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L’actualité de la crise financière en Europe apporte chaque semaine son lot de nouveautés et de surprises. L’une d’elles concerne la Banque centrale européenne (BCE), gardienne du dogme de l’euro fort et de la lutte à n’importe quel prix contre l’inflation. Que n’a-t-on dit ou écrit à propos de la rigueur de la BCE et de la fermeté de son président Jean-Claude Trichet ! Tous deux ont été régulièrement accusés de saper la croissance en maintenant les taux d’intérêts à un niveau élevé. Souvenons-nous aussi qu’à chaque critique émise par les gouvernements européens, ledit Trichet avait cette formule magique pour réponse : l’indépendance de son institution. Or, voilà que cette dernière est accusée, notamment en Allemagne, d’avoir innové en matière de politique monétaire en cédant à des pressions externes. Le recours à «l’arme nucléaire» A l’origine de ces accusations, la décision de la BCE de racheter des titres de dettes publiques et privées des pays membres de la zone euro qui font face à des difficultés budgétaires (ces achats atteignaient près de 17 milliards d’euros en début de semaine). Ainsi, les banques européennes qui possèdent ce type de dette - et elles sont nombreuses – ont pu s’en délester en les «fourguant» à la BCE qui se retrouve à jouer le rôle d’un établissement de rachat de créances douteuses ! Sur le plan technique, cette opération revient finalement à permettre aux émetteurs de s’endetter encore et aux banques de disposer de liquidités. Tout cela grâce à l’argent du contribuable européen ! L’affaire fait grand bruit car racheter des obligations quasi pourries - c’est déjà le cas de certains titres grecs - n’entre pas dans les attributions de la Banque centrale européenne. Mieux, ces rachats s’apparentent à de la création de monnaie : un comble pour un organisme censé être l’ennemi de l’inflation. «Nous sommes farouchement et totalement indépendants. Cette décision n’est pas le résultat de quelque pression que ce soit» s’est défendu Jean-Claude Trichet. Pour autant, personne n’est dupe. Selon des informations du Financial Times, 47 grandes banques européennes auraient réclamé cette mesure à la BCE. Ces établissements auraient aussi exigé de leurs gouvernements qu’ils fassent pression eux aussi sur la Banque de Francfort pour qu’elle accepte d’employer ce que l’on désigne par «l’arme nucléaire», c’est-à-dire l’achat, par une Banque centrale, d’obligations d’Etat ou privées pour calmer l’agitation du marché. Et comme il s’agit de banques, les gouvernements européens n’ont pu qu’obtempérer. Là où les pouvoirs politiques n’ont jamais réussi à faire plier la BCE, la bancocratie y est donc parvenue sans trop de mal. Une preuve, s’il en fallait une, du pouvoir exorbitant des banques. A quand la mise au pas des banques ? Cela signifie qu’il va falloir tôt ou tard regarder la réalité en face. Dans la recherche de responsables de la crise on cite souvent les fonds spéculatifs, les agences de notation et, de façon plus elliptique, les marchés. Ce que démontre la mesure de la Banque centrale européenne, c’est que les ennuis viennent aussi du comportement des Banques et de leur capacité à toujours mutualiser leurs pertes et à privatiser leurs profits. Il est peut-être temps que l’on réduise le pouvoir de cette industrie. Il fut un temps où les Etats ne craignaient pas de couper les ailes aux trusts pétroliers et aux groupes privés en situation de monopole. La mise au pas des banques est désormais une urgence. |
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