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Après la signature, jeudi
dernier, entre Américains et Russes du nouveau traité START, suivie de la tenue
de la Conférence internationale de Washington sur le désarmement nucléaire, c'est
au tour de l'Otan, bras armé de l'Occident, de présenter en novembre prochain,
à Lisbonne, un document pour un nouveau «Concept stratégique».
La paix mondiale sans la force des armes est-elle possible ? Après la signature, jeudi dernier, de l'accord «START» entre les présidents américain et russe pour la réduction de leurs arsenaux nucléaires, les alliés de l'Otan ont engagé la réflexion sur la redéfinition de leur «Concept stratégique» pour les 10 ans à venir. Un groupe dit «des sages» piloté par l'ancienne Secrétaire américaine Madeleine Albright est au labeur pour identifier les nouvelles menaces éventuelles sur la sécurité mondiale, en particulier sur celle des pays occidentaux ; réformer et restructurer les forces de l'Alliance nord atlantique ; réformer le système de fonctionnement et de prise de décision au sein du Conseil de l'Otan, etc. Ainsi, après les ajustements opérés en 1991 suite à l'effondrement de l'empire soviétique et la fin de la guerre froide, l'Otan avait élaboré, en avril 1999, l'actuel «Concept stratégique» marqué, notamment, par l'adhésion des neufs pays de l'ex-Europe de l'Est, ainsi que la mise en place d'un Conseil de partenariat avec la Russie. Avec l'entrée en 2009 de l'Albanie et de la Croatie, l'Otan compte désormais 28 Etats membres. La coopération avec la Russie se discute au sein du Conseil Otan-Russie (COR) mis en place en 2002. En dix ans (1999-2009), l'Alliance a vécu de véritables mutations, tant au niveau de son organisation que dans les fondements de sa doctrine. C'est qu'il y a eu les attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre les USA, suivies des guerres d'Irak et de l'Afghanistan. Aujourd'hui, les membres de l'Alliance sont engagés, sous la houlette des USA, à présenter lors du Sommet de l'Otan prévu en novembre prochain à Lisbonne (Portugal) un avant-projet de texte qui définirait un nouveau «Concept stratégique» qui réponde aux exigences de sécurité pour les 10 prochaines années au moins. Le groupe des «sages» a, d'ores et déjà, mis en évidence deux domaines à réformer en toute urgence : le mécanisme décisionnel au sein du Conseil de l'Alliance et l'espace géographique d'interventions simultanées. En effet, face aux difficultés à réunir le consensus au sein de l'organe décisionnel de l'Alliance qu'est le Conseil, Madeleine Albright et son groupe s'interrogent s'il ne faut pas réfléchir à un autre système de vote (majorité qualifiée ?). La difficulté actuelle de prise de décision est due aux réticences, voire méfiances des ex-pays d'Europe centrale et orientale, quant au contenu de la coopération de l'Alliance avec la Russie. Ces pays, anciennement membres du pacte de Varsovie sous le patronage de l'ex-URSS, acceptent très mal le mode de coopération avec la Russie d'aujourd'hui au sein du Conseil Otan-Russie. La deuxième interrogation relative à l'espace géographique d'intervention de l'Otan est une conséquence, directe, des guerres d'Irak et surtout de celle qui court encore en Afghanistan. A trop vouloir intervenir partout (au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, en appui aux forces de l'Union africaine au Darfour, en Méditerranée dans l'opération Endeavour, etc.) les «managers» de l'Alliance estiment que ce dispersement des forces réduit leur efficacité et se répercute sur les priorités géostratégiques. Par ailleurs, l'extension des missions de l'Otan commence à se faire, sérieusement, sentir sur ses finances. Les guerres et la sécurité coûtent en hommes, mais aussi en financements. Le groupe des «sages» constate qu'en plus de la très faible participation financière de certains Etats (Europe de l'Est) la crise financière internationale a porté un sérieux coup au budget de l'Alliance. A ces interrogations de réorientation et d'organisation, s'ajoute la nouvelle conception de la dissuasion nucléaire. L'Alliance étudie les conséquences du projet américano-russe de réduction drastique, voire d'élimination sur le long terme (2020-2030) de tout l'arsenal nucléaire stationné en Europe. Est-il possible de préserver la paix et les équilibres géostratégiques sans forces de dissuasion nucléaire en Europe ou ailleurs ? Autrement dit, comment faire face aux dangers, périls, conflits et guerres sans disposer de l'arme atomique ? C'est dans ce sens qu'il faut faire le lien entre la Conférence internationale sur le désarmement nucléaire qui se tient à Washington et le travail des experts de l'Otan sur la définition d'un nouveau «Concept stratégique». L'hypothèse du choix de l'élaboration d'une stratégie de «sécurité nationale» en place et lieu d'un «Concept stratégique» commun à l'Occident est posée par le groupe des «sages». Ainsi, avec la signature du dernier traité «START» entre Américains et Russes, la Conférence de Washington sur la désarmement nucléaire et le projet de redéfinition de la place, le rôle et les missions de l'Otan dans le monde de demain, il y a comme une logique que le monde, particulièrement celui dit des superpuissances militaires, commence à prendre conscience que la paix mondiale et entre les peuples ne passe pas nécessairement par la force des armes. Les experts de l'Alliance ont mis un préalable à la redéfinition du nouveau Concept stratégique : «la fin de la guerre en Afghanistan, un accord avec la Russie et? la fin de la crise financière internationale». Tout s'explique. Les armes ne sont pas la seule réponse aux conflits et désaccords. Ils ne sont au service de la paix. Cela est la «découverte» majeure que Barack Obama et Dmitri Medvedev tentent de faire admettre au reste du monde. Rien à voir avec la guerre froide. |
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