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Le conseil d'association Algérie-UE: se tiendra à la mi-juin: Les sujets qui fâchent ne manquent pas

par M. Saâdoune

A moins de deux mois de la tenue du conseil d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, Laura Baeza, ambassadeur, chef de la Délégation de l'UE en Algérie, ne doute pas de la solidité de l'accord dont la mise en œuvre se déroule «normalement».

Le 5ème conseil d'association qui devrait se tenir à la mi-juin, «avance bien», les réunions entre hauts fonctionnaires et experts se tiennent régulièrement, les rencontres à niveau ministériel aussi. Le discours de Mme Laura Baeza ne renvoie pas à une relation algéro-européenne en crise même si elle n'exclut pas que certains aspects de l'accord puissent être revus. Un langage de diplomate au demeurant proche de celui du ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, qui avait déjà évoqué, lors de la 4ème réunion du conseil d'association en juin 2009, un «esprit positif» et salué «la grande écoute» des partenaires européens.

 En février dernier, M. Medelci a reçu une délégation de la Commission européenne, dirigée par M. Tomas Dupla Del Moral. Il avait noté à l'occasion que certaines «subtilités» de l'accord n'étaient pas correctement perçues de part et d'autre.

 «Nous avons le sentiment qu'il faut pourtant que cet accord soit non seulement bien compris, mais respecté, telle est la volonté de l'Algérie», avait-il ajouté. Le discours du chef de la diplomatie algérienne contraste avec celui développé par les ministres des Finances et du Commerce, Karim Djoudi et El Hachemi Djaâboub. Ce dernier est le plus en pointe dans les critiques et reproche aux partenaires européens de ne considérer l'Algérie que comme un «simple marché».

Les ministres économiques plus critiques que Medelci

 Karim Djoudi a relevé, en février dernier, à Bruxelles, que la suppression des droits de douanes a entraîné en 2009 un manque à gagner de 2,2 milliards de dollars alors que les flux des investissements européens vers l'Algérie peinent à atteindre 500 millions de dollars. « En dernière instance, c'est moins de ressources fiscales, peu d'investissements, peu d'exportations hors hydrocarbures et une économie qui pourrait privilégier l'acte de commercer à celui de produire ». C'est la grosse critique algérienne de l'accord d'association : l'ouverture du marché algérien n'a pas drainé les investissements européens.

 Les Européens estiment qu'on focalise sur les chiffres de 2009 où, en raison de la crise, les investissements sont en baisse partout dans le monde. En contrepartie, ils soulignent qu'entre 2005-2008, les investissements européens sont passés de 234 millions ? à 1,14 milliard ?. Ils font valoir également que les exportations algériennes hors hydrocarbures ont atteint 1,23 milliard $ en 2008 contre 912 millions en 2007. Le chiffre pour 2009 est cependant plus bas, les entreprises algériennes se heurtant dans leurs efforts d'exportations à des règles et des normes européennes très exigeantes.

 M. El Hachemi Djaaboub a reproché en outre à l'Union européenne d'avoir manqué à son engagement de soutenir l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. «L'Union européenne n'a pas respecté ses engagements écrits pourtant noir sur blanc dans l'accord. Elle s'est engagée à aider l'Algérie à adhérer à l'OMC, elle ne l'a pas fait». Réponse de Tomas Dupla Del Moral : l'UE n'entrave pas le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. «Nous avons envoyé un mémorandum au gouvernement avec toutes les questions qui devraient être réglées dans le processus d'accession à l'OMC, sur lequel nous n'avons pas eu de réponses directes», avait-il indiqué.

 Les prochaines discussions entre l'Algérie et l'UE auront lieu dans un contexte très différent de 2005, date de l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Le gouvernement algérien, «déçu» par le peu d'engagement des investisseurs étrangers, a amorcé un nouveau tournant dans sa politique économique à la mi-2009.

 Les mesures prises dans le cadre de la LFC 2009 sont dissuasives pour l'investissement, estiment les Européens. L'Algérie, estiment-ils, se plaint de ne pas attirer les IDE alors qu'elle a mis en place une politique dissuasive. Les sujets qui fâchent ne manquent pas.