a gagné deux fois la Coupe du monde. A deux reprises pourtant,
les gars de Montevideo -en 2001 et en 2009 - ont dû passer par les barrages
pour participer à la phase finale. En 2005, en aller et retour, ils ont été
éliminés par l'Australie. Du groupe présent en Afrique du Sud, dix-neuf joueurs
évoluent à l'étranger pour quatre locaux. C'est dire qu'ils sont spécialement
appréciés en Europe où seize d'entre eux effectuent leur carrière. On en trouve
aussi au Brésil, en Argentine, et au Chili. Comment un pays d'une aussi faible
démographie peut-il «sortir» autant de bons joueurs? Il faut savoir qu'en
Uruguay -et ça ne date pas d'hier- la prospection et la formation, sont un
véritable credo. Ainsi, de nombreuses compétitions se déroulent tout au long de
l'année et concernent toutes les petites catégories, à partir de 7-8 ans. Ces
championnats juvéniles sont largement couverts par les médias, d'où leur
popularité. Autant dire que la relève est permanente dans ce pays où, bien
évidemment, on adore le football. Les jeunes pousses reçoivent un enseignement
classique qui n'a rien à envier à ce qui se fait ailleurs.
Mais encore? Et
là, il faut bien évoquer cette fameuse «grinta» des footballeurs uruguayens qui
ne s'avouent jamais battus. L'épopée de l'Uruguay a débuté en 1928 à Amsterdam
lorsqu'elle a enlevé la médaille d'or des J.O. C'est à ce titre que les
Uruguayens ont eu le droit d'organiser la première Coupe du monde 1930 où
treize nations, toutes invitées, se sont affrontées. Il y avait quatre pays
européens seulement, la plupart ayant été effrayés par un si long voyage.
C'était l'occasion saisie par l'Uruguay de remporter son premier trophée face à
l'Argentine. Il a fallu attendre 1950 pour que ce pays brille de nouveau. Et
pourtant, il n'avait pratiquement aucune chance face au Brésil, grandissime
favori, dans son stade Maracana, devant 200.000 spectateurs. Et c'est là que
les observateurs ont découvert ce que la «grinta» veut dire. Les joueurs de la
céleste n'en menaient pas large dans les vestiaires. Sauf un. Leur capitaine
Varela qui, tel un psychologue, a harangué ses coéquipiers comme jamais
quelqu'un ne l'a fait. Et ils furent héroïques, ces Uruguayens, donnés battus à
1.000 pour 1. Et ce, malgré le premier but inscrit par les Brésiliens.
Schiaffino et Ghiggia furent les buteurs qui ont crucifié le Brésil. Jamais
pays n'a autant souffert de cette défaite. La chronique de l'époque souligne,
qu'en quelques jours, plus de cent Brésiliens se sont suicidés. Car, pour tout
le monde, le Brésil «devait» gagner sa coupe du monde à domicile. Hélas pour
les Brésiliens, les Uruguayens sont passés par là. Leur hymne est déjà tout un
programme : «Orientales, la Patria O a Tumba: (Uruguayens, la patrie ou la
tombe!). On comprend mieux à présent d'où vient cette fameuse «Grinta». Et il
leur en a fallu aux partenaires de Forlan pour écarter ces dynamiques
Sud-Coréens qui ont d'ailleurs dominé tout au long de la partie, ratant des
occasions de se mettre à l'abri. A cause principalement des deux bévues de leur
gardien Jung Sung-Ryong qui a relâché le ballon repris par Suarez. Dans un
premier temps, le pressing des attaquants uruguayens a gêné la relance des
partenaires de Park Ji-Sung qui durent procéder par balles aériennes où ils
n'avaient aucune chance face aux athlétiques défenseurs de la céleste. Il y a
eu, bien sûr, beaucoup de déchets. Mais, en deuxième mi-temps, les Sud-Coréens,
beaucoup plus mobiles et rapides, donnèrent du fil à retordre à leurs adversaires
qui en étaient réduits à se défendre uniquement. Il a fallu un mauvais
placement de leur gardien pour que les hommes d'Oscar Tabarez arrachent leur
qualification. Le mot arracher convient très bien, car c'est grâce à leur
«Grinta» qu'ils affronteront le Ghana en quart de finale. Car, justement, ce
sont les Ghanéens qui ont eu raison des Etats-Unis au terme de deux heures de
combat. La différence de styles était flagrante. Le jeu des Etats-Unis était
des plus classique et basé sur les qualités athlétiques et de course des
joueurs. Quant au jeu ghanéen, il est archi connu: c'est de la technique, la
maîtrise du ballon et des passes à répétition. Prince Boateng a inscrit le
premier but après une course de plus de 50 m, bernant les défenseurs
américains. Les Américains ont égalisé sur un penalty transformé par leur
capitaine Donavan. Les deux prolongations ont été éprouvantes pour les deux
formations et dès la 93' Gyan Asamoah, bien que victime d'une double faute par
les défenseurs américains, a réussi à battre Tim Howard. La victoire du Ghana
est celle de la technique et de l'inspiration sur la manière forte des
Américains qui ont abusé des balles aériennes, toutes repoussées par les
défenseurs ghanéens. Le rêve américain s'est estompé, et on ne peut être servi
pour la chance à chaque match. Les Américains ont de quoi méditer après cette
campagne sud-africaine. Le duel promet beaucoup de suspense entre le Ghana et
l'Uruguay. D'un côté, nous aurons ces Uruguayens animés de leur farouche
volonté, et misant sur leurs deux «pointes», Forlan et Suarez. De l'autre côté,
il y aura cette spectaculaire équipe du Ghana, technique, collective et qui est
capable de battre n'importe quelle équipe, pour peu que les camarades de
Muntari ne s'amusent à gâcher les nombreuses occasions qu'ils parviennent à se
créer. Alors vivement le 2 juillet pour connaître qui va l'emporter...