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Le
Forum des chefs d'entreprises (FCE), que préside M. Réda Hamiani, se distinguait
des autres organisations patronales existantes dans le pays par l'intéressante
originalité de regrouper en son sein patrons privés et cadres dirigeants
d'entreprises publiques. Particularité qui en a fait «un allié objectif des
pouvoirs publics concernant la politique économique», comme l'affirme Réda
Hamiani, et qu'il a assumée notamment en soutenant la candidature de Bouteflika
pour un troisième mandat présidentiel, dont le programme électoral se basait
sur, entre autre, la poursuite de la mise en œuvre de cette politique.
Fort peut-être de ce statut «d'allié objectif», le FCE s'est cru autorisé d'exprimer des réserves sur les mesures d'ordre économique initiées par le gouvernement à travers la loi de finances complémentaire 2009, jugées contraignantes et improductives par la composante privée de ses membres. De même, il s'est permis de faire valoir que les augmentations de salaires auxquelles la tripartite de décembre a donné son accord, n'ont pas à être automatiquement applicables par les entreprises dont la productivité et les finances ne peuvent en supporter la charge. Bien que dans les deux cas le FCE se soit gardé de formuler ses réserves de façon intransigeante et définitive, il s'est attiré les foudres de l'exécutif, dont la manifestation première a pris la forme du retrait du Forum des entreprises publiques qui, par leurs surfaces autant économique que financière, lui donnaient le poids non négligeable dont il se prévalait en tant que représentation de la sphère patronale. Le retrait, de toute évidence inspiré et concerté de ces entreprises, ne laisse aucun doute sur l'irritation que le «soutien critique» du FCE aux dernières mesures et décisions économiques du gouvernement ont provoquée en haut lieu. L'erreur de Hamiani et d'autres dirigeants du FCE a été de penser que pour avoir donné des gages de leur proximité et de leur compréhension aux détenteurs du pouvoir exécutif, ils peuvent faire état de leurs divergences sur certaines de ses initiatives économiques. Lequel pouvoir exécutif vient de leur faire rudement comprendre que les seuls alliés dont il se satisfasse sont ceux qui s'alignent sur sa politique «sans hésitation ni murmure». Ce que sont, en raison de leur nature même, les entreprises publiques qui ont déserté le Forum. L'on peut penser que le Forum des chefs d'entreprises, maintenant délesté de sa composante du secteur public, n'a plus de raisons de jouer le modérateur, quand d'autres organisations patronales dénoncent de façon plus incisive les nouvelles orientations économiques imprimées par le pouvoir étatique, qu'elles jugent de leur point de vue nocives pour l'initiative économique privée dans le pays. Ce serait là une révision de position que Réda Hamiani ne semble pas prêt à endosser, parce que ne faisant pas partie de sa culture, même si elle tente une bonne partie des patrons privés inscrits au Forum. Ce qui laisse présager que le FCE va connaître en son sein de houleux débats, voire de nouvelles désertions parmi ses membres qui iront grossir les rangs d'autres organisations patronales «moins timorées» dans la défense de l'entreprise privée et la revendication d'une politique économique plus nettement favorable à celle-ci. |
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