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Parmi les préoccupations de l'Union Africaine (UA) : la lutte contre le
terrorisme. L'organisation panafricaine va proposer une loi «stricte» et
«claire» interdisant toutes les formes de paiement de rançons aux groupes
terroristes pour la libération d'otages. «L'UA envisage de proposer une loi qui
ne serait pas restrictive, ne laisserait pas cours à des interprétations et qui
condamnerait le paiement des rançons considérées comme source de financement du
terrorisme», a déclaré le directeur par intérim du Centre Africain d'Études et
de Recherche sur le Terrorisme (CAERT), Liess Boukraa, à l'agence de presse APS
en marge de la 4e réunion des points focaux qui se tient à Alger.
Cette réunion à huis clos doit, notamment, procéder à l'évaluation des menaces et des vulnérabilités qui guettent l'Afrique. Il est également prévu de faire le bilan des trois années écoulées et de présenter le plan d'action du centre pour la période 2010-2013. En marge de cette rencontre, Liess Boukraa a insisté sur le problème posé par le versement de rançons aux terroristes. On rappelle que l'UA avait saisi à ce sujet le Conseil de Sécurité de l'ONU qui avait renforcé le dispositif de lutte contre le financement du terrorisme, en introduisant dans sa Résolution 1904 des dispositions criminalisant le versement de rançons aux groupes terroristes. Une «loi type» Ces dispositions ne sont pas, cependant, «suffisamment strictes pour cerner tous les aspects et les formes que peut prendre le paiement d'une rançon», a noté M. Boukraa. Il a souligné que la loi devant être proposée aux membres de l'UA doit être «claire et ne pas laisser cours à des interprétations». Pour Liess Boukraa, «si le terrorisme s'est implanté au Sahel, c'est grâce aux revenus que les terroristes obtiennent à partir du kidnapping» qui constitue une sorte de «traite des être humains». «Il est nécessaire d'obtenir une loi stricte qui interdit toute forme de rançon ou de procédure qui serait utilisée comme palliatif. Il y a beaucoup de raisons qui appellent la criminalisation des rançons, mais s'il ne devait y avoir qu'une seule, ce serait la traite des êtres humains», a-t-il ajouté. De son côté, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'UA, l'Algérien Ramtane Lamamra, a expliqué, à ce propos, que cette «loi type», qui est en voie de finalisation, est un «texte qui permettra à tous les pays qui le souhaitent d'intégrer ses dispositions dans leurs législations nationales». M. Lamamra a affirmé que ces législations doivent être harmonisées pour faciliter la «mise en œuvre de tout un arsenal de coopération judiciaire et de coopération entre les services de sécurité». Dans une allocution prononcée à l'occasion de la 4e réunion des points focaux au Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), M. Lamamra a estimé que l'UA a la «capacité morale et politique de se mobiliser et la possibilité de réagir à ceux qui pensent que le risque de demain et d'aujourd'hui c'est l'africanisation du terrorisme international». Pour le Commissaire à la Paix et à la Sécurité, l'Afrique, qui aspire à se promouvoir en «continent exempt de violence», ne peut se résigner à être perçue comme terreau fertile pour le terrorisme et comme exportateur d'insécurité. «Il importe que la politique de tolérance zéro envers le phénomène du terrorisme, comme des autres crimes transfrontaliers, devienne pour tous les Etats membres de l'UA une attitude de tous les instants», a-t-il conclu. Le commerce des otages continue Dans l'immédiat, le problème du versement de rançons focalise l'attention. La libération du Français Pierre Camatte contre celle de terroristes détenus par Bamako est un précédent qui a contrarié des pays du Sahel. Par contre, Londres s'est refusé à céder au chantage terroriste. L'an dernier, en juin, l'Anglais Edwin Dyer était assassiné par ses ravisseurs sans qu'ils obtiennent un sou. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, avait alors déclaré que «cette tragédie renforce notre engagement à combattre le terrorisme et notre détermination à ne jamais accepter les demandes des terroristes ou à payer des rançons». Trois autres Occidentaux sont encore détenus par les terroristes du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, quelque part dans la bande désertique du Sahel. Les Espagnols Albert Vilalta (35 ans) et Roque Pascual (50 ans), ont été enlevés en novembre 2009 en Mauritanie, et le Français Michel Germaneau (78 ans), kidnappé en avril dans le nord nigérien. Les ravisseurs réclament contre leur libération le versement de rançons en millions de dollars et la libération d'islamistes emprisonnés, notamment en Mauritanie. A Nouakchott, on oppose un refus catégorique à ces exigences. «Payer des rançons, c'est financer le terrorisme», a déclaré le ministre mauritanien de la Défense Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, cité par le quotidien Le Soleil. «Libérer des prisonniers, c'est leur donner l'assurance d'être échangés contre le premier «toubab» (blanc) que l'on pourra prendre. C'est mettre en péril la vie de tous ceux qui sont encore là», a-t-il ajouté. Dans ce type d'affaire incontestablement sensible, la Mauritanie est sur la même ligne que l'Algérie. Une ligne que s'efforce de faire bouger Madrid, apparemment. Il y a une semaine, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a effectué une visite surprise de quelques heures à Nouakchott au cours de laquelle il a été reçu par le président Mohamed Ould Abdelaziz. Rien d'officiel n'a filtré de l'entretien. Mais s'il est venu plaider le versement d'une rançon aux terroristes, on estime que la réponse figure dans les propos très clairs du ministre de la Défense. |
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