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Tiaret: Les commerçants sommés de ravaler les façades

par El-Houari Dilmi

Tous les commerçants de la ville ont été enjoints de ravaler leurs façades sous huitaine, faute de quoi ils risquent une fermeture pure et simple, a martelé jeudi le maire de Tiaret au travers des ondes de la radio locale. Depuis l'annonce de l'arrivée prochaine dans la wilaya de l'illustre hôte, la ville «s'agite» dans tous les sens et dans toutes les directions. Immeubles peinturlurés, routes réparées, arbres élagués, tout, absolument tout doit être «parfait» dans le sillage du passage du cortège présidentiel dont l'arrivée est annoncée vers la fin du mois en cours.

 La ville se fait un point d'honneur à se parer de ses plus beaux atours pour accueillir comme il se doit le chef de l'Etat parce qu'il n'est pas question de le décevoir après tant d'efforts et tant d'argent englouti par une wilaya qui, il est vrai, a chargé du tout au tout. Alors pour montrer un visage séduisant, on veut montrer au raïs ce que l'antique Tihert a réalisé dans une décennie qui a permis à une wilaya -»oubliée» pendant si longtemps - d'accéder à un rang de véritable capitale des Hauts Plateaux de l'Ouest et pôle économique et agricole d'une importance stratégique. Alors pour «renvoyer l'ascenseur» à celui qui a permis à la ville de Kaïd Ahmed de sortir de sa torpeur et à cesser définitivement de geindre à cor et à cri, les autorités locales veulent concocter un programme tout ce qu'il y a de convaincant aux yeux du premier magistrat du pays.

 A commencer par le nouveau pôle universitaire de Karman, un «véritable joyau architectural» selon les propres termes du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en visite dernièrement dans la wilaya. Le projet de la raffinerie de pétrole qui sera doublée d'un complexe pétrochimique ne peut pas lui aussi échapper à l'attention du président de la République qui se «rendra certainement sur le site pour voir de quoi il en retourne de ce mégaprojet qui a fait couleur tant? d'argent et de salive», parient les plus optimistes des Tiaretiens.

 Véritable nerf de la guerre dans une région qui a tant pâti de la crise du logement, le secteur de l'habit est celui qui a connu un essor spectaculaire au point que Tiaret compte un taux d'occupation par logement (TOL) proche de cinq, plusieurs crans au-dessus de la moyenne nationale qui est de 5,6. Le chef de l'Etat doit certainement prendre connaissance de ce secteur névralgique qui a englouti la bagatelle de 268 milliards de centimes depuis les années deux mille pour la réalisation de plus de 35.000 logements tous types confondus. L'ambitieux projet de la construction d'une nouvelle ville sur les hauteurs nord de la ville, la réalisation en cours d'un port sec et d'un marché de gros des fruits et légumes, le sort «inique fait à l'aéroport de Aïn Bouchekif, la plus grande piste d'envol de l'Oranie», devraient probablement figurer sur l'agenda présidentiel.

 Reste à savoir pour le Tiaretien lambda ce que contiendra la valise présidentielle - si visite il y a - pour une wilaya qui connaît un développement tous azimuts, «surtout depuis l'arrivée de M. Bousmaha Med, un wali de la République pas comme les autres et pour lequel le cheminement long et sinueux vers un meilleur avenir pour la ville de Ali Maâchi est une véritable course contre la montre, mais aussi et surtout une lutte permanente contre les mentalités trop résistantes au changement pourtant ô combien salutaire pour une des plus grandes wilayas de l'Algérie, une région qui frôle le million d'habitants», commentait avec une grosse dose d'espoir dans la voix Ammi Djillali, un octogénaire cacochyme qui souhaite voir le raïs visiter «sa» ville natale une fois l'an, ce qui est à ses yeux le meilleur gage de développement? Amen !