Au complexe sidérurgique du géant mondial de l'acier à Annaba, c'est le
dialogue de sourds qui s'est installé, depuis maintenant le début de l'année.
Les grèves à répétition, qui bloquent le fonctionnement de ce complexe et grève
sa production sur fond de conflit syndical, risquent de connaître, dans les
prochains jours, un point de non retour. La grogne des syndicalistes semble,
cette fois-ci, être beaucoup plus canalisée vers le départ du géant indien de
l'acier du marché algérien, et son remplacement par une entreprise étatique,
selon des déclarations du secrétaire général du syndicat d'entreprise. En fait,
la direction générale d'Arcelor Mittal, les travailleurs et les responsables du
secteur seront fixés, jeudi, sur la suite des événements, après une assemblée
générale des salariés de l'usine, a annoncé, hier mardi, un communiqué de ce
syndicat. «Une assemblée générale des salariés de l'usine Arcelor Mittal Annaba
se tiendra, jeudi prochain, dans l'enceinte du complexe pour approuver une
grève destinée à faire aboutir des revendications socioprofessionnelles»,
précise le communiqué du syndicat d'entreprise. Il poursuit: «le syndicat vient
de connaître une phase de rupture de dialogue avec la direction générale de
l'usine Arcelor Mittal Annaba». Ce qui était dans l'air depuis le début du mois
de juin, avec une demande de conciliation du syndicat d'entreprise autour d'une
plateforme de revendications salariales, se précise, aujourd'hui, avec la
menace d'une grève générale des travailleurs du complexe d'El Hadjar. Les
revendications portent essentiellement, sur «l'augmentation des salaires et aux
mesures d'accompagnement liées à la mise à la retraite», indique le secrétaire
général du syndicat d'entreprise M. Smaïn Kouadria, lors d'une conférence de
presse. Selon la direction générale, un accord collectif (pacte d'entreprise),
régissant en particulier l'évolution des salaires jusqu'à fin 2010, a été signé
avec le partenaire syndical, le 7 juillet 2009. Mais, l'annonce des conventions
de branches pour l'augmentation des salaires dans plusieurs secteurs
économiques, semble avoir faussé les données du conflit salarial entre le
syndicat d'entreprise et la direction générale d'A.M. Le débrayage semble déjà
prévu depuis quelques jours, l'assemblée générale de jeudi, ne faisant
qu'officialiser une grève inévitable, selon plusieurs observateurs de ce
conflit qui perdure depuis le début de l'année. Samedi dernier, les deux
parties se sont séparées sans résultat, après une réunion «à blanc», aucune solution
n'a été trouvée pour l'application de la convention de branche, réclamée par le
syndicat d'entreprise.
Selon le directeur général
d'Arcelor Mittal, Vincent Le Gouïc, son entreprise est prête à appliquer la
convention de branche si «la loi nous le dicte», soulignant que «nous avons
demandé à notre partenaire social de se référer à la justice pour régler ce
problème (de convention de branche)». Il précise au passage que la grille des
salaires que propose son entreprise est plus intéressante que celle de la
convention de branche. Le SG du syndicat d'entreprise le confirme, d'ailleurs :
«nous ne ferons aucune concession quant à l'application de la convention de
branche». Le décor pour un nouveau débrayage est planté, et Arcelor Mittal sera
mis sur le gril par un syndicat d'entreprise puissant et influent avec ses
6.000 adhérents. Des sources proches du syndicat parlent même d'un forcing qui
pourrait aller, sinon accélérer le départ d'Arcelor Mittal «s'il le faut» pour
assurer la satisfaction des revendications des travailleurs. Pour rappel, un
débrayage de 9 jours avait été organisé au début de l'année, et les
travailleurs ne sont retournés à leurs fourneaux qu'après avoir reçu
l'assurance de la non fermeture de la cokerie, adossée à un plan d'investissement
de quelque 200 millions de dollars sur la période 2010-2014. La capacité de
production théorique du complexe est de 2 millions de tonnes d'acier liquide
par an.