
Le lancement, le 4 avril dernier,de la procédure biométrique pour la
carte nationale d'identité et le passeport, a été présenté par les pouvoirs
publics comme un «premier pas vers l'introduction de l'administration
électronique».
Est-ce réellement le point de
départ vers la modernisation tant attendue des services d'état civil en
Algérie? En termes plus clairs, l'ère biométrique annonce-elle une réelle
rupture avec l'archaïsme et la bureaucratie ? Des questions pour lesquels il
reste assez difficile de répondre définitivement par l'affirmative, tant la
réalité du terrain laisse sceptique.
Il suffit pour cela de faire un
détour par le service d'état civil de la commune d'Oran pour constater que,
finalement, les défaillances restent «intactes». Les files d'attente sont
toujours aussi interminables, les délais toujours aussi longs et les anomalies
toujours aussi visibles. L'obtention de l'extrait de naissance original 12 S,
un nouveau document exigé pour la procédure biométrique du passeport et de la
CNI, en est une parfaite illustration. «Biométrique ou pas, c'est toujours la
même galère. On doit se présenter très tôt, avant même l'ouverture de
l'administration, pour espérer décrocher un numéro qui te permet de faire la
chaîne. Les dossiers ne sont déposés que la matinée. Et le fait qu'il y ait un
seul guichet limite considérablement le nombre de dossiers traités par jour.
Après un minimum de deux heures d'attente, tu déposes enfin ta demande en
contrepartie d'un reçu de dépôt et d'un rendez-vous d'une semaine pour procéder
au retrait définitif du 12 S», témoigne un citoyen rencontré à l'état civil. Et
d'ajouter: «Quelqu'un qui travaille, à moins qu'il ne s'absente carrément, ne
peut pas se permettre de perdre tout ce temps pour un simple dépôt de demande
d'un document administratif. Et encore, ce n'est qu'un bref préambule de ce qui
vous attend pour finaliser l'ensemble de la procédure biométrique». «Derrière
les mots pompeux de biométrique, administration électronique ou encore
modernisation, se cachent malheureusement les mêmes pratiques bureaucratiques,
les mêmes réflexes et le même archaïsme. Sinon, comment expliquer qu'on exige
la présence d'un bébé d'une année pour le retrait du 12 S, comme si le tuteur
légal ne peut pas en être le garant», se demande, sidéré, un père accompagné de
son enfant en bas âge.