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Scénarios pour l'après-achat de Djezzy

par Salim Rabia

En officialisant de vendre Djezzy à l'Etat algérien, le groupe de Naguib Sawiris répond à une exigence du gouvernement.

Les négociations peuvent s'ouvrir. Mais que faire de l'entreprise une fois achetée ? MTN, Etisalat et d'autres sont en attente d'une réponse?

Emirates Telecommunications Corp (Etisalat) n'a pas fait d'offre pour le rachat de Djezzy. Le président du Conseil d'administration du groupe émirati, Mohamed Hassan Omrane, a démenti catégoriquement dimanche l'existence de discussions ou d'offres à Orascom. C'est la dernière péripétie dans le feuilleton Djezzy.

 L'annonce officielle par le groupe Orascom Télécom Holding qu'il avait saisi officiellement le gouvernement algérien de sa disponibilité à entamer des pourparlers pour la vente de sa filiale algérienne (OTA), n'a pas fait tarir les rumeurs. Le patron d'Etisalat avait par le passé marqué son intérêt pour Djezzy mais en prenant la précaution de souligner que cela passait nécessairement par un accord avec l'Etat algérien.

 Or, l'Etat algérien, par la voix de son ministre des Finances, Karim Djoudi, a déjà signifié qu'il entendait acquérir Djezzy à 100%. Les responsables algériens n'ont cependant pas indiqué ce qu'ils comptaient faire de Djezzy après son éventuel rachat. La garder « à 100% » propriété de l'Etat équivaudrait à avoir deux entreprises publiques en concurrence sur le marché. A demi-mots, beaucoup craignent surtout que cela ne se traduise par un affaiblissement du management de Djezzy.

Message sibyllin de Medelci

 L'option que le gouvernement algérien cède jusqu'à 49% des parts de Djezzy après son rachat paraît, aux yeux de beaucoup de spécialistes, la formule la plus souhaitable. Au plan légal rien, en l'état actuel de la législation, n'empêcherait l'Etat algérien de remettre en vente jusqu'à 49% des parts de Djezzy rachetée pour permettre à un opérateur des télécoms - Etisalat ou MTN par exemple - d'entrer dans le capital et d'assurer le management de l'entreprise.

La règle des 51/49% du capital serait ainsi respectée sans pour autant transformer une entreprise aussi rentable que Djezzy en Mobilis bis. Le gouvernement n'a donné aucune indication claire de ses intentions, mais les propos de certains responsables publics n'excluent pas cette option. C'est la lecture qui a été faite des propos, quelque peu sibyllins, de Mourad Medelci, le ministre algérien des Affaires étrangères, après sa rencontre avec la ministre des Relations internationales et de la Coopération d'Afrique du Sud, Maite Nkoana Mashabane.

Un avenir avec l'Etat algérien

 Tout en annonçant clairement que la page des pourparlers MTN-Orascom « était tournée », le ministre algérien des Affaires étrangères a laissé les portes entrouvertes pour une entrée du groupe de téléphonie mobile sud-africain. «Je voudrais vous rassurer que moi et ma collègue, avons abordé ce sujet dans un climat très positif et de grande sérénité (?) Les entreprises sud-africaines et, en particulier MTN, ont toujours la possibilité de travailler en Algérie et que beaucoup d'occasions se présenteront à l'avenir». Toute la question est de savoir si «l'avenir» en question arrivera immédiatement après le rachat de Djezzy. La célérité avec laquelle le président du Conseil d'administration d'Etisalat a démenti les rumeurs sur l'existence de tractations avec Orascom est un signe qu'il pense à cet «avenir» qui ne peut se faire qu'avec l'Etat algérien. Quand à MTN, il devrait trancher au cours de la semaine sur le rachat éventuel des actifs d'Orascom Télécom en Afrique sub-saharienne et éventuellement en Tunisie. Si ce rachat se fait et s'étend jusqu'à la Tunisie, prendre option pour 49% de Djezzy «nationalisée», aurait du sens pour le grand groupe sud-africain. Mais avant d'arriver à ces scénarios, il faudra qu'Orascom Télécom et l'Etat algérien parviennent à un accord sur le prix de Djezzy. Ce n'est pas une mince affaire.