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Médéa: Des soupçons, un meurtre et la prison à perpétuité

par Rabah Benaouda

Soupçonnant sa femme de relations extraconjugales avec un présumé voisin, il la répudie au bout de seize années de vie commune et quatre enfants. Il prémédite et exécute, un mois après son divorce, son acte d'assassinat sur la personne de celui qu'il qualifiera de «destructeur de mon foyer et de ma vie».

 Il s'agit de Boualem Z, âgé aujourd'hui de 46 ans, originaire de Béni Slimane et demeurant à Berrouaghia, dans la wilaya de Médéa, fellah de professon. La victime Sid Ali. D, un malade mental qui se faisait soigné à l'hôpital Frantz Fanon de Blida, célibataire et âgé de 39 ans au moment des faits. Un drame qui, selon l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation remonte à cette fatidique journée du mercredi 10 juin 2009, et qui a eu lieu au niveau du marché hebdomadaire de cette ville de Berrouaghia.

 Une altercation verbale, à distance, dans un café entre Sid Ali et Boualem. Ce dernier sort, se dirige vers son domicile puis revient quelques minutes après au niveau du même café où était encore attablé Sid Ali, celui qui allait perdre la vie quelques minutes plus tard. Celui-ci se dirigea alors vers le marché, poursuivi sans le savoir par Boualem. Arrivé sur les lieux, ce dernier sortira du dessous de son tee-shirt un couteau de boucher pour porter pas moins de neuf coups à sa victime qui décédera, sur les lieux mêmes du drame.

 Tout au long de son interrogatoire, par le président du tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa, l'accusé Boualem.Z se murera derrière une seule explication: «J'ai vu de mes propres yeux et à maintes fois, cet homme rôder sous les fenêtres de mon appartement. Mon honneur a été bafoué. Tout le voisinage me traitait de cocu». Et le président de dire: «Avez-vous porté plainte contre lui?» Et l'accusé de répondre par la négative. «Pourquoi non?» questionnera le président. Aucune réponse ne viendra de l'accusé. Et le président d'enchaîner: «Mais alors, pourquoi, avoir attendu plus d'un mois après votre divorce pour perpétrer votre acte d'assassinat?» Là aussi, aucune réponse claire ne sera donnée par l'accusé sinon: «Je m'étais assuré de mes soupçons».

 Appelée à la barre, la mère de la victime confirmera dossier médical à l'appui, la maladie mentale de son défunt fils. Quant à l'avocat de la partie civile, il dira tout au long de sa plaidoirie: «L'accusé ne nous a apporté aucune preuve tangible sur les soupçons qu'il portait sur notre mandant que tout le monde à Berrouaghia savait être un malade mental non agressif. Nous demandons que justice soit rendue à cette famille éplorée par la perte de son fils». Pour sa part, le représentant du ministère public sera très sévère tout au long de son réquisitoire. «Neuf coups de couteau à des endroits très sensibles du corps, un grand couteau de boucher et un sang-froid inqualifiable. Et la mort d'un innocent. La peine capitale est la seule sentence que nous puissions réclamer auprès de cet honorable tribunal criminel pour débarrasser notre société de ce genre d'individus dangereux». Un accusé pour lequel les deux avocats de la défense feront l'impossible, au cours de leurs longues plaidoiries, pour réduire la peine demandée par le ministère public.

 Le tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa, condamnera Boualem. Z à la prison à perpétuité et au versement de 50 millions de centimes à la vieille mère de la victime à titre de dédommagements.