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Autre chose qu'un remake
par Kharroubi Habib
Les citoyens commencent à voir dans la campagne anti-corruption
engagée sous l'autorité de Bouteflika autre chose qu'un remake de celles qui
ont été cycliquement menées par le passé. Même s'ils sont encore dubitatifs sur
sa finalité, ils constatent non sans satisfaction qu'elle n'épargne pas des
milieux et des sphères considérés jusque-là intouchables. Et de fait,
contrairement aux précédentes elle est en train de s'attaquer au phénomène de
la corruption autrement qu'en débusquant d'obscurs petits délinquants. Surprise
par la tournure des évènements, l'opinion publique a dans un premier temps pris
pour argent comptant la lecture qu'en a fait le marigot politico médiatique. A
savoir que si des enquêtes ont concerné ces milieux intouchables, elles ne sont
nullement la preuve d'une volonté politique de s'attaquer au fléau de la
corruption là où sa gangrène fait effectivement le plus de mal aux finances du
pays mais la manifestation de manœuvres opérées l'un contre l'autre par les
clans constitutifs du pouvoir en sourde lutte pour le contrôle de celui-ci.
L'explication a eu un semblant de vérité du moment que les premiers scandales
révélés par ces enquêtes ont éclaboussé des responsables et des personnages que
la rumeur publique décrit comme appartenant ou proche du cercle présidentiel.
D'où l'écoute populaire qu'a eu la spéculation voulant que c'est Bouteflika que
visaient à mettre en difficulté ces enquêtes en établissant un lien entre son
proche entourage et les délinquants confondus par elles. Si tel est le cas
alors Bouteflika est en train de retourner la situation en sa faveur en ayant
donné au gouvernement et aux services en charge de la lutte anti-corruption,
instruction qu'elle n'épargne nul «intouchable» fut-il de ses proches ou de ses
partisans. Quoi qu'en dise la rumeur, et les assertions distillées par ses
adversaires, Bouteflika apparaît désormais comme le maître d'œuvre et le chef
d'orchestre d'une véritable guerre déclarée à la faune des corrompus et prévaricateurs
qui sévissent dans tous les rouages de l'Etat et de l'économie nationale. Il
faut croire qu'il a parfaitement intériorisé le fait que l'inertie des
autorités face à l'extension du fléau de la corruption durant ses deux premiers
mandats a totalement terni leur bilan alors que celui-ci comporte beaucoup de
positif au plan des réalisations. Intériorisation qui lui a fait comprendre que
pour son troisième mandat il devait placer la lutte contre cette corruption en
tant que priorité des priorités de sa gouvernance. Sous réserve que cette lutte
ne soit pas dévoyée et ne concerne pas que les lampistes, l'on ne peut que
saluer la détermination dont le président semble animé dans cette affaire. Ce
qui est en tout cas déjà un acquis est que des milieux qui se considéraient à
l'abri parce que intouchables d'une opération «main propre» se font du mauvais
sang et soutiennent avec mauvaise foi que l'on est dans des règlements de
compte dont ils sont les «victimes innocentes».
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