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Tabagisme: La «chemma» plus nocive que la cigarette

par Djamel B.

Le risque de développer un cancer de la bouche est quatre fois plus élevé chez les consommateurs de tabac à chiquer (chemma) que chez les non chiqueurs. C'est ce qu'a révélé à l'APS, le Pr Salim Nafti, spécialiste des maladies respiratoires et pulmonaires, à la veille de la célébration de la journée mondiale contre le tabagisme. Le même spécialiste a signalé que 8,5% des Algériens consommaient la chemma. 11% des consommateurs de la chemma sont âgés entre 45 et 54 ans, a indiqué le spécialiste.

 Selon le Pr Nafti, de nombreux Algériens, surtout les jeunes, consomment ce tabac et particulièrement ceux qui le considèrent comme une solution de rechange à l'usage du tabac à fumer. De nombreux fumeurs se sont convertis en chiqueurs. Il a, par ailleurs, mis en garde contre la consommation de la chemma dont la composition contient 2.000 substances chimiques où on retrouve les mêmes produits toxiques et cancérigènes contenus dans la fumée de cigarette. La teneur en nicotine de la chemma est plus élevée que celle d'une cigarette car une dose moyenne de tabac à priser conservée dans la bouche durant 30 mn procure autant de nicotine que 4 cigarettes, a souligné le spécialiste. Fabriqué de manière artisanale et dont la composition reste méconnue, le tabac à priser est vendu actuellement en sachet de 20 grammes (couleur verte) et de 30 grammes (couleur marron). La consommation de la chemma ne se limite pas à l'Algérie ni à certains pays maghrébins mais s'étend aux USA, la Grande-Bretagne, la France, le Danemark et la Suède où ce tabac est connu sous le nom de «snass». Connu depuis la nuit des temps dans la société algérienne, ce tabac est consommé par les hommes (11,6%) mais aussi par les femmes en milieu rural (4%).

 Dans les milieux urbains, les femmes sont plutôt portées vers la cigarette.

 Il y a une quinzaine de jours, le Pr Salim Nafti, qui est aussi le chef de la clinique des maladies respiratoires à l'hôpital Mustapha Pacha, avait rappelé les dangers de la consommation de tabac. Le spécialiste avait mis l'accent sur les 25 maladies dues au tabagisme dont 85% touchent l'appareil respiratoire, 30% le cœur et les vaisseaux et 8% causent le cancer. Le même spécialiste a tenu au passage à mettre en garde contre la consommation des cigarettes «light» qui contiennent des matières à même d'accentuer la dépendance à la cigarette. Pour sa part, la coordinatrice de la santé universitaire du secteur sanitaire de Sidi M'hamed, Dr Leïla Boulaaras, avait indiqué que le tabagisme chez les femmes connaît une augmentation alarmante. Mme Boulaaras a fait état d'une hausse sensible du tabagisme parmi la population féminine en Algérie. L'intervenante a tenu aussi à signaler que ce phénomène n'est plus limité aux milieux universitaires précisant que fumer le narguilé pendant une heure de temps équivalait à 200 cigarettes par jour selon l'OMS.