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Projets émiratis en Algérie : stand-by ou relance ?

par Ali Bouazid

De façon récurrente, des projets à caractère économique portés par des ressortissants de pays du Golfe et destinés à être réalisés en Algérie sont annoncés. A moment donné, ils étaient officieusement estimés à plus de 20 milliards de dollars. Pour l'essentiel, ils ne se sont pas concrétisés sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. En général, ces porteurs de projet sont en attente d'une réponse définitive. Les plus résistants attendent parfois quelques années.

Cette situation a amené, récemment, le groupe émirati «Eemar» à se retirer d'Algérie. Il semblerait qu'il se soit heurté à des lourdeurs bureaucratiques colossales. Pendant quelques années, il aurait déployé des trésors de patience pour faire aboutir ses projets, en vain. La même situation vaudrait pour le groupe saoudien «Sidar». Ce dernier voulait construire un village touristique de près de 7 000 lits, sur le littoral, à la sortie Ouest de Zeralda . Ce projet n'a pas connu de suite. Aucun officiel algérien ne s'en est expliqué, à leur tête M. Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme qui se consacre surtout au volet «Environnement». Dans le cas de ce projet de Sidar, dont on ignore le sort, il couvre tout un domaine agricole et une forêt domaniale. A-t-on déclassé ces terres pour les rendre constructibles ? Par quelle procédure ?  

La priorité à l'immobilier

 Des interrogations similaires se posent pour d'autres projets similaires. Ainsi, les Emiratis d'Emiral ont lancé la réalisation de leur complexe à Moretti qui inclut un volet promotion immobilière appuyé sur la banque «Fransabank». Ce projet d'Emiral comprend, entre autres, une policlinique ultramoderne. Or, pour édifier une telle infrastructure, il faut l'aval préalable du ministère de la Santé qui n'a pas été consulté. Les Emiratis d'EIIC, eux par contre, n'ont pas progressé. Si l'on en juge par l'état du projet de Dounya Parc Alger, à l'arrêt depuis des mois, EIIC avait donné la nette impression d'y avoir renoncé. L'absence de communication sur le sujet avait fait le reste.

 Mieux, sur ce projet, les initiateurs se sont heurtés à des propriétaires mitoyens du terrain d'assiette dont ils voulaient récupérer les parcelles. On ignore jusqu'à présent si les procédures judiciaires engagées ont abouti et à quel profit. On rappelle dans ce contexte, la difficulté d'engager une procédure d'expropriation pour utilité publique sachant qu'EIIC compte ? dans ce projet initial ? au-delà du parc de détente, engager également sur cette assiette foncière de la promotion immobilière. On rappelle en même temps que Dounya Parc était à l'origine une idée du ministère de l'Environnement.

 Ce département avait jeté son dévolu sur les vertes collines relevant du domaine public situées à l'Ouest d'Alger, entre Dely Brahim et Bouchaoui, pour en faire un espace vert. Ensuite, il s'en est déchargé à l'investisseur privé EIIC qui compte ? selon une version encore officieuse- y inclure de la promotion immobilière (1 000 lits !) et donc transformer radicalement le paysage originel qui est, pour moment, préservé du béton.

 Pour une partie, certains de ces projets seraient encore en cours de finalisation au niveau de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) avant d'être soumis au Conseil national de l'investissement. Est-ce que la récente visite à Alger du ministre du Développement économique de l'émirat d'Abou Dhabi (Emirats arabes unis), Nacer Ben Ahmed Al-souidi a contribué à faire avancer des dossiers d'investissements ? On ne sait pas si EIIC qui a trois projets type Dounya Parc, respectivement à Alger, Oran et Annaba, a obtenu tous les feux verts.

Des centres d'intérêt

On sait que les Emiratis s'intéressent à présent à la pétrochimie, aux énergies renouvelables notamment l'énergie solaire et que le ministre Nacer Ben Ahmed Al-souidi a évoqué ces sujets avec Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. Concrètement, l'entreprise «Moubadala», présente dans la délégation émiratie est très intéressé pour investir dans la gestion des ressources en eau en Algérie et par la mise en place d'unités de dessalement d'eau de mer et de traitement des eaux usées.

 Encore plus concret, Le conseil d'administration du fonds d'investissement public d'Abou Dhabi, «Aabar Investments PJSC», a approuvé dernièrement, le projet d'investissement dans le secteur de l'automobile avec l'Allemand Ferrostaal et le gouvernement algérien (ministères de l'Industrie et de la Défense). Ce projet prévoit la construction de 10 000 véhicules (camions) en Algérie. Aabar est le principal actionnaire du géant automobile allemande Daimler où il a acquis 9,1% du capital en 2009 pour 2,7 milliards de dollars. D'un autre côté, Abu Dhabi International Petroleum Investment Company, l'un des plus grands intervenants dans Aabar Investments, détient 70% de MAN Ferrostaal qui sera en charge du pilotage de la construction des usines. Parce qu'il est prévu de construire trois usines à Tiaret, Aïn Smara et Oued Hamimine. MAN Ferrostaal sera responsable des projets, les autres entreprises siégeant dans la joint-venture en qualité de partenaires technologiques fournissant les licences et la propriété intellectuelle.

 Toutefois, la tendance lourde - par rapport à ces IDE du monde arabe ? est au stand-by. Ainsi, le possible départ d'Algérie du magnat égyptien de la téléphonie mobile Sawiris pourrait être comblé par le groupe émirati Etisalat. Très prudent, Etisalat a fait savoir que «le choix de l'éventuel partenaire dépendait du gouvernement algérien».