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Belgique: La burqa hors la loi

par Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

La Belgique est devenue le premier pays occidental à interdire le voile intégral et la burqa dans tous les espaces publics: services, parcs, rues, etc. Seuls les déguisements carnavalesques sont autorisés les jours de fêtes.

 La classe politique belge n'en finit pas d'étonner ces concitoyens. Alors que les élus belges flamands et wallons, de toutes tendances confondues, offrent ces dernières semaines un spectacle digne des meilleurs vaudeville, les voilà appelant à l'unisson à l'interdiction du port du voile intégral et de la burqa qualifiés, par les plus «intelligents d'entre eux», de voile islamique. Appelant ? Que dis-je ? Que non, puisque jeudi dernier, la Chambre basse des députés a voté par 136 voix «pour» et 2 abstentions, un texte de loi prévoyant l'interdiction totale du port du voile intégral dans tous les espaces publics. La caricature est inédite puisque c'est au cours de la séance de ce même jeudi 29 avril que flamands et wallons ont signé leur désaccord sur la fin de la législature actuelle qui a entraîné la chute officielle du gouvernement. Atmosphère surréaliste que celle qui a prévalu dans l'enceinte de la chambre des députés : les deux communautés flamande et wallonne se retranchaient, chacune sur son «identité» et annonçaient la fin de leurs épousailles, et c'est en cet instant même de gravité et de «tristesse», qu'elles chantaient, à l'unisson, l'interdiction du voile intégral. La Belgique devient ainsi le premier pays à ouvrir la voie aux autres pays européens de «sonner l'alarme» contre les porteuses du voile intégral. «Nous sommes le premier pays à faire sauter le verrou qui a mis (l'emploi du présent du verbe mettre est plus approprié) bon nombre de femmes en esclavage et nous espérons être suivis par la France, la Suisse, l'Italie, les Pays-Bas? les pays qui réfléchissent», a déclaré le député libéral Denis Ducarme, avant d'ajouter «qu'un tout petit pays, un peu difficile à gérer, ait pris une initiative comme celle-ci, les aidera peut-être à aller plus loin.» Et revoilà un député wallon prétendant montrer le chemin aux autres «grands» pays européens, qui ne semble pas voir, lui, le mur qui se dresse sur l'avenir politique de son propre «petit» pays qu'est la Belgique. Ce vote, que doit examiner le Sénat avant son renvoi devant le Sénat, et éventuellement devant le Conseil d'Etat, risque d'être «attaqué» par les associations musulmanes et de droits de l'Homme (Amnesty internationale) devant la Cour européenne des droits de l'Homme. Par ailleurs, il faut signaler qu'il existe déjà une loi sur l'interdiction du voile intégral dans les services publics, puisque pas moins de 29 procès verbalisant des femmes ont été dressés en 2009 à Bruxelles. Et puis, le nombre de porteuses de burqa ou du voile intégral est insignifiant, ne dépassant pas quelques centaines, voire dizaines, en Belgique. Une bonne partie de ces dizaines sont des femmes de diplomates de pays arabes du Golfe. C'est ce qui fait dire à beaucoup d'observateurs que cette loi, même si elle aboutira au long et compliqué processus législatif, ne servira strictement à rien. A moins que ses initiateurs, c'est-à-dire l'ensemble des partis politiques belges, au pouvoir comme dans l'opposition, ont agi en prévision des élections législatives anticipées prévues en juin prochain, pour «balayer» devant les portes des partis extrémistes flamands et wallons qui, eux, surfent sur la crise politique actuelle et le spectacle lamentable livré aux citoyens belges. Enfin, est-il nécessaire de répéter aux politiques et aux médias occidentaux que la burqa comme le voile intégral ne sont pas une prescription islamique? Que ces accoutrements sont des us et coutumes vestimentaires qui ont existé bien avant l'apparition de l'Islam ? Que c'est un jeu dangereux qui fait le lit des intégristes tant que les Européens assimileront la burqa et le voile intégral à l'Islam ?