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Une pénurie de médicaments existe à Constantine, à entendre le nombre de
malades rencontrés dans quelques pharmacies, qui assurent «qu'ils font le tour
de la ville à la recherche de leurs médicaments».
Parmi eux, il y en a qui viennent même des villes et de wilayas limitrophes, comme celles de Mila ou Skikda et entreprennent de visiter plusieurs pharmacies de la «ville des Ponts» sans pour autant trouver les médicaments qu'ils cherchent. Ils sont «désemparés» et dans le désarroi total, car disent-ils, «ces médicaments nous sont absolument nécessaires et nous en priver, va se répercuter sur notre santé». Les faits sont confirmés par plusieurs pharmaciens du centre-ville, questionnés sur ce manque de médicaments. «Effectivement, nous dit-on, plusieurs médicaments, ceux notamment destinés aux maladies chroniques, aux nouveau-nés ne nous ont pas été livrés malgré nos commandes régulières». Invité à nous donner quelques noms des médicaments en rupture de stock, un pharmacien donna une liste de médicaments essentiels pour certaines catégories de personnes et de maladies, comme Celestène gouttes et Soluprède A5 pédiatriques (pour les bébés), Diamicron 30 et glucophage 1000 pour diabétiques, Lepantine A200 pour le cholestérol «qui est en rupture de stock depuis longtemps déjà», précise notre interlocuteur, ainsi que certains médicaments pour les malades cardiaques comme Moduretic. «Et la liste est encore longue», assure-t-il. Interrogé, M. Bouherid, chef de bureau de wilaya du syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), confirme «que les ruptures de stocks de médicaments sont devenues quasi-permanentes, du moins dans notre wilaya». Selon lui, le phénomène s'explique par plusieurs raisons qui sont autant de facteurs combinés provoquant ces ruptures. «En premier lieu, dit-il, l'absence d'une étude approfondie des besoins en produits pharmaceutiques, faite suivant des statistiques fiables des malades. Ces statistiques n'ont jamais été établies, surtout pour les malades chroniques», affirme-t-il. Il évoque également la décision prise par les pouvoirs publics selon laquelle tout médicament produit localement est interdit à l'importation. Or, souligne-t-il, la production locale n'arrive pas à satisfaire les besoins, ce qui fait qu'il y a toujours des ruptures». Et il cite l'exemple du médicament français Médrol 4 mg comprimés, un corticoïde général, remplacé par le médicament générique fabriqué localement. Malheureusement, la production locale est insuffisante pour nos besoins, ce qui fait que ce médicament est actuellement en rupture. «Ceci fait que les médicaments sont distribués aux pharmaciens au compte-gouttes et sont rapidement écoulés, ce qui explique des ruptures aussi rapides qui sont devenues quasi-permanentes au niveau des officines», indique le responsable du SNAPO. En plus de cela, affirment des pharmaciens, les importateurs font des prévisions qui sont toujours en deçà des besoins tout en se gardant de faire des stocks de sécurité dans l'attente du renouvellement des commandes. Ces derniers rejettent cette accusation et font endosser les retards d'approvisionnement au ministère de la Santé qui, selon eux, prend beaucoup de temps pour valider les cahiers de charges des importateurs. Ils ont évoqué aussi la contrainte posée par le crédit documentaire (Crédoc) qui les oblige désormais à payer à l'avance par le biais de la banque avant que leurs commandes soient honorées. |
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