Malgré l'absence des statistiques fiables, les spécialistes tirent la
sonnette d'alarme et avancent que le nombre des cas de sida ne cesse
d'augmenter en Algérie. Rien qu'à Oran, une vingtaine de nouveaux cas ont été
enregistrés depuis le début de l'année en cours. Selon le service de prévention
de la direction de la santé et de la population, 38 cas de porteurs du virus
ont été déclarés en 2009, contre 13 cas durant le premier trimestre de l'année
en cours. Ces chiffres sont cependant loin de refléter la situation réelle du
sida à Oran. Par ailleurs, plus de 200 nouveaux cas sont enregistrés chaque
année au service des maladies infectieuses du centre hospitalo-universitaire
d'Oran, avec une moyenne de 4 cas par semaine. Un service qui accueille les
malades des villes de toute la région de l'Oranie. Plus de 2.000 cas connus
sont atteints du virus du sida en Algérie, tandis que d'autres, dont le nombre
est estimé entre 16.000 et 20.000, échappent ou évitent toute prise en charge
ou opération de contrôle médical. Certains séropositifs ignorent qu'ils sont
porteurs du virus, et de nombreux sidéens ne déclarent pas leur maladie de
crainte de la ségrégation. Il y a aussi la honte. S'ajoute à cela la
diversification des cas de contamination, le manque de campagnes de
sensibilisation, ainsi que le manque de structures spécialisées dans la prise
en charge des personnes vivantes avec le virus dans les autres wilayas.
Créé dans le cadre du programme
de la lutte contre la propagation du HIV, le centre de dépistage (anonyme et
gratuit) du sida et autres maladies sexuellement transmissibles, rattaché à
l'EPSP d'Es-Seddikia, n'enregistre pas une grande affluence des citoyens. En
dépit des examens prénuptiaux, exigés depuis quelques années aux futurs mariés,
notamment la sérologie complète, les candidats au dépistage précoce du sida ne
se bousculent pas aux portes du centre, qui est pourtant prêt à accueillir,
sans ordonnance, anonymement et gratuitement, chaque individu voulant pratiquer
un test de dépistage. La proportion des personnes qui se soumettent à ce type
d'examens reste très timide, voire insignifiante.