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Curieux
accident politique pour le GNL 16 : le «Dubaï» du Centre de conventions à Oran
et son splendide hôtel sont-ils une bonne ou une mauvaise chose pour Oran ?
C'est selon. La question se pose à Oran au moment même où, ailleurs dans le
même pays, on célèbre le 30ème anniversaire du printemps berbère avec l'Amazigh
comme langue tirée face au faciès laid du Pouvoir. Bien sûr, comme tout
régionalisme algérien, le régionalisme est «individuel» (sauf en Kabylie où il
est en mode linguistique). Il sert pour la personne qui en use comme un cheval,
pour la famille de la personne, ses proches, mais pas pour la région. M'cirda
est aussi pauvre que la Kabylie, mais elle n'a pas de chanteurs ni de journaux
et ses ministres jouent contre elle. Mais passons. Pour ceux qui croient que le
un milliard du GNL va faire d'Oran une princesse après son long veuvage de
quarante ans après le désastre du Benbellisme, l'erreur est lourde. Le
Bouteflikisme n'est ni un régionalisme, ni un humanisme : c'est une
autobiographie pour laquelle le lieu de naissance ou d'adolescence est une
faute de frappe. Passons donc : Oran ne se porte ni mieux, ni pire qu'ailleurs,
sous le règne de l'Ouest. D'ailleurs, l'Ouest existe au Centre, pas à l'Est ni
à l'Ouest. Donc Le GNL 16 est-il une bonne ou une mauvaise chose pour l'Oranie
? C'est selon. L'échec du sommet est évident mais faut-il le dire ? «Non» selon
certains. «Pour une fois qu'on a obtenu un palais, n'allez pas dire que nous ne
le méritons pas ou que c'est bien fait pour nous» disent les aiguilleurs de la
boussole. Parler d'échec du GNL 16 «va faire le plaisir immense de ceux qui ne
nous aiment pas et qui croient que l'Algérie c'est Alger et que le dinar est
sétifien ou que la PME est kabyle avec trois cents colonels chaouis». Oran
avait besoin d'une infrastructure de prestige pour pouvoir accueillir des
salons internationaux, Majda Roumi ou les Pink Floyd et lorsque Bouteflika
«partira, nous on va garder le CCO». Le seul problème dans ce genre
d'argumentaire est que c'est encore une fois le pouvoir qui se cache derrière
une région et la pousse dans le dos pour sauver ses apparences. C'est vrai que
le nouveau temple est beau mais on aurait aimé que cela ne soit pas le
Bouteflikisme qui nous l'offre mais tout le pays. «Ce n'est pas possible : la
révolution algérienne est collective mais l'indépendance est une affaire
régionale» explique un oracle. Passons. La vérité reste cependant une vérité :
le GNL 16 a été la moitié d'une fête, le CCO est un bon butin de guerre. La
logique de certains est qu'on s'est peut-être offert le Pouvoir sur le dos
d'une région, on peut s'offrir un palais en bord de mer sur le dos du Pouvoir.
Sur le dos de cette transaction, les maladies algériennes, comme des grippes
saisonnières sont venues se greffer pour ouvrir des stands de promotion :
l'impact du GNL 16 a été réduit à une sorte de fête de circoncision régionale
dont on est chargé de trouver les défauts et de démontrer l'échec,
l'anniversaire de la lutte amazigh a été privatisé dans une région en
condamnant, passivement, les autres à un statut de complicité dans le crime
identitaire (qui parle des lutteurs d'identité qui n'habitent pas la Kabylie et
qui sont encore plus isolés quand ils vivent et parlent et écrivent à Oran ou à
EL Bayadh ?). D'ailleurs la bonne question posée par un touriste suédois
virtuel est là : si on déteste Bouteflika pourquoi faut-il détester une région
? Et si cette région n'aime pas les bouteflikistes pourquoi l'accuser de leur avoir
donné naissance ? Et si on déteste la propagande pourquoi vouloir casser un
Palais ? Et si le GNL 16 a été un échec pourquoi s'enorgueillir en croyant que
c'est l'échec d'El Mouradia alors que c'est le fiasco de toute une nation par
et à cause de son pouvoir et de ses Khellil ? Et si on n'aime pas le pouvoir,
pourquoi détester la terre ? Et si on n'aime pas cette terre, pourquoi la
diviser en morceaux et en ethnies ? Réponse : parce que tout est lié, sauf nous
les uns aux autres.