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Nicolas Sarkozy
semble ne pas tirer les leçons de son échec électoral et de son impopularité.
Il semble beaucoup plus préoccupé par les rumeurs concernant sa vie privée. Lors des dernières élections régionales, le résultat du scrutin fut sans appel : l'omniprésence de l'opposition socialiste, quasiment à la tête de tous les Conseils régionaux, constituait une claque sans appel pour la majorité présidentielle réunie par Nicolas Sarkozy. Certes, des éléments importants viennent pondérer cette analyse un peu hâtive du résultat sorti des urnes. Les scrutins de «mid-term », les régionales étaient précisément situées à mi-chemin du mandat présidentiel de cinq ans de Nicolas Sarkozy, sont rarement favorables aux pouvoirs en place. Les Conseils régionaux, créés par Giscard d'Estaing, restent des institutions dont les compétences sont souvent méconnues par l'électeur. C'est l'une des explications de l'abstention massive constatée, puisque la moitié des électeurs inscrits ont boudé les bureaux de vote. Dans certaines banlieues populaires comme la Seine St Denis (le « 93 »), la proportion dépassait souvent les 75% alors que bien des citoyens n'ont jamais même pris la précaution de s'inscrire? Les électeurs ont-ils voulu donner un avertissement ou sont-ils durablement fâchés ? L'avenir le dira. Dans tous les cas de figure, Nicolas Sarkozy est néanmoins élu pour cinq ans et c'est à cette échéance que l'on pourra tirer son bilan présidentiel? Le message des électeurs pas entendu Les semaines qui ont suivi le vote ont cependant été marquées par une succession d'évènements insolites. Tout d'abord, il semblerait que Nicolas Sarkozy ait, jusqu'à la veille du deuxième tour, sous-estimé l'ampleur de la défaite. Après avoir annoncé qu'il ne mêlerait pas des ces élections locales, son fort engagement en fin de campagne, lui avait fait espérer jusqu'au bout un sursaut de son électorat traditionnel. La déconvenue a été sévère et semble avoir quelque peu désorienté ce surdoué de la tactique politique. « On ne change rien » : en réaffirmant fortement qu'il ne modifiait en aucun cas, les grandes orientations de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a peut- être fait preuve d'un certain courage politique, l'immense majorité des électeurs abstentionnistes, ceux qui ont voté pour la gauche et même beaucoup d'électeurs qui avaient voté pour la droite par fidélité, ont eu le sentiment que le chef de l'exécutif avait mal perçu le message massif des citoyens français. A toutes les critiques, le président de la République n'a qu'une réponse : « Il faut continuer les réformes ! ». « Réforme »? On a déjà souligné dans ces colonnes les ambiguïtés de ce mot magique et l'usage inconsidéré qu'en ont fait les politiciens de droite et de gauche depuis plus de quatre décennies. Parée de connotations positives, la « réforme» apparaît de prime abord comme la transformation nécessaire et réfléchie face à un problème nouveau. Bref, c'est un appel à une transformation volontaire qui entraînera peut-être des sacrifices ponctuels, mais qui bénéficiera, in fine, à l'ensemble du corps social. Hélas ! Depuis plus de quarante ans, la classe politique appelle sans cesse les citoyens à des « sacrifices » sans qu'ils n'en voient pas nécessairement les retombées positives. La population ne croit plus beaucoup aux mérites de l'austérité salariale ni que « les licenciements et les baisses du pouvoir d'achat d'aujourd'hui feront les bénéfices de demain, qui feront les nombreux emplois d'après-demain » pour parodier la formule célèbre des années 70 du chancelier allemand Helmut Schmidt. Ils ont constaté surtout, statistiques à l'appui, que les 1% des Français les plus riches captent à leur seul profit l'essentiel des fruits de la croissance, alors que les couches populaires et fait nouveau, les classes moyennes, s'enfoncent dans le marasme. Le dogme de la réforme, mot passe-partout de la classe politique est devenu un terme de plus en plus irritant pour la grande masse des électeurs. D'autant, qu'en matière de « réformes », le bilan des deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy est particulièrement contrasté. La seule réforme qui a véritablement abouti, c'est paradoxalement celle du « bouclier fiscal » qui favorise outrageusement les contribuables français les plus fortunés. Pour les reste, les promesses du candidat Sarkozy, « travailler plus pour gagner plus », la volonté affichée d'une politique « de rupture », la sécurité garantie à tous les citoyens? se sont pour la plupart effondrées avec la crise financière qui a ébranlé l'économie mondiale à l'automne 2008. Le pouvoir d'achat recule, le chômage progresse, la délinquance augmente. Du coup, le dynamisme et l'affichage de certitudes intangibles sont vécus, y compris dans les propres rangs de l'UMP, comme une forme d'aveuglement du Président; Sa détermination et sa croyance dans la justesse de ses propres analyses, sont peu à peu vécus comme des formes d'acharnement dogmatique. D'autant que les réformes proposées par Nicolas Sarkozy sont toutes fortement inspirées par une idéologie hyper-libérale. Hors, en France comme ailleurs, le libéralisme est passé de mode. Les excès insupportables des banquiers, traders et autres institutions financières qui, par esprit de lucre ont mis en danger l'économie mondiale, révulsent une population qui sait déjà à l'avance qu'elle devra seule en payer chèrement la note. Travailler plus longtemps pour gagner moins Mauvaise période pour le chef de l'Etat qui doit affronter quelques gros chantiers difficiles: l'absence de croissance a considérablement et durablement augmenté les déficits budgétaires, la globalisation accroit les délocalisations, l'absence de toute protection menace les économies européennes face à l'offre de pays émergents beaucoup plus dynamiques. Même la fameuse «solidarité européenne» se fissure. L'Union européenne, Allemagne en tête, a longuement rechigné à se porter au secours de l'un de ses Etats membres, la Grèce, menacé par un mouvement spéculatif ourdi par plusieurs institutions financières privées. Les banques internationales qui ont échappé à la faillite par l'intervention des Etats, n'ont pas hésité à retrouver leurs bonnes vieilles habitudes et se sont mis à spéculer? contre leurs sauveurs, les comptes publics de ces derniers étant affaiblis par les dettes qu'ils avaient dues contracter, justement pour consolider, dans la panique, ces mêmes institutions financières internationales ! Décidément, on a du mal à définir quelle est la qualité majeure de ces grands banquiers : la morgue, le sentiment d'une totale impunité, la cupidité, l'inconscience, le cynisme? ? L'actualité sociale française va être marquée par une autre « réforme », celle des retraites. Le problème est connu et ancien : l'espérance de vie croit d'un trimestre par an, la démographie s'essouffle. Au résultat, la population vieillit et les retraités peu à peu deviennent plus nombreux que les actifs qui payent leurs pensions. Les seules solutions qu'ont trouvé la plupart des pays européens ne brillent pas par leur originalité : les salariés doivent accroitre leurs cotisations sociales, quand ils ne sont pas forcés de financer leurs retraites par le seul biais de l'épargne (retraite par capitalisation), et l'âge du départ en retraite est relevé régulièrement. En France, la perspective d'une remise en cause de l'acquis social de la retraite à 60 ans est très mal vécue par les salariés. 67% s'y opposent. D'autant que, passé 50 ans, il est de plus en plus difficile de conserver son travail. L'actuelle poussée du chômage complique encore l'équation. Nicolas Sarkozy veut comme toujours mené sa « réforme » tambour battant : une vague concertation menée au pas de charge et hop, un vote au Parlement. En quelques mois, l'affaire est jouée ! Les syndicats pourront toujours faire de grandes manifestations, l'ampleur des cortèges ne fera que souligner l'impuissance des « corporatismes » face à l'inéluctable et sacro-sainte « réforme ». Cette hypothèse est celle retenue par le bon Nicolas. Mais il est possible que dans l'énervement général, la réalité soit moins rassurante pour le gouvernement en place. L'opinion publique, littéralement survoltée par l'injustice provocante du bouclier fiscal, est loin d'accepter de nouvelles pressions fiscales ou une dégradation sévère de ses conditions de travail. La dernière tentative importante de réforme des retraites avait eu lieu en 1995, entrainant le plus fort mouvement social depuis 1968 et avait coûté son poste au Premier ministre de l'époque, Alain Juppé. Vécu de plus en plus par beaucoup d'électeurs, comme incompétent et obstiné dans l'erreur, Nicolas Sarkozy vient de remporter la palme d'impopularité pour un président français en exercice : seuls 21% des Français lui font confiance, 69% ne le font plus et 10% se tâtent ! Rumeurs et feuilleton sentimental à l'Elysée Ce sondage est antérieur aux tribulations de la « rumeur ». La presse internationale s'est fait l'écho de déboires conjugaux supposés du couple Sarkozy-Carla Bruni, contrairement à la presse française, beaucoup plus discrète. Pas spécialement par servilité, les médias comme les Français jettent traditionnellement un regard amusé voire compréhensif aux frasques sentimentales de leurs dirigeants. Les « aventures » des précédents présidents de la République (à l'exception notable du père tutélaire de la Nation, le Général de Gaulle dont la vertu était proverbiale), n'attiraient au pire que rires et plaisanteries salées dans les bistrots. Il faut dire que ces mêmes chefs d'Etat respectaient une certaine discrétion sur leur vie intime. L'inverse de Nicolas Sarkozy qui, fasciné par les medias people, n'a jamais pu s'empêcher d'étaler sa vie privée : long divorce avec sa seconde épouse Cécilia, rencontre de Carla, mariage, voyage de noces..., tous ces évènements de peu d'importance, ont fait la « une » des médias, dans une politique de communication parfaitement contrôlée par l'Elysée. La rumeur d'un conflit conjugal entre Nicolas et Carla a montré les limites de la com' ! Les épisodes de ce feuilleton courtelinesque qui indiffèrent au mieux, qui exaspèrent au pire des Français bien plus préoccupés par leur pouvoir d'achat et leur emploi, a révélé certains aspects plus interpellants sur la personnalité psychologique du président actuel. Nicolas Sarkozy et on peut le comprendre, a pris très à cœur cette affaire intime. Mais de là à commanditer une enquête des services secrets et mettre en cause publiquement une ancienne ministre de la Justice, Rachida Dati, le tout sur fond de menaces proférées par son entourage qui évoquait un possible « complot international », suivies de démentis embarrassés, on est bien obligé de constater une dérive inquiétante, une agitation brouillonne qui sied peu à la dignité de la fonction de Président de la République française. Ce qui a finalement heurter beaucoup plus l'opinion publique française, aussi attachée à une conception « monarchique» de la fonction de chef de l'Etat, qu'indulgente aux travers des individus pourvu qu'ils restent discrets. Nicolas Sarkozy a d'indéniables qualités : une détermination sans failles, une maestria tactique, une gestion de sang-froid des crises, notamment internationales. Il a bien sûr comme tout individu, sa part de défauts. Le tout fait une personnalité brillante qui ne laisse personne indifférent : ses partisans l'adorent, ses adversaires l'exècrent. Qu'on se range dans une catégorie ou l'autre, on constate que certains de ses travers, comme la droite « bling-bling » en début de mandat, risquent de rester ce que l'Histoire gardera du personnage. Vu à la télé : Nicolas Sarkozy s'est rendu mardi à Washington pour participer au sommet sur la sécurité nucléaire convoqué par Barack Obama. Les enjeux géopolitiques de ce sommet n'échappent à personne au moment où de nombreux pays songent à se constituer leur propre arsenal nucléaire. Les télévisions françaises et certainement les télés étrangères, n'ont retenu de la conférence de presse du chef de l'Etat français qu'une seule information stratégique : Nicolas et Carla continuent de s'aimer ! Affligeant. |
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