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Le football sera-t-il désormais l'explication facile pour tout ce qui se
rapporte aux relations algéro-égyptiennes ? L'approche est contestable...
Les groupes Mtsui (Japon), ArcelorMittal (Inde) et Cévital (Algérie) ont fait des offres pour la réalisation de projets sidérurgiques dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel. C'est cela la vraie nouvelle annoncée par Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, l'annulation du projet El Ezz Steel étant déjà connue (cf Le Quotidien d'Oran du 13 avril 2010 - Pourquoi El Ezz Steel n'investira pas en Algérie). Des trois projets en lice, deux seulement seront retenus, a indiqué jeudi le ministre en réponse à une question orale d'un député. «Nous sommes en train d'étudier trois offres des groupes Mitsui (japon), ArcelorMittal (Inde) et Cévital (Algérie) pour la réalisation de ces projets sidérurgiques. Mais la superficie limitée de la zone (de quelque 500 hectares) ne nous permet pas d'accepter plus de deux d'entre eux ». Ces offres interviennent suite au «récent gel » du projet d'El Ezz Steel. La vraie nouveauté sur le dossier El Ezz Steel est que c'est bien la première fois qu'un ministre algérien établit un lien entre l'annulation d'un projet d'investissement égyptien et la «crise » née entre l'Algérie et l'Egypte du fait de la compétition pour l'accession à la phase finale de la Coupe du monde. «Nous avions entamé les discussions avec El Ezz mais les événements entre l'Algérie et l'Egypte, suite au match de football, et la crise économique internationale ont conduit au gel total du projet», a-t-il déclaré. Quelle est la part de la crise économique internationale et de la «crise footballistique » algéro-égyptienne dans l'annulation de ce projet d'investissement de 1,25 milliard de dollars ? Les propos de M. Hamid Temmar ne donnent pas une indication. Certaines sources, qui avaient annoncé il y a plusieurs semaines la fin du projet El Ezz Steel à Jijel, minimisent l'importance des disputes footballistiques. Ou alors, elles ont un effet très indirect. Selon ces sources, le groupe d'Ahmed Ezz, un proche de Hosni Moubarak et un dirigeant du PND au pouvoir, comptait sur son entregent politique pour obtenir des privilèges en Algérie. El Ezz ne se contentait pas des facilités fiscales et parafiscales et des avantages spécifiques accordés par le Conseil national des investissements (CNI). Il cherchait à obtenir que l'Algérie lui construise un quai à Bellara et lui garantisse du gaz à prix subventionné pour une durée de 25 ans. El Ezz attendait également que l'Etat algérien construise une centrale électrique. La «crise footballistique » a eu peut-être l'effet de convaincre Ahmed Ezz qu'il est vain d'essayer d'obtenir ces privilèges... Le football ou l'effet Lafarge ? «Si le politico-entrepreneur égyptien abandonne son projet, c'est qu'il a fini par se convaincre peut-être qu'en l'état actuel des désamours officiels et populaires, sa quête de privilèges ne sera pas assouvie », pouvait-on lire le 13 avril dernier dans notre journal. Au moment de la signature du contrat en 2009, Ahmed Ezz ne tarissait pas d'éloges pour le «climat favorable et propice pour l'investissement en Algérie » et les «conditions favorables à même de relancer et d'inciter à l'investissement en Algérie où existent de nombreuses opportunités favorisées par des mesures d'encouragement et d'incitation ». Le groupe égyptien semblait compter sur des liens politiques - aujourd'hui quelque peu distendus - pour avoir plus de privilège. Le football - et ses débordements - n'est qu'un ingrédient - pas le plus important - dans l'attitude de ces hommes d'affaires égyptiens. Le dernier bilan présenté par Orascom Télécom montre que les pertes d'abonnés enregistrés par Djezzy dans la foulée des disputes liées au football ont été rattrapées et dépassées. Djezzy a même enregistré un accroissement de 4,6% de ses abonnés. Si aujourd'hui Orascom cherche à se retirer d'Algérie, il serait faux d'en incriminer le football... L'effet le plus sérieux a été la vente de la filière ciment à Lafarge qui a entraîné un changement lourd dans la législation algérienne en matière d'investissement. Voilà un contexte plus sérieux pour expliquer le renoncement d'El Ezz Steel que cette histoire de ballon. |
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