Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Transport aérien: Début d'éclaircie dans le ciel européen

par Yazid Alilat

La pire crise du transport aérien européen serait en passe de se dissiper, après près de quatre jours de paralysie (presque totale) due à un extraordinaire nuage de cendres et de fumée crachées par un volcan islandais, qui s'est rapidement répandu sur l'Europe.

 Dimanche, une pagaille indescriptible régnait encore dans l'ensemble des aéroports européens où les avions étaient cloués au sol. Au moins 17.000 vols sur les 22.000 programmés pour le week-end ont été annulés, les compagnies aériennes craignant les effets du nuage de cendres sur les réacteurs des avions. En France, en Grande-Bretagne, en Allemagne et dans la plupart des aéroports du nord de l'Europe, le trafic aérien était pratiquement réduit à zéro vol.

 Devant l'impossibilité des avions de décoller, plusieurs formules de rechange ont été mises en place par les agences de voyage, notamment par ferrys, trains et autocars. Entre les îles britanniques, par exemple, les ferrys ont travaillé à plein régime, notamment pour rallier les villes irlandaises de Londres ou de Liverpool, puis par Eurostar vers les autres destinations européennes. Une réunion extraordinaire par visioconférence des ministres des Transports européens au sujet du chaos aérien sera organisée aujourd'hui lundi, selon le ministre espagnol des Transports, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

 José Blanco a contacté dimanche plusieurs ministres des Transports européens et ceux-ci ont tous répondu favorablement à cette initiative appuyée par la Commission européenne. Cette réunion devrait se tenir dans l'après-midi, après une réunion d'Eurocontrol, l'organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne.

 Pour autant, la situation commençait dimanche en début d'après-midi à se décanter légèrement, alors que plusieurs compagnies avaient fait voler des avions sans passagers à moins de 8.000 m d'altitude pour tester la sécurité des vols. Ainsi, plusieurs aéroports du sud de la France, fermés en raison du nuage de cendres dû à l'éruption du volcan en Islande, ont été rouverts dimanche au moins jusqu'à lundi après-midi, selon la Direction générale de l'Aviation civile française (DGAC).

 «Les aéroports de Bordeaux (sud-ouest), Nice (sud-est) et Marseille (sud) sont rouverts au trafic commercial à partir de maintenant jusqu'à lundi 19 avril 15h00 (13h00 GMT) au moins», a précisé une porte-parole de la DGAC. Cette décision de reprise du trafic concerne également les aéroports du sud-ouest de la France, soit Toulouse, Montpellier, Pau, Tarbes, Biarritz et Perpignan, lesquels devaient initialement fermer dimanche jusqu'à lundi matin.

 La plupart des aéroports français, dont ceux de Paris, ont été fermés jusqu'à lundi 08h00 (06h00 GMT). Le Royaume-Uni a prolongé jusqu'à lundi 06h00 GMT la fermeture de son espace aérien, ont annoncé dimanche les autorités du contrôle aérien britannique (NATS). Les conditions météorologiques «aux alentours des couches de nuages de cendres volcaniques au-dessus du Royaume-Uni restent changeantes», a expliqué le NATS dans un communiqué. »Nous travaillons étroitement avec le gouvernement, les aéroports, les compagnies aériennes et les constructeurs (...) pour mieux comprendre les effets du nuage de cendres et chercher des solutions», précise le communiqué du NATS.

 En Espagne, la situation est contrastée, avec l'annonce dimanche de l'ouverture de l'ensemble des aéroports du pays et l'ouverture totale de l'espace aérien. Les aéroports du nord et de l'est de l'Espagne, qui avaient été fermés dimanche, ont tous été rouverts à 13h30 GMT, a annoncé un porte-parole de l'Autorité de l'aviation espagnole (Aena). La totalité des 17 aéroports qui avaient été fermés en plusieurs vagues durant la matinée ont été rouverts à 15h30 (13h30 GMT). Parmi les aéroports rouverts figure celui de Barcelone, le deuxième plus important en Espagne, derrière celui de Madrid-Barajas (centre), qui, lui, n'a pas été concerné par la fermeture de dimanche.

 De son côté, l'agence de sécurité aérienne allemande DFS a autorisé la réouverture immédiate de sept aéroports, dont celui de Francfort, le premier d'Allemagne et le troisième d'Europe, jusqu'à au moins 18h00 GMT dimanche, selon une porte-parole de l'agence. L'espace aérien autrichien, fermé depuis vendredi soir, sera quant à lui rouvert aujourd'hui lundi à 04h00 GMT, sous conditions, a indiqué dimanche l'autorité de contrôle Austro Control.

 Le retard induit par l'annulation des milliers de vols en Europe, et entre l'Europe et l'Asie et les Amériques, ne sera pas résolu avant au moins une semaine, encore faut-il que la levée de «l'état d'urgence» soit décidée rapidement par les ministres des Transports européens. A moins que le nuage de cendres en provenance d'Islande ne se décide à?disparaître de lui-même.