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La cinémathèque d'Oran abrite un cycle sur la coproduction dans le cinéma
algérien («un film, une époque.»). Mercredi dernier, le jour du coup d'envoi du
cycle, une conférence a été organisée, en présence de Hocine Arhab, l'ancien
responsable du volet cinématographique, au ministère de la Culture (1983-2005).
Hocine Arhab a commencé son exposé par une petite chronique du cinéma algérien,
qui a vu le jour en 1963, lors de la création de la RTA (l'ex-ORTF), où déjà un
véritable chef-d'œuvre a été tourné : «La nuit a peur du soleil». En 1964, à la
création du CNC (Centre national du cinéma), le parc de salles dont disposait
l'Algérie, à travers tout le territoire national, s'élevait à exactement 468
salles obscures, et toutes étaient inscrites dans le patrimoine du CNC. Cette
époque-là était, véritablement, l'âge d'or du cinéma algérien; ceci dit, la
déchéance a débuté lorsqu'il fut décidé que les salles de cinéma soient sous la
tutelle des communes et des collectivités locales? et c'était le commencement
de la fin: an après an, les salles fermaient. Ce qui avait amené le CNC à se
dissoudre par voie naturelle, avant de renaître quelque peu en 2004.
Orientant ensuite la conférence sur le sujet du jour, à savoir la coproduction, le conférencier dira qu'il s'agit de la conjugaison d'efforts de deux partenaires pour une œuvre commune. Si les partenaires sont au nombre de deux, on a affaire à une coproduction bipartite; s'ils sont plus de deux, il s'agit de coproduction multipartite. Mais il est préférable, afin de dissiper toute mésentente, qu'il y ait, au préalable, un accord dans ce domaine, entre les deux pays concernés. A titre d'exemple, durant les années quatre-vingts, Mohamed Meziane et Jack Lang, respectivement ex ministres de la Culture, algérien et français, ont signé à cette époque, un accord d'association cinématographique entre les deux pays. Plus récemment, en 2007, cet accord a été signé de nouveau, avec la France, puis ratifié l'année suivante. Au total, depuis l'indépendance de l'Algérie jusqu'à ce jour, 182 films ont été coproduits avec l'Algérie; et cela sans comptabiliser les films produits en France, mais de cinéastes algériens. De ces films, 49 ont été coproduits avec la France, 5 avec l'Italie, 4 avec l'Egypte, mais aussi, peut-on citer d'autres films, dont certains sont introuvables à ce jour, coproduits avec les pays du Maghreb, la Bulgarie, le Vietnam, l'Ouzbékistan?. Le conférencier a tiré la sonnette d'alarme sur l'état des lieux actuels. Il préconise de s'inspirer, un tant soit peu, de l'expérience marocaine, où on accorde une grande importance à l'industrie cinématographique. Il préconise, également, d'élargir, en toute urgence, le parc des salles, réhabiliter celles qui sont vétustes, et enfin diminuer la fiscalité pour les distributeurs, et ceci afin de les encourager. «Les films sont taxés comme des produits de luxe, alors qu'en fait, il s'agit de produits culturels». Il préconise, enfin, qu'il y ait une dynamique dans le domaine du cinéma à l'échelle nationale. «Pour cela, dit-il, il faut qu'il y ait une cinématographie nationale au lieu d'activités cinématographiques. A ce sujet, il y a une ordonnance qui remonte à 1968! Cette loi, au lieu d'être coercitive, doit être incitative!» Le programme spécial «coproduction» est à l'affiche de la cinémathèque jusqu'à la fin juin. Il comprendra, notamment, la projection de «Trois pistolets contre César» western algéro-italien de Moussa Haddad et Enzo Peri; mais encore, «Z» de Costa-Gavras (algéro-français); «Soleil noir» de Denys de La Patellière (algéro-italien) ; «Elise ou la vraie vie» de Michel Drach (algéro-français); «El Ousfour» de Youssef Chahine (algéro-égytien), ou encore un film tout récent : «Mascarades» de Lyes Salem (algéro-français). |
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