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![]() ![]() ![]() Belgique: Des musulmans prient dans une église
par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med ![]() Des musulmans accomplissant la prière du vendredi dans une église. Cela
se passe en Belgique, pays qui a interdit dans les lieux publics le port du
voile intégral, considéré à tort comme une obligation islamique.
Une église accueillant des dizaines de musulmans pour la prière du vendredi, voilà une scène qui secoue depuis quelques semaines, en Belgique, les esprits adhérents au «choc des civilisations». A Gilly, ville située à quelques kilomètres de Charleroi en Wallonie francophone et peuplée de quelque 25.000 habitants, vit une communauté musulmane composée, essentiellement, d'immigrés maghrébins. Leur mosquée (ils ont en une) n'est pas disponible en raison de travaux de rénovation et tracasseries administratives. Ayant appris la nouvelle, le curé de l'église Saint-Lambert de Gilly, le père Henry Rémy, a saisi l'occasion pour nouer, à son niveau, un dialogue sincère entre musulmans et chrétiens. Le curé a invité les musulmans à accomplir la prière collective du vendredi en son église. L'imam et les fidèles musulmans ont saisi à leur tour l'occasion pour répondre, à leur niveau, à cette invitation au dialogue, à la prière, à la communion entre leurs communautés religieuses. Et c'est ainsi que les télévisions belges se sont précipitées pour filmer la scène «étrange» qui se déroule, depuis le début du mois de mai, chaque vendredi dans l'église Saint-Lambert : les bombeuses chaussures au seuil de l'église, le déroulement des tapis de prière, les fidèles alignés en ordre de prière et l'imam usant de l'autel de l'église comme mihrab pour son prêche et la voix du muezzin jaillissant? du clocher de l'église. Interrogé par les reporters de télé, l'imam a tenu à préciser que le rite de la prière en islam interdit les représentations idolâtres ou objets de culte, et c'est avec l'accord du curé que ce genre de représentations (statuettes) sont couvertes au regard durant la prière. Les caméras de télé n'ont pas manqué de fixer leurs objectifs sur la croix chrétienne, haut placée à la limite de la voute de l'église, ainsi que la statue de Jésus, toutes deux difficiles à «cacher». Puis le commentaire du journaliste : «des musulmans priant sous le regard de Jésus». Le père Henry Rémy, 90 ans, quelque peu étonné par l'intérêt des médias à son geste a expliqué (rappelé) : «On prie le même dieu, mais différemment. Chacun a sa façon de prier» avant d'ajouter : «Cela a fait un petit boom pour les chrétiens d'ici qui se disent : mais qu'est-ce que c'est ? C'est simple et c'est clair ! Maintenant, le tout est d'amorcer des dialogues.» La suite de cet épisode unique et exceptionnel en ces temps de crises, en particulier identitaire en Occident, dépend du sort de la mosquée qui n'est pas prêt à être réglé de sitôt. Dans l'attente d'un permis d'urbanisme, le vice-président du comité de gestion de la mosquée de Gilly, Mohamed Benachir, a déclaré : «J'espère que la bonne volonté politique nous trouvera quelque chose pour la semaine prochaine. Sinon, on continue de vagabonder. On attend un miracle». Et pourtant? musulmans et chrétiens de Gilly vivent, grâce à la générosité et au dialogue entre deux êtres humains, le curé et l'imam, une chose extraordinaire : la tolérance, la fraternité, la solidarité et le dialogue entre communautés religieuses, c'est-à-dire un miracle. |
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