«
Allah yaâtik enneou!». Faut-il se prendre la tête quand on nous le dit, ou au
contraire répondre par merci? That is
le mouchkil. Si vous habitez l'Algérie, derrière les
verres fumés de votre voiture blindée et que vous ne les quittez que le temps
de l'addition de vos rentes. Si vous habitez les cortèges officiels et n'en
descendez que pour donner des sourires aux caméras. Si vous habitez les urnes
et vous en sortez de n'importe quelle manière, vainqueur. Dans
ces trois cas de figure, c'est tout bénéfice pour vous. Levez vos mains vers le
ciel et dites inchallah. Pour le rentier la pluie c'est bon pour les affaires.
Pour le houkoumiste, c'est bon pour les statistiques. Pour l'élu,
l'eusses-tu-cru ? Il s'en fout!
Prenez-vous la tête si vous vivez, ou faites
semblant de vivre dans ces quartiers populaires d'Algérie, qui sont visités par
nos responsables en période de drague électorale, pour un bain de foule, avant
la douche dans les hôtels de luxe. Ces quartiers populaires qui ne sont visités
que par les sapeurs-pompiers en période de pluie. Quand ce n'est pas par les
tolba avant l'enterrement d'une famille morte après l'effondrement de leur
toit. Prenez-vous la tête en hiver, quand quelqu'un vous dit «Allah yaâtik enneou!»,
si vous habitez ces nouvelles cités, à ne pas citer. Ces cités qui ont pour nom
un matricule, d'où vos enfants ne peuvent pas sortir en période de pluie, car
impossible de faire le chemin de l'école, tant les sentiers sont impraticables
par la boue qui déborde la médiocrité des concepteurs. Mais si depuis
l'indépendance, vous habitez une demande de logement que vous ne quittez que
pour un sit-in, au seuil d'une promesse électorale, alors là? continuer le
billet, écrivez ce que vous voulez, c'est la journée de la liberté de la
presse.