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Hassan Khelifati, PDG d'Alliance Assurances : «Nous avons plus d'un recours pour augmenter notre capital»

par Elkadi Ihsane

Le PDG de la seconde compagnie d'assurance privée en 2009 se dit confiant : la croissance d'Alliance Assurances se poursuit et l'obligation d'augmenter le capital à 3 milliards de dinars est appréhendée «sereinement». Pourquoi, comment. Entretien.

Vous avez clôturé vos comptes de 2009. Comment a été l'année pour Alliance Assurances ?

Hassan Khelifati : Cela a été une bonne année. Notre chiffre d'affaires a poursuivi sa forte progression de 2007 et 2008. Il a augmenté de 80% à 2,850 milliards de dinars. Notre résultat net pour l'année est également en hausse à 313 millions de dinars. Cela fait désormais d'Alliance Assurances la seconde compagnie privée du pays. Nos performances de 2009 sont d'autant appréciables que le marché de l'assurance n'a pas connu la même avancée. Les mesures de suppression du crédit à la consommation notamment ont entamé ses prévisions de croissance. Dans le cas de la garantie du crédit d'achat d'automobile, c'est une ressource qui était en développement chez les compagnies d'assurance qui a disparu au second semestre.

Q : Est-ce que de tels résultats vous permettent de distribuer des dividendes à vos actionnaires ?

R : Depuis la naissance d'Alliance Assurances en 2005, nous n'avons pas distribué de dividendes. L'heure n'est pas encore venue pour cela et les actionnaires le comprennent très bien. Nous avons encore de nombreux challenges à gagner et nous mobilisons toutes les ressources pour cela. Notre objectif de croissance de notre chiffre d'affaires est de 30% pour 2010 à 3,5 milliards de dinars. Nous avons, par ailleurs, des progrès à réaliser dans la qualité de service, l'innovation dans les produits, et la formation de la ressource humaine. Nous y travaillons. Nous lançons justement un centre de formation Alliance Assurance au centre Al Qods de Cheraga où nous avons acquis 4000 m2 de bureaux pour installer notre nouveau siège social. Nous allons également accélérer le développement de notre réseau en effort propre, mais aussi en signant, sans doute dans le courant de cette année, un partenariat avec une grande banque privée pour lancer une bancassurance où nous pourrons distribuer nos produits. L'expérience des bancassurances en est à ses débuts en Algérie, les partenariats publics-publics de ces dernières années n'ont pas vraiment fonctionné et nous pensons arriver rapidement sur ce créneau pour le faire décoller aux côtés d'autres acteurs privés.

Q : 2010 est tout de même une année particulière dans le développement de l'activité assurance, les compagnies devant réaliser une importante augmentation de capital et une filialisation des métiers avant la fin de l'année. Comment Alliance Assurances se prépare à cette échéance ?

R : Sereinement. Il faut savoir que les apports doivent être en numéraires, ce qui complique un peu les choses, mais nous sommes en train d'agir sur quatre leviers pour atteindre les 2 milliards de dinars de l'activité assurance des risques et le milliard de dinars de la branche assurance des personnes. Nous comptons d'abord réaliser une partie de l'augmentation de capital en interne en recourant à nos actionnaires historiques. Nous envisageons dans le même temps d'ouvrir le capital d'Alliance Assurances à un noyau d'investisseurs locaux. Nous prévoyons également de recourir à des partenariats avec des fonds d'investissements multilatéraux. Nous sommes en pourparlers avec la SFI et la BAD (banque africaine de développement). Si tous ces apports ne suffisent pas, car nous voulons aller au-delà des 3 milliards de dinars prévus par la loi, afin d'assurer le développement de nos activités, alors nous solliciterons une introduction en bourse. Une partie de notre augmentation de capital contribuera à lancer la bourse d'Alger et notre croissance sera partagée avec des nouveaux porteurs. Nous travaillons avec la COSOB sur cette opération.

Q : Il a été beaucoup question également de fusions entre compagnies d'assurance privées afin d'atteindre plus facilement la taille de capital exigée?

R : Nous avons eu des discussions prospectives avec un partenaire du secteur. L'option de la fusion n'est pas écartée. Il y'a aussi le scénario d'un partenariat avec une major internationale de l'assurance. L'idée des 51%-49% a fait son chemin et après la Macif qui s'apprête à se lancer dans un partenariat en étant minoritaire, il semble que le géant AXA lui-même n'exclut plus cette possibilité pour travailler en Algérie. Toutefois, le sentiment dominant chez Alliance Assurances est que le partenariat stratégique doit se nouer ultérieurement. Nous avons encore une belle marge de progression sur les trois ou quatre années qui viennent afin d'atteindre une taille plus adaptée aux enjeux d'un partenariat de ce type. Une certitude, pour nos actionnaires, le rapprochement avec un partenaire stratégique est une option vitale.

Q : Est-ce que vous ne donnez pas le sentiment d'être un peu trop confiant compte tenu du marasme ambiant du climat des affaires que vous connaissez bien en tant que membre du FCE ?

R : Peut-être. Mais cela repose sur une perception lucide du potentiel en place. Dans le cas du marché de l'assurance il est considérable, le plus fort dans le monde arabe. Pour le reste, le climat des affaires, je suis persuadé que les choses vont repartir dans le bon sens. En attendant, nous avons un cadre d'activité qui va être mieux protégé pendant quelques années. Avec l'augmentation du capital, les barrières d'entrée se sont élevées. La licence pour un nouvel entrant étranger coûte 20 millions d'euros. Cela donne un avantage à ceux qui sont déjà dans le métier. Nous allons lever de nouveaux fonds propres et nous développer. Je suis optimiste.