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Tourisme : des projets nationaux ficelés et des IDE en attente

par Ali Bouazid

Le dernier remaniement ministériel a découplé le tourisme de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'arrivée de Smaïl Mimoune signifie-t-elle un changement de cap ? Quoi que l'on puisse dire sur l'état actuel du secteur du tourisme, Cherif Rahmani qui en avait la charge depuis juin 2007 a laissé une stratégie et des projets.

« Dounya Parc Alger» lui avait été présenté par le Groupe Emirati EIIC qui a également proposé deux autres projets de parc à Oran et Annaba. La particularité de «Dounya Parc Alger» est qu'il comporte une partie immobilière de 1 000 logements dont la construction est prévue dans cet espace verdoyant à l'Ouest d'Alger.

A l'origine, ce parc devait être initié par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme qui avait d'ailleurs engagé des procédures à cet effet. On ne sait pas dans quelles circonstances l'Emirati EIIC est venu à s'y intéresser, en tous cas il s'est basé sur cette vaste assiette foncière pour élaborer son projet. Mais, indépendamment de la sourde grogne des amoureux de la nature, hostiles à l'édification de 1 000 logements, il s'est heurté à la dimension de l'assiette qui empiétait sur des terres privées. Les propriétaires ont intenté des actions en justice tandis que quelques parcelles ont été intégrées sous le sceau de l'utilité publique. Cela a été le cas pour le terrain de la coopérative Amel d'Ouled Fayet dont une quarantaine d'adhérents protestaient contre le fait, selon eux, que ce terrain destiné à «Dounya Parc» (800 ha) aurait été récupéré pour y construire une infrastructure sportive. Ils en avaient déduit que le ministère renonçait à cette parcelle. Aujourd'hui, on laisse entendre que ce serait l'ensemble du projet qui serait abandonné à cause des problèmes suscités par l'assiette foncière. Il y a quelques jours, le contrat de suivi du projet «Dounya Parc Alger» a été abrogé, sans que l'on puisse en connaître la raison. Finalement, cet espace vert clôturé où des arbres ont été plantés va-t-il ou non être concédé à EIIC ?

«Villages touristiques d'excellence»

L'interrogation est valable pour une série de projets dont hérite Smaïl Mimoune, le nouveau ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Durant le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme animé par Chérif Rahmani, un seul projet d'investissement étranger (IDE) a légèrement progressé, celui d'Emiral. Après avoir «maturé» pendant environ deux années, cette société emirato-algérienne a finalement obtenu une assiette foncière à Moretti, dont une partie est forestière (Sid Fredj). Il semble que cette assiette ne soit pas encore suffisante pour y construire notamment un hôtel, une polyclinique, un centre commercial, des bureaux et des appartements grand standing, en tout 2004 lits.

Ce type de projets catalogués «village touristique d'excellence» par Chérif Rahmani doivent désormais être réactivés par le département de Smaïl Mimoune. Ils sont au total quinze projets portés principalement par des investisseurs des pays du Golfe. Dans le lot, les projets de Cevital (Village touristique d'Oued Bellah à Tipaza avec 1426 lits et le village touristique d'Agrioun (Bejaia) avec 1 282 lits), d'EIIC (le village touristique Messida, (El Tarf) avec 2 440 lits, celui de Aïn Chorb à Aïn Taya monté par EIIC et Kuwaitian Invest Group (Koweit) avec 5 985 lits et celui de Moscarda à Tlemcen avec 732 lits, monté par EIIC et «Saraya»). Il y a ceux du saoudien Sidar, à Annaba, Boumerdés et Zéralda, dont on se demande si son renoncement est définitif. On a aussi le projet de village touristique «Medi Sea» à Boudouaou el Bahri porté par la société américano - tuniso - algérienne SIAHA avec 17 510 lits, ou encore le projet de village «Hélios» à Kristel (Oran) avec 220 lits présenté par un investisseur résident en France.

Une stratégie et des investisseurs

Ces projets et d'autres sont en attente à différents niveaux du parcours avant de pouvoir entrer dans la phase d'exécution. L'obstacle principal semble être toujours et encore celui du choix des assiettes foncières. On a pu constater que des investisseurs veulent obtenir des terrains à vocation agricole ou relevant du domaine forestier, en violation de la législation et de la réglementation en vigueur. Sur ce plan, tout indique que le ministère de M.Chérif Rahmani - en charge aussi de la préservation de l'environnement ? a bien résisté à cette tentative de poussée du béton.

 Comment s'y prendra le nouveau ministre Smaïl Mimoune ? Gardera-t-il le cap ? Il hérite du «Sdat», schéma directeur d'aménagement touristique 2025. Cette stratégie est basée sur l'hypothèse que «le tourisme constitue le nouveau moteur de développement durable, de soutien à la croissance et de vecteur clé de la tertiarisation de l'économie en raison du potentiel de création de richesses, d'emploi et de génération de revenus durables». Avec le «Sdat», les observateurs notent qu'une grande partie du travail est «mâché». Si l'on ajoute qu'en début d'année quatre-vingts nouveaux projets, portés par des investisseurs nationaux, ont été agréés pour l'ensemble du territoire national, on peut considérer que le cap est tout tracé. Ces projets prévoient la réalisation de près de 7 000 lits et la création de plus de 10 000 emplois. Et cerise sur le gâteau, «l'ensemble des investisseurs disposent d'assiettes foncières et d'apports en autofinancement pour la réalisation de leurs projets».