En raison de la situation de déliquescence qui va crescendo et prévalant
dans les stations balnéaires jalonnant le littoral ouest de la wilaya, nombre
de familles oranaises ont opté pour d'autres destinations, notamment Madagh.
Située à équidistance entre la wilaya de Aïn Témouchent et celle d'Oran, la
petite plage de Madagh est devenue la plus prisée pour ces familles en quête
d'un moment d'évasion. A l'amorce d'un virage en épingle à cheveux, le regard
du visiteur est merveilleusement sollicité par le travail de la nature. Une
petite crique en forme de fer à cheval suscite immanquablement l'attention du
plus imperturbable. Chef d'œuvre d'une mer ingénieuse, d'une mer artiste qui
s'est appliquée durant des millénaires à la travailler, à la fouiller, à la
sculpter, à la pétrir et à y déployer mille fantaisies gracieuses ou terribles,
le jeu mobile et incessant de ses forces élémentaires que sont les invincibles
vagues, la crique de Madagh est aussi réputée pour son sable blanc. Les amas de
rochers qui ceinturent cette crique constituent également le lieu de
prédilection de pêcheurs à la ligne. Le cri des mouettes rasant l'eau de leurs
longues pattes et cisaillant l'écume saupoudrant les vagues et le bruit sourd
provenant des masses d'eaux heurtant par intermittence les rochers ajoutent une
note de gaîté à la bonne ambiance régnant sur les lieux. «Je viens avec ma
petite famille chaque été depuis trois ans à Madagh. Les plages de la corniche
oranaise ne sont désormais plus une destination à conseiller pour les familles.
La délinquance conjuguée à l'incivisme et l'absence d'hygiène qui y prévalent
ont fait fuir beaucoup d'estivants», a fait remarquer un père de famille
demeurant à Oran. Ce malheureux état de fait est confirmé par une grande
majorité de familles oranaises fréquentant la plage de Madagh, dont certaines
sollicitent les services d'un taxieur clandestin pour rallier cette partie de
la côte méditerranéenne. «Nous n'avons plus remis les pieds sur la plages du
littoral d'Oran depuis le jour où nous avons été victimes d'un vol avec
violence. Nous n'avons pas de voiture personnelle mais nous faisons appel à un
taxieur pour passer une journée agréable à Madagh», a argumenté une jeune mère
de famille résidant dans la daïra d'Es-Sénia. «En plus, la circulation est
infernale durant la période estivale sur les routes menant à la corniche
oranaise», renchérit notre interlocutrice.
D'autre part, la forêt
communément appelée Madagh, située sur la petite route en lacets menant à la
crique, constitue aussi une halte privilégiée pour les familles fréquentant la
plage en question. Des aires de jeux, au grand bonheur des enfants, y ont été
installées pour agrémenter l'ambiance conviviale qui règne dans cette zone
boisée, intense beauté d'un paysage indompté. L'étoile du berger, signe
précurseur de la tombée de la nuit, qui se fixe dans le ciel au-dessus des
arbres de cette forêt, semble chaque fois inviter les familles à quitter les
lieux pour revenir le lendemain ou le prochain week-end.