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L'Algérie face à la crise en zone euro

par Kharroubi Habib

Pour l'immédiat, l'Algérie ne pâtit pas de la crise qui malmène la zone euro. Au contraire, elle y trouve son compte à divers titres. Elle peut escompter en premier lieu une baisse substantielle du coût de ses factures d'importation à partir de cette zone, dont la monnaie subit une dévaluation consistante et qui est, rappelons-le, le premier fournisseur du marché algérien.

 A ce gain non négligeable, pourrait s'ajouter la possibilité que l'Algérie, qui dispose d'un alléchant matelas de devises, devienne un partenaire attractif pour les pays de cette zone en grand besoin de disponibilités financières.

 Ce que le pays peut faire valoir dans la négociation qu'il s'apprête à engager avec l'Union européenne en vue de la révision de certaines clauses de leur accord d'association. D'autant, comme l'a expliqué M. Brahim Gacem, expert financier international, dans sa communication au centre de presse d'El Moudjahid, que les pays européens, en proie à la crise en zone euro, ont eu recours à des recettes pour s'en protéger, qu'ils pressent les autorités algériennes de ne pas rappliquer pour défendre leur économie nationale face à l'inégal rapport de force qu'elle a avec celles de l'Union européenne.

 Pour l'heure donc, il n'y a assurément par le feu pour la maison Algérie à cause de cette crise de la zone euro. Surtout qu'elle n'a pas encore d'incidences menaçantes sur les cours pétroliers qui, quoique ayant connu un fléchissement, se maintiennent tout de même dans une fourchette entre 75 et 80 dollars. Des hauteurs de prix du baril qui ne font pas peser une menace inquiétante sur les rentrées financières de l'Algérie. Au moins pour un temps. Car il y a risque qu'en perdurant, la crise de la zone euro affecte en la ralentissant la reprise économique qui se dessinait dans les pays européens, après les grandes frayeurs provoquées dans leur économie par la crise financière partie des Etats-Unis. Lequel ralentissement se traduirait inévitablement par celui des exportations de pétrole.

 Cet engrenage serait alors lourd de conséquences pour l'Algérie, dont la seule source de revenus consiste en ses exportations de gaz et de pétrole.

 Autant dire que malgré l'embellie financière dont peut bénéficier l'Algérie avec cette crise de la zone euro, il se pose à elle la question existentielle de ne plus dépendre essentiellement de ses ressources pétrolières. Le pays n'a pas été dramatiquement affecté par la première vague de la crise mondiale grâce à la prudente politique financière suivie par les autorités. Mais ce filet de sécurité a ses limites, au cas où la crise mondiale perdurerait en s'aggravant avec les déboires financiers et économiques de la zone euro.

 Cette perspective devrait inciter nos dirigeants à sortir l'économie nationale de l'immobilisme dans lequel elle se trouve, faute d'une vision claire du comment elle doit être organisée pour répondre aux défis qu'elle est seule à pouvoir relever.