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Le leader mondial de l'aluminium mise sur
le déclin de la production en Europe et sur la faiblesse des coûts énergétiques
en Algérie pour faire du pays un nouveau fournisseur du marché européen. Il
compte convaincre les autorités algériennes en mettant au devant l'expérience
du complexe de Shohar au sultanat d'Oman.
Le géant mondial australo-canadien de l'industrie minière Rio Tinto Alcan veut construire un complexe d'aluminium en Algérie. «Nous sommes au tout début de notre approche. La demande mondiale d'aluminium va poursuivre sa forte croissance de ces dernières années tandis que la production, notamment en Europe, va connaître une baisse à moyen terme. L'Algérie a tous les atouts pour devenir un grand fournisseur d'aluminium sur ce marché» a déclaré M. Amir Mirchi, vice-président en charge de zone Moyen-Orient Afrique du Nord (Mena). Une délégation de haut rang de Rio Tinto Alcan a séjourné à Alger à la fin de la première semaine d'avril. Elle était composée également de M. Erik Ryan, Vice-président principal, Communications et relations externes. «L'Algérie a une grande proximité avec le marché européen à faire valoir, outre le fait que l'énergie n'y est pas chère et que les minerais sont disponibles. Il y a selon nous un avantage évident à créer des activités industrielles de transformation localement au lieu d'exporter les minerais ou le gaz naturel nécessaire à pourvoir la même industrie ailleurs » a-t-il ajouté en marge d'un séminaire sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE), organisé par l'ambassade du Canada en Algérie. M. Amir Mirchi s'est refusé à en dire plus sur la teneur du projet de Rio Tinto Alcan en Algérie, mais, l'intervention de M Erik Ryan a beaucoup insisté sur le modèle de l'usine d'aluminium de 200 000 tonnes par an, réalisée par le groupe à Shohar dans le sultanat d'Oman. «Nous avons créé un cluster autour de l'usine avec la naissance d'une unité de production de câbles, une autre de profilés. Le projet est industriellement intégrateur et bénéfique pour la communauté d'accueil. D'ailleurs elle demande une extension de l'usine». Rio Tinto Alcan détient également une usine, Alucam, au Cameroun. Une autre source, présente à ce séminaire, a évoqué un premier projet proposé par Rio Tinto Alcan aux autorités algériennes qui comportait, outre l'exploitation du champ minier en amont, et la réalisation de l'usine de transformation, la prise en concession d'une voie ferrée et d'un port industriel. Une offre qui n'aurait pas connu de suite côté algérien. «Nous n'allons pas chez une communauté qui ne veut pas de nous» Les restrictions introduites à l'investissement étranger en Algérie qui limitent à 49% la part de l'investisseur étranger ne paraissent pas un obstacle pour Rio Tinto Alcan. Un grand projet d'usine d'aluminium porté par une joint venture entre le fonds émirati Mubadala et Sonatrach, notamment côté algérien, est à l'arrêt à cause de l'entrée de la règle des 51-49 qui modifie la répartition de départ. Les difficultés de Mubadala dans la crise financière de 2008-2009 ont rendu le projet un peu plus incertain. Il doit être implanté à Beni Saf, 90 km à l'ouest d'Oran, où une nouvelle centrale électrique est en construction à Terga. L'électrolyse ? au cœur du traitement du minerai de bauxite- est une opération très gourmande en électricité. Le coût du kilowattheure fourni est un des premiers enjeux de la négociation dans un tel investissement. M Erik Ryan a été pris au dépourvu par une question de M Toufik Hasni, expert en énergie renouvelable et ancien vice président à Sonatrach, au sujet de la possibilité pour le projet de Rio Tinto Alcan de s'approvisionner en électricité solaire : «C'est une option envisageable dans l'avenir» a répondu le vice-président du géant de l'industrie minière, visiblement peu au fait de l'existence d'une offre d'électricité solaire disponible en Algérie dans le courant 2010 avec l'entrée en activité de la centrale solaire hybride de Hassi R'mel (150 mégawatts dont le tiers en solaire), ce que M. Hasni s'est chargé de lui expliquer. Rio Tinto Alcan qui communiquait sur le thème de l'excellence de son approche environnementale dans ses investissements devra sans doute se montrer plus attentif à ce qui rendra son offre «différente de celles des autres». Les investissements de l'industrie minière sont parmi ceux qui provoquent les plus fortes résistances au sein des communautés d'accueil car il s'agit d'activité fortement agressive de l'environnement et à durée de vie limitée. Un autre investissement minier australien, celui de Terramin, en exploitation du 5e gisement mondial de plomb et de zinc à Oued Amizour-Tala Hamza, pourrait être retardé, voir annulé. La firme australienne ne présente pas les garanties industrielles et financières suffisantes pour éviter la contamination des sols et des nappes. L'étude écologique d'impact n'a pas été réalisée. M. Erik Ryan, qui a avoué ne pas connaître l'affaire de Terramin à Bejaïa, a assuré : «Nous avons comme tradition de ne pas aller chez une communauté si elle ne veut pas de nous. Nous assurons les meilleurs standards de respect de l'environnement. Et notre devise est de rendre la région meilleure après notre départ qu'avant que notre venue». |
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