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Il sera difficile au pouvoir de faire entrer dans
l'esprit des observateurs de la scène nationale qu'il est totalement étranger
au retrait collectif et concerté des dirigeants des entreprises publiques du
Forum des chefs d'entreprise (FCE).
Certains la «voyaient venir». Les critiques émises par le président du FCE à l'égard de la politique économique du gouvernement étaient devenues par trop irritantes, alors qu'elles auraient pu être une opportunité pour engager un vrai débat national. Le départ des managers publics, dans un contexte si particulier, va sans doute faire perdre au FCE son caractère de forum où les entrepreneurs publics et privés se rencontrent et discutent. Il n'en reste pas moins qu'après les attaques venues d'un parti politique, ce retrait des dirigeants des entreprises publiques sera automatiquement comptabilisé parmi les manœuvres du pouvoir. Il faut quand même noter que les membres du FCE n'ont rien de subversif et qu'ils ne sont pas non plus d'affreux « compradores ». En matière de «patriotisme économique », les patrons du FCE ont précédé le gouvernement. Ils ont défendu une politique de préférence de l'entreprise nationale quand le gouvernement était dans le dogme libéral et dans la course mirifique aux IDE. L'Internet facilitant l'accès aux archives à tout un chacun, il est loisible de vérifier, documents à l'appui, que le FCE s'est opposé à la loi sur les hydrocarbures proposée par le gouvernement. L'organisation a même publié un des textes les mieux argumentés contre un retour au régime des concessions et contre la surexploitation des ressources fossiles. Ces bourgeois «amis du Medef » ont affiché également de grandes réserves à la mise en œuvre de l'accord d'association avec l'Union européenne. Ce n'était pas une opposition «de principe». Ils estimaient que le plus urgent n'était pas d'entrer dans un accord de libre-échange, mais de mettre à niveau les entreprises nationales, privées et publiques. On peut multiplier les exemples où le FCE, sans excès verbaux, mettait en avant la défense de l'économie nationale contre les approches libérales appelant à l'ouverture totale du marché. Sur ce registre, il a fait preuve d'une constance qu'on ne trouve pas au niveau de la politique gouvernementale. Cela lui donne, en théorie, une légitimité certaine à «discuter» de la «nouvelle politique économique» du gouvernement et à alerter sur le fait que les entreprises sont inutilement entravées par la mise en place de verrous bureaucratiques. A l'évidence, en économie comme en politique, on a des difficultés à admettre des avis divergents ou critiques. Pourquoi les managers publics choisissent de quitter le FCE alors qu'ils auraient pu exiger un débat ouvert et se faire, éventuellement, les défenseurs de la politique du gouvernement ? C'est comme si le FCE allait subir à son tour un «redressement»? L'incite-t-on à se saborder purement et simplement ? Qui y gagne ? Les changements de cap brusques de la politique économique nationale ont été coûteux en termes d'images. Ce qui arrive - et adviendra - au FCE n'est pas de nature à l'améliorer. |
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