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Guelma: Un 8 mai 1945?

par Menani Mohamed

Par devoir de mémoire nous ne cesserons de rappeler que le mardi noir du 8 mai 1945 à Guelma symbolise la date jalon lumineux dans l'histoire du mouvement national, où l'ordre colonial avait montré son vrai visage sanguinaire et barbare.

A la date repère, l'on reconstitue toujours la symbolique marche de la stèle «El Karmette» jusqu'à la place du 8 Mai 1945 et l'adhésion en masse de la population guelmie prend l'allure sacralisée tant la commémoration ravive le souvenir au nom de toutes les victimes qui sont au cœur de la mémoire collective.

 L'emblème national guidera la marche rituelle et flottera sans risque d'être piétiné par le sinistre sous-préfet d'il y a 65 ans, et la génération qui monte reste à l'éveil pour que nul n'oublie. Dans les sphères sombres d'outre-mer, les nuages du racisme funèbre ne se dissipent toujours pas sous le nombrilisme ambiant des enfants de Jules Ferry, ce père fondateur du colonialisme et son code de l'indigénat. Dans ces arcanes influents du pouvoir hexagonal des apprentis justiciers et des derviches à œillères n'hésitent aucunement à manipuler la sémantique arrogante tout en se refusant à admettre la qualification et la reconnaissance du génocide perpétré en Algérie par le colonialisme, un génocide identitaire, un crime contre l'humanité.

 Un transfuge controversé attend l'extinction de la génération de novembre pour pouvoir reprendre langue avec des interlocuteurs dociles. Il peut toujours attendre car les Algériens ont assez de maturité pour rappeler l'histoire qui avance où seuls les cancres restent sur le quai. Les Algériens d'hier, d'aujourd'hui et de demain ont hérité de cette sève combattante où ils ne se hasardent pas à déchirer les pages de l'histoire mais se contentent simplement de les tourner laissant au french doctor le loisir de se complaire avec son «droit d'ingérence» et aiguiser d'autres instruments du néocolonialisme pour asservir les peuples.

 Des idées dites-vous ? Des idées courtes dans l'amnésie comme stratégie avec cette crainte morbide et maladive de regarder en face son histoire ou de parler de la présence de l'ordre colonial en Algérie. C'est une bonne idée de suivre le jeu de coulisses d'un bossu comme Talleyrand qui renonça dès 1797 à payer la créance de l'Etat algérien que les subterfuges malsains avaient transformé en alibi fondamental dans l'aventure coloniale de 1830.

 La bonne idée d'avoir commis un génocide identitaire avec des généraux de conquête comme Bugeaud, De Montagnac, Pélissier, Lamoricière et? la bonne idée martiale d'orchestrer des carnages d'extermination avec des féodaux comme Duval, Chataignot, Achiary, Tixier ou Lestrades-Carbonnel, qui se sont aussi mobilisés sous la bannière de l'Etat pour effacer le crime d'Etat perpétré en mai-juin 1945.

 Dans l'autre rive de la Méditerranée, les idées foisonnent pour aménager des salons feutrés où l'on concocte des lois amnistiantes, des lois de réhabilitation de criminels de guerre et des lois qui font dans l'apologie du colonialisme. Des idées de l'infamie qui confirme l'état de cécité et d'amnésie d'une tribu qui a peur de voir son passé en face. Les Algériens d'hier, d'aujourd'hui et de demain se rappelleront toujours que le 8 mai est une date phare de ressourcement spirituel contre toutes les tentations de l'oubli de cette folie meurtrière de l'ordre colonial asservissant et oppresseur. Les massacres du 8 mai 1945 restent catalogués comme génocide et un crime contre l'humanité. Pour que nul n'oublie, le devoir de mémoire continue.