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Passeport biométrique, collectivités locales?Nouveau ministre, nouvelle approche ?

par Ghania Oukazi

Les missions et prérogatives du gouvernement commencent à prendre forme à travers, entre autres, les initiatives des ministres qui viennent d'être chargés de gérer de nouveaux portefeuilles.

La plus importante d'entre ces initiatives, celle annoncée par Daho Ould Kablia à propos du formulaire pour l'obtention du passeport biométrique que son prédécesseur, Nouredine Yazid Zerhouni, avait mis en place avant d'être promu vice-Premier ministre à la faveur du remaniement ministériel opéré par le président de la République le jeudi 27 mai dernier «qui va être réduit à sa plus simple expression».

 Le nouveau ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales avait, une semaine à l'avance, pris le soin de souligner qu'avant son départ du ministère, Zerhouni «avait pris acte des lourdes contraintes rencontrées et soulevées par les citoyens et décidé d'apporter des allégements aux procédures initiales, allégements que je compte conforter et compléter». Manière probablement de laisser entendre que Ould Kablia n'a pas été désigné comme remplaçant de Zerhouni pour remettre en cause tout ce que ce dernier avait entrepris comme démarches « mais qu'il en fera le suivi et l'évaluation ». Ce qui est sûr cependant, c'est que Ould Kablia s'est fait un malin plaisir à annoncer ces grands changements en matière de procédures dans le biométrique. Ses proches collaborateurs ont toujours fait état d'une profonde incompatibilité d'humeur qui plombait la relation entre les deux personnages quand ce dernier était subalterne du second. « Ils ne se parlaient même pas, encore moins se concerter sur ce qui devait se faire au niveau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ».

 L'entourage de Ould Kablia rappelle que lorsque Zerhouni avait pris la décision de lancer le biométrique, il n'a même pas consulté son ministre délégué. «Zerhouni a mis en place un système qui ne plaît pas du tout à Ould Kablia», nous avaient-ils dit. Ould Kablia lui avait reproché, avaient-ils souligné, «de recourir pour le biométrique à des méthodes policières de premier ordre notamment pour avoir la carte d'identité nationale. Vous devez apposer les empreintes de vos dix doigts après avoir rempli une dizaine d'imprimés. Tout ça pour que vous devenez un numéro identifiant qui diluerait votre nom dans la paperasse exigée par des pratiques bureaucratiques d'un autre temps. » (Voir Le Quotidien d'Oran du 18 octobre 2009). Zerhouni avait expliqué au président de la République quand il l'avait auditionné le ramadhan dernier que « le numéro d'identification nationale unique (NIN) garantira à moyen terme l'interopérabilité avec l'ensemble des systèmes de gestion ». Ould Kablia a annoncé, jeudi dernier, en marge des travaux du Conseil de la nation qu' « il n'y aura plus de garant d'école, de l'armée, de collègue de travail ou de répondant » qu'il a pris le soin d'agrémenter avec un « oula houm yahzanoun ». (Qu'ils ne s'attristent pas !)

 Il est attendu, par ailleurs, que le nouveau ministre de l'Intérieur apporte sa petite (grande ?) touche notamment au projet de code communal. Il n'a jamais été d'accord, nous dit-on, avec la démarche de Zerhouni, qui, selon l'entourage de Ould Kablia, « a fait amender le code communal par des cadres qui n'ont rien à voir avec la locale ». Selon nos sources, il a qualifié ces amendements « de mesures antidémocratiques et autoritaristes ». Le nouveau ministre de l'Intérieur estime, toujours selon nos sources, que « Zerhouni ne sait pas comment fonctionne une APC dans un système démocratique et décentralisé. Il a voulu créer des pouvoirs de substitution à cette assemblée qui deviendra ainsi trois fois rien. Il veut que seul le wali décide. » Bouteflika semble partager la vision de Zerhouni puisqu'il lui aurait dit à la fin de son audition que « celui qui paie commande ». Il aurait affirmé cela après avoir décidé de débloquer annuellement 150 milliards de dinars pour le financement des plans communaux de développement (PCD). Il aurait ainsi refusé que la commune décide de son budget. Zerhouni veut faire en sorte d'éloigner les élus de la gestion financière des PCD. Une option qui devra être certainement consolidée par les effets de la prochaine révision de la loi électorale et des textes réglementaires qui lui sont afférents.