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Salubrité: Quand les enfants donnent l'exemple

par Ziad Salah

Dans une nouvelle cité de l'est d'Oran, deux habitants préoccupés par les sacs de plastique et les différents emballages qui ont inondé la cour de la cité ont tenté une expérience.

Après une brève consultation, ils regroupent les enfants qui étaient en train de jouer au foot et leur tinrent un discours sur la propreté de l'environnement. Ils leur rappellent leur cours d'éducation civique et religieuse sur l'environnement et leur suggèrent de ramasser les ordures qui jonchent le sol. En récompense, ils leur proposent des biscuits avec de la limonade. Enthousiasmés par la perspective de gagner un petit quelque chose, les enfants adhèrent rapidement à la démarche qui leur a été suggérée. Comme une nuée de sauterelles, les petits se lancent dans le ramassage des ordures. Chacun muni d'un sac de poubelle, les gamins, y compris les petites filles, rivalisent entre eux. Même le petit Mohamed, à peine débarrassé de ses couches, participe à l'entreprise.

 Alors que ses voisins se plaignent de ses parents qui ne lui ont pas appris à ne pas jeter les saletés n'importe où. Certains enfants scolarisés, actuellement en pleine période des devoirs, se sont mis à reproduire des cours sur l'hygiène publique et le respect de l'environnement.

 Cet exercice, accompli dans la joie et la bonhomie, a été une sorte d'application concrète à ce qui leur a été dispensé en classe. Certains ont bien retenu la leçon. La preuve, après l'effort fourni, ils se sont regroupés pour la petite collation. La plupart ont remis l'emballage des gaufrettes qui leur ont été offertes dans une boîte de carton que l'un d'entre eux s'est chargé de jeter dans la benne à poubelle. Pour une fois responsabilisés, certains ont sûrement intériorisé qu'ils peuvent être un acteur essentiel dans la propreté de leur cité.

 Quelques jours auparavant, sur la nouvelle esplanade réalisée au quartier Akid Lotfi, dans le cadre des travaux engagés avant le GNL 16, trois ou quatre enfants ont été aperçus en train de ramasser les ordures qui ont commencé à s'y entasser. Sans chercher à se faire remarquer, les bambins se sont acquittés de cette tâche et se sont éclipsés. Ils ont fait fausse route à un gérant de magasin qui tenait à les récompenser. Ce dernier nous relatera comment des adultes ont empêché des jeunes qui avaient ramené un ballon pour jouer sur l'esplanade. L'on apprendra qu'un imam a consacré son prêche à l'entretien de cette esplanade. Pour le moment, les riverains gardent un œil sur tout ce qui bouge. Mais ils ont relevé que l'esplanade manque de bacs à ordures, surtout qu'elle est devenue un espace de promenade pour les familles dès la tombée de la nuit. Aussi, cette esplanade manque également de bancs, remarque-t-on.

 Plus loin, sur la plage des Andalouses, une foule nombreuse s'y est retrouvée au dernier jour du mois d'avril. Des familles, mais aussi des bandes de jeunes, ont fui la ville pour un après-midi de détente. La fraîcheur de l'eau n'a pas empêché les gosses et les jeunes de piquer une tête. D'autres se sont contentés de jouer au foot et certains ont ramené des jeux de cartes et de dominos. Evidemment, tout le monde a ramené des couffins pleins de provision. L'après-midi s'est écoulé sans le moindre accroc. Pas d'engueulades ni de frictions. Chaque famille, chaque bande de jeunes, dans son petit périmètre qu'il s'est choisi. Malheureusement, cette manifestation de civisme s'est effacée lors du retour. A quelques rares exceptions, tout le monde a quitté les lieux en laissant leurs immondices. Quand la plage a été désertée, elle a laissé une apparence de désolation. Les bouteilles d'eau minérale partout. Les gobelets jonchaient le tapis de sable. Les sachets de plastique, de couleur bleue, tranchaient avec celle du sable.

 Excédé, un citoyen, accompagné de sa petite fille, a commencé à ramasser les détritus. Interrogé sur ses motivations, il dira qu'il souhaite donner l'exemple à ceux qui sont restés sur place et qui avaient sûrement l'intention de dîner sur la plage. Sa petite n'arrêtait pas de poser la question « pourquoi les gens ne ramassent pas leur saleté ». D'un endroit, elle déterrera une couche bébé pleine de? Mais elle ne saura pas où mettre son sac empli de saletés. Traînant le pas derrière son père, elle se contentera de le déposer en bas du muret qui fait office de borne entre la plage et l'allée de la route principale. Là aussi, on relèvera l'absence flagrante de lieux où les estivants peuvent mettre leur poubelle. Mais les efforts de la petite Romeissa ont été récompensés. Remarquant son déploiement pour garder les lieux propres, une bande de jeunes ont tenu à ne pas la décevoir. Avant de plier leurs chaises et emporter leurs sacs à dos, ils ont nettoyé le périmètre qu'ils ont occupé. L'un d'eux ira jusqu'à lui caresser les cheveux comme signe de remerciement? pour la leçon qu'elle a administrée aux autres. Mais combien les semblables à Romeissa vont fréquenter nos plages durant la saison estivale déjà ouverte de fait ?