Après une semaine de compétition, il est loisible à chacun de faire le
constat, dans la mesure où les trente-deux équipes se sont produites. Il est
incontestable que c'est l'Allemagne qui a laissé la plus forte impression par
son organisation, sa force de frappe et le talent de ses jeunes joueurs. Les
partisans de la Manschaft se réjouissent de cette renaissance qui augure des
lendemains prometteurs. La grande sensation, c'est bien évidemment la défaite
d'un onze espagnol annoncé comme le favori n°1, avant le Brésil. «Nous avons
joué comme toujours, mais nous avons perdu», s'est exclamé un membre du staff
technique. Et pourtant, les partenaires de Xavi ont tout fait pour mettre à la
raison la solide formation suisse, grâce à leur football collectif. Qu'a-t-il
manqué à la sélection ibérique ? Peut-être un coup de génie de la part d'un
joueur. Sinon, c'était peine perdue sur toutes les attaques, et notamment sur
les balles aériennes ou les Suisses excellent grâce à leurs grands gabarits. La
France n'a guère été plus heureuse en s'inclinant face à un Mexique fort
séduisant. Il nous a semblé que c'est bel et bien la fin de la génération Thierry
Henry qui, d'ailleurs, n'a pas participé à ce naufrage du paquebot France. Mal
organisé avec une défense lente et fébrile, et un jeu offensif fait
d'improvisations, le onze tricolore s'est incliné logiquement et doit même une
fière chandelle à son gardien Lloris. Encore une fois, Raymond Domenech a mal
calculé son coup, assistant, impuissant, à la défaite de son équipe. Gourcuf,
le plus collectif joueur, est resté sur le banc et Valbuena n'a pu rien faire
face à la séduisante phalange mexicaine.
Souveraine depuis deux années
grâce à son football collectif, la «Roja», selon les spécialistes, devait tout
écraser sur son passage. Or, elle s'est inclinée face à la Suisse, dont les
meilleurs résultats se résument à trois nuls pour un grand nombre de défaites. Et
pourtant, aussi bien l'entraîneur Del Bosque que ses protégés avaient déclaré
que leur statut de favori ne les empêchait pas de faire preuve de prudence et
d'humilité. Comment expliquer ce revers qui est la première grande surprise de
ce Mondial ? Certes, le onze helvétique est disposé habituellement dans un
schéma classique de 4-4-2. Mais face à la redoutable machine espagnole, le
coach allemand Ottmar Hitzfeld a carrément opté pour la défense. Ce sont donc
les circonstances qui ont guidé ce choix inhabituel. Il faut remonter aux
décennies 50/60 pour se souvenir que c'est un technicien suisse, Karl Rappan,
qui a mis au point le fameux verrou suisse, appelé catenacio en Italie et où
sévissait le non moins fameux Hélenio Herrera qui a gagné deux coupes des clubs
champions et deux titres mondiaux des clubs. Hitzfeld se serait-il inspiré de
ses illustres prédécesseurs ? Rien n'est moins sûr quand on connaît cet
entraîneur qui a remporté deux coupes d'Europe avec le Borussia Dordmund et le
Bayern Munich, sans oublier les titres nationaux. Il a constamment préconisé le
style offensif. C'est donc contraint et forcé qu'il a opté pour la défensive,
sous peine d'essuyer une déculottée qui aurait écorné son riche palmarès. Avec
l'excellent gardien Benaglio qui a réalisé un sans-faute, les Suisses ont
accepté la domination espagnole et opérèrent par contres, dont l'un s'est avéré
payant. Le jeune Derdiyok a même trouvé le poteau de Casillas. Toutes les
attaques espagnoles se sont donc brisées sur le «coffre-fort» suisse fermé à
double tour. Voilà donc l'Espagne contrainte de remporter ses deux autres
matches. Si le onze du Honduras ne paraît pas de taille à bloquer la «Roja» ,
il en va autrement du Chili, dont il faudra se méfier. Plus heureux ont été les
Uruguayens qui ont battu une sélection sud-africaine réellement limitée. Grâce
à leur expérience et à leurs deux fers de lance Forlan et Suarez, les gars de
la «céleste» ont pris une sérieuse option pour le second tour. Moralité: il ne
suffit pas d'engager un entraîneur titré pour engranger des victoires. D'autant
plus que cet entraîneur, bien qu'expérimenté, a constamment privilégié la
prudence, même avec l'équipe du Brésil ! Quant à l'Argentine, et après sa
timide apparition, elle a plutôt rassuré ses supporters en laminant les
Sud-Coréens. Il est certain que Messi a enfin trouvé ses repères au sein de la
formation albiceleste bien soutenu par le buteur Higuain, Tevez et Aguero.
Cependant, l'équipe de Diego Maradona n'est pas souveraine en défense où, après
la sortie du solide Samuel, De Michelis a encore fait des siennes comme c'est
le cas dans son club, le Bayern Munich. Le problème de l'Argentine c'est que
les remplaçants sont trop inférieurs aux titulaires. Qui pourrait remplacer,
par exemple, Messi ou Higuain ? Toutefois, l'Argentine est qualifiée pour les
huitièmes de finale, même si elle devra se tenir sur ses gardes face à des
Grecs ressuscités face au Nigeria après avoir connu quelques frayeurs jeudi.
Par sa faute et, en raison d'un geste plus spectaculaire que dangereux, le
joueur Keita a pénalisé son équipe et rendu un fier service aux hommes de Otto
Rehhagel qui se sont remis en selle après le revers essuyé face aux
Sud-Coréens. La bataille pour la seconde place de ce groupe B va faire rage
entre la Grèce et la Corée du Sud. Il y aura un sacré programme mardi prochain.
Grèce-Argentine et Nigeria-Corée du Sud. Dans le groupe A, les deux premières
places sont promises au Mexique et à l'Uruguay, la France et l'Afrique du Sud
ayant perdu toute chance de qualification.